Sunday, January 19, 2025

Vous êtes l’amour malheureux du Führer de Jean-Noël Orengo - retour de lecture


Résumé :

1969 : Albert Speer, architecte favori et Ministre de l'armement d'Hitler, publie ses Mémoires. Revisitant son passé, de ses mises en scène des congrès nazis à la chute du Reich, il parachève l'ultime métamorphose qui a sauvé sa tête au procès de Nuremberg et va faire de lui la star de la culpabilité allemande. Affirmant n'avoir rien su de la Solution Finale, il se déclare "responsable, mais pas coupable." Les historiens auront beau démontrer qu'il a menti, sa version de lui-même s'imposera toujours. Comment écrire sur un homme qui a rendu la fiction plus séduisante que la vérité ?


Mon avis :


Albert Speer, jeune architecte ambitieux, est principalement connu pour être le visage de la culpabilité « responsable mais pas coupable » du IIIe Reich lors du Procès de Nuremberg et pour avoir écrit ses mémoires (Au cœur du IIIe Reich, Fayard 1971) à sa façon, rendant, ainsi, son parcours plus « neutre » … et c’est précisément cette image qui reste collée à son nom…

Favori d’Hitler dès leur rencontre, fascinés de part et d’autre, il devient vite l’indispensable compagnon du Führer en bâtissant des immeubles, des maquettes, des idées ou en aménageant les lieux des congrès… la « lune de miel » va durer 7 ans (tiens, tiens) … de 1932 à 1939… puis, prenant du galon pour devenir son ministre de l’armement (entre autres) … il se heurte à la guerre, à la machinerie de guerre et à Martin Bormann par exemple (celui qui parle à l’oreille du Führer) et, en sus, le « guide » a changé d’esprit, de volonté, d’envie. 

Mais Speer est envoûté, rarement réaliste, mais sa « vision » de l’architecte, son ascension, sa façon d’être l’acteur de l’Histoire et de côtoyer le beau (ses créations, les artistes) et le laid (l’entourage de Hitler, ses sbires qui se tirent dans les pattes), lui offre une certaine lucidité (intéressée) tardive.

Car oui, l’Histoire est écrite par les vainqueurs, et Speer comprend assez vite, dès les premiers revers du Reich, qu’il va falloir se refaire une virginité pour « remettre l’Allemagne sur les rails avec les alliés » … 

Jean-Noël Orengo déroule la vie de Speer dans une longue « première » partie, en appuyant sur des moments connus, reportés par les Historiens, les traces laissés et bien sûr Speer lui-même. 

Il scénographie le congrès du NSDAP à Nuremberg en 1934, c’est grandiose, même Leni Riefenstahl le dit ! Il explique sa théorie de la valeur des ruines (on croit rêver !) mais se rend compte à Berlin, en 1945, en survolant les ruines de la ville que le temps n’a pas fait son effet pour sa théorie.

A la fois mégalo, artiste, jaloux, mais particulièrement arriviste, Albert Speer apparaît comme un responsable lâche ; il ne faut pas se leurrer, Speer est un salaud…. Et Orengo l’expose bien dans une seconde partie où une historienne incontournable (Gitta Sereny) enfonce le clou dans le joli cercueil que Speer a voulu pour sa légende. Oui, il savait pour la Shoah (ministre de l’armement et de la Production, et il ne savait rien des armes fournies, mais bien sûr !) mais pas tout… 

Jean-Noël Orengo démonte doucement, avec cette écriture légère, parfois ironique, et volontairement redondante çà et là, le mythe créé par Speer. 

La contre-fiction décidé par Orengo répond à celle de Speer… et montre que l’attraction des deux hommes reflétait surtout leurs deux volontés : l’un aurait voulu être un artiste, l’autre voulait être un homme de pouvoir (sans l’avouer). 

Le titre est la première partie d’une réflexion d’un SS… qui se finissait ainsi « c’est pour le meilleur comme le pire, songez-y ! ». 

J’ai aimé ce livre à plusieurs niveaux de lecture et qui offre un éclairage sur un menteur, d’une relation, d’un jeu de pouvoir limite à un poker-menteur et qui essaie de rétablir une vérité historique loin des clichés. 

Attention, toutefois, l’ambiguïté de ce texte peut déstabiliser ceux qui n’ont pas le bagage suffisant pour dénouer les fils de l’Histoire, la mise en scène architectural de sa vie sous le IIIe Reich et l’impact de Speer.

Thursday, January 16, 2025

Thématique historique : Alexandra le Grand


Bonjour,

Voici la première thématique historique de 2025, demandée par Justine :

Alexandre le Grand

Comme d'habitude, je vous mets le lien vers un PDF qui contient des illustrations diverses et des liens audio/vidéos.

xx

Lisa

La Playlist du jeudi... le hasard....



Bonjour,

En cette 3e semaine (et demi) de janvier, on reprend quelques bases qui sont arrivées, par hasard, dans mes oreilles...

xx

Lisa 

Monday, January 13, 2025

Les étangs de la Double de Geneviève Fauconnier - retour de lecture

 


Résumé :

La Double, située en région Sud-Charente, vaste région forestière où abondent les étangs, contribue à transporter le lecteur dans une ambiance empreinte de mystère où les événements et les êtres humains se perdent dans leur réalité. La jeune Edmée, est atteinte de surdité mais ne semble pas en souffrir, s'étant habituée à vivre dans une sorte de monde parallèle. Elle partage sa vie avec son frère médecin qui prend la succession de l'un de ses confrères dans une bourgade de la Double saintongeaise située aux confins du Sud-Charente. En remettant de l'ordre dans les affaires du vieil homme décédé depuis longtemps, elle tombe sur un manuscrit où celui-ci a consigné une drôle d'histoire dont il a été l'un des acteurs à son corps défendant. Tiraillé entre le secret médical et sa conscience, il semble que finalement le médecin se soit contenté de coucher cette sombre affaire sur le papier. A partir de ce moment, Edmée est obsédée par ce drame et, à travers des archives et des rencontres providentielles, elle parvient à retrouver certains des acteurs qui sont encore en vie.


Mon avis :

Geneviève Fauconnier nous livre là un roman plein de poésie, de sentiments et de bouleversements quotidiens.

En 1922, Edmée, jeune femme volontaire, sourde sur le tard, attachée à son frère mais passionnée par les papiers, recherches, mystères, nous entraîne dans une enquête au milieu des forêts de la Double, côté Dordogne parfois, limité Sud-Charente. Elle part à la découverte des lieux comme elle remonte les arbres généalogiques des familles du cru dont elle a fait la connaissance par une amie.

Le mystère qui entoure cette naissance, la mort violente de cette enfant et le secret lié à son serment d’Hippocrate par l’ancien docteur de campagne, M. Joconde, dresse aussi la vie de cette contrée, au début du XXe siècle, à la sortie de la Grande Guerre, encore emplie des larmes des vivants.  

Edmée possède une voix bien souvent indistincte mais dont les monologues intérieurs sont fascinants. Elle est solitaire, sensible, aime la nature, les odeurs. Elle est rêveuse, insolite pour l’époque et très curieuse. 

Geneviève décrit fort bien la misère de ces vies, la langueur dont souffre Edmée de temps en temps qui la pousse à sembler fragile.

L’écrivaine fait de nombreuses références aux Evangiles (elle était très pieuse) ce qui finit par donner une ambiance de désespoir à la fois pour Edmée mais pour l’histoire ancienne du Docteur Joconde qui a subi cette attaque ignoble. 

Ce roman est avant tout un roman psychologique singulier qui s’appuie sur un drame familial et sur la nature, la poésie des lieux, les croyances et les intuitions d’Edmée.

Singulier personnage qu’Edmée… 

Une lecture qui me fait penser que Claude, prix Fémina en 1933 (lu à l’adolescence), était un cran en-deçà des « Les étangs de la Double » notamment par la vivacité des personnalités des personnages et par le mystère ancien.

Une écrivaine à lire ou relire… ou à découvrir si vous n’étiez pas au fait du groupe de Barbezieux, vivier d’écrivains (principalement son frère, Henri, prix Goncourt en 1930 pour le très beau « Malaisie ») et d’éditeurs (dont Jacques Chardonne et Maurice Delamain, auteurs et codirecteurs des Editions Stock).

Friday, January 10, 2025

La Smala revient avant son départ en juin 2025.... Qui a piqué la fève ?

 


Oui, vous avez bien lu... La Smala revient ici... pour ses 6 derniers mois d'existence...


*******


Qui a piqué la fève ?


« Moi, je veux de la brioche ! » Couina Trois qui préparait le dimanche de l’Épiphanie depuis une semaine. 

« Pommier, on parle de choses sérieuses pas de pâtisserie ! » Dit Suprême en mode professeur.

« Et la frangipane ? » Demanda, inconsciente, Gloria.

« Rade retro Satanas ! » Hurla la Smala « Point de ça, chez nous !!! ».

« Je peux reprendre, oui !!! » Pesta Suprême « Je disais donc… Melchior, Gaspard et Balthazar, les trois rois mages, sont fêtés chaque année à l'Épiphanie. C’est une tradiction issue du récit de la Nativité de Saint Matthieu, qui raconte l'arrivée à Jérusalem de mages venus d'Orient, qui demandent au roi Hérode le Grand où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Ils virent son étoile à l'Orient et sont venus se prosterner devant lui. L'étoile qu'ils suivent s'arrête finalement «au-dessus de l'endroit où se trouve l'enfant». Arrivés, ils ont adoré Jésus et lui ont offert de l'or, de l'encens et de la myrrhe.»

« De la myrtille ? Sympa, ça ! » S’écria Deux en regardant Jamiehinceversionmoka qui essayait de finir son radis.

« De la myrrhe !!!!! C’est une  gomme-résine aromatique produite par l'arbre à myrrhe, ou balsamier ! » Tonna Cousin Edmond, dépité.

« En grec, epiphanein signifie faire voir, montrerou plus précisément qui apparaît et désigne la manifestation d'une réalité cachéeL'Épiphanie correspond donc à la naissance du Christ et à d'autres péripéties de révélation, le baptême de Jésus dans le Jourdain ou les noces de Cana. Au IVe siècle, l'Église romaine fixe la date de Noël au 25 décembre et conserve la fête de l'Épiphanie le 6 janvier. De son côté, l'Église d'Orient garde la date du 6 janvier pour fêter Noël. » Continua Suprême.

« C’est encore le bordel chez les curetons ! » Précisa Flower.

« Cela ne nous explique pas qu’est-ce qu’on va bouffer ! » Pesta Bibi qui rêvait de fruits confits.

« Une couronne avec des fruits confits,miiiiiiiiiaaaaaaaaaaam » Cria Cousin Edmond.

« Avec de la fleur d’oranger, des grains de sucre !!!! » Soupira Trois « trop bon ».

« Faut pas oublier la fève ! » Dit Cousine Sidonie.

« La frangipane avec un nappage praliné et amandes, c’est bon aussi » Plainda Gloria.

« Amour, ici, on mange la brioche avec le sucre et les fruits confits ! » Précisa Quatre qui se tortillait sous l’œil noir de Trois qui en avait marre de Gloria et sa frangipane ; cette dernière faisant pression depuis une semaine pour « fêter l’épiphanie comme chez elle, dans le nord ».

« Y’a aussi des brioches feuilletées aux noisettes ! » Renchérit Quatre (amoureux-fou et inconscient).

« Point de ça, chez nous, nom d’un petit bonhomme en sucre ! » Gueula Lord. 

« J’ai même vu un pain avec de la crème d’amandes et aux graines de chia ! » Précisa Tante Dinde, outrée « N’est-ce pas honteux ! ».

« M’en fous, je veux la fève ! » Couina Deux.

« Et le sujet ? On fait quoi pour le sujet ! » Demanda Bibi qui savait que Cinq-et-Demi ne suivait plus depuis la première tirade de Suprême.

« On peut mettre un petit santon ? » Dit Flower en regardant Trois (dont c’était la grande passion noëlique… la confection de santons en terre cuite).

« Heu, non, on va mettre pleins de fèves ! » Lança Petunia.

« Heu, pardon, mais la frangipane c’est avec la pâte de marrons ? » Questionna le Major Hicham qui ne maîtrisait pas tout.

« Malheureux ! Pas de marrons dans la frangipane ! » S’indigna Gloria « c’est de l’hérésie ! ».

« Tout doux, ma plume… tout est bon dans le marron » Précisa Quatre.

« Dans le cochon ! » Soupira Lord.

« On ne met pas de cochon dans la brioche ! » Répliqua Quatre sous le regard énamouré de Gloria qui mangeait des pruneaux par poignée.

Deux jours plus tard, autour de la table, où trônaient deux énormes brioches fruits confits/sucre en grain, après avoir distribué un morceau à chacun, un cri retentit.

« Mais qui oublié la fève ??? » Hurla Trois en pleurant.

« Y’a pas de fève ??? On avait mis des fèves caramélisées !!! » Couina Petunia, soutenue par le Major Hicham.

« Mes fèves fabriquées avec amour ! » S’égosilla Deux.

« Où sont les fèves ? Que le coupable se dénonce ! » Tonna Cousin Edmond sous l’œil admiratif de Tante Dinde.

« Toi, le rosbif, t’as touché à rien ??? » Accusa Suprême en essayant de câliner Trois qui se mouchait dans son écharpe.

« Me ? Pas mangé, pas mangé » Se justifia Cinq-et-Demi d’un air affolé.

« Qui a piqué les fèves ??? » Pleura, à chaudes larmes, Flower, en se jetant dans les bras peu musclés de Power.

« La tradition, c’est la tradition ! Malédiction ! » Soupira Cousine Sidonie.

« J’en mange jamais » Précisa Jamiehinceversionmoka qui se demandait comment il allait manger un grain de sucre sans faire exploser son Slim.

Alors que Cousin Edmond allait en référer au Conseil Suprême de la Smala pour enquêter sur le mystère… une voix s’éleva :
« Oh, c’était ces petits grains de caramel ? J’ai tout fait fondre dans mon Benco de ce matin, pourquoi ? » Dit Gloria, toute fière.

Depuis ce jour, Gloria est interdite de cuisine, cellier, et autres pièces à manger smaliennes… et Quatre fut sommé de « maîtriser le glouton qui lui sert de compagnonne ».



*******Episode suivant : Les amours dans la Smala (petit point)

Newsletters !

Les Archives

Le blog d'une ItemLiz Girl