Monday, September 01, 2025

Le pont sur le Drina d’Ivo Andrić - retour de lecture


Résumé :

A Visegrad, c’est sur le pont reliant les deux rives de la Drina – mais aussi la Serbie et la Bosnie, l’Orient et l’Occident – que se concentre depuis le XVIe siècle la vie des habitants, chrétiens, juifs, musulmans de Turquie ou « islamisés ». C’est là que l’on palabre, s’affronte, joue aux cartes, écoute les proclamations des maîtres successifs du pays, Ottomans puis Austro-Hongrois.



Le contexte

Grandement recommandé par ma camarade et consœur Dominique Memmi, qui a toujours des avis éclairés, et ayant entendu parler de cet auteur par une copine de lecture, je ne pouvais plus passer à côté… 


Mon avis :

Cette fresque est absolument fascinante par son écriture, son histoire et l’intérêt pour cette partie de l’Europe. Un roman intense, exigeant mais qui raconte l’Histoire.

Cela se déroule sur cinq siècles au sein d’une Bosnie et d'une Serbie au fil des empires, des pays réunifiés, des tensions, des annexions et de l’indépendance… De l’empire Ottoman à l’Autriche-Hongrie, en passant par les multiculturels ajouts qui enrichissent la culture de cette zone, on assiste à l’influence des Turcs, des Autrichiens, mais aussi du melting-pot humain entre slaves chrétiens, musulmans, juifs, etc. 

Ivo Andrić raconte la genèse de la construction du pont à partir du XVIe siècle et dresse l’Histoire face à la fiction. Il mêle l’historique à la légende, à l’imagination d’un auteur. Petit à petit se dessine une carte de la diversité de l'ex-Yougoslavie, ce patchwork d’âmes, de cultures, de contes, de traditions, d’amour, de haine, et avec une ville, Visegrad, le pont sur la Drina, sa kapia, ses personnages atypiques, haut en couleur, délirants mais jamais manichéens. 

On traverse les décennies, les insurrections, les épidémies, les mauvaises décisions des dirigeants, la fin de l’empire Ottoman, la décadence de celui d’Autriche-Hongrie, le tout se mélangeant avec la vie d’une famille avec des bonheurs et malheurs qui montrent aussi que cette zone a toujours été disputée avec des batailles sanglantes.

Restent les personnages, les bons, les imbéciles, la belle Fata… la vie.

C’est très beau, intense, long (quelques longueurs et redondances, mais qu’importe quand c’est passionnant !!) et diablement intelligent…

En sus, l’écrivain prône ce que j’ai toujours pensé…sur le passé lié au présent… Ne jamais oublier.



Sunday, August 31, 2025

Petit point sur le blog, mon site officiel, YouTube, etc.


Bonjour,

Comme vous avez pu le constater ce blog a été recentré sur mes activités de rédaction : tous les articles, chroniques littéraires et autres joyeusetés que je rédige ont été rapatriés ici, comme elles/ils le furent depuis plus de 15 ans.

Par contre, sur mon site officiel, il n'y aura que des nouvelles de mes activités d'auteure et de conférencière.

Par ailleurs, la chaîne YouTube est toujours active et j'expose un projet dans ce podcast !


Merci de votre attention et de votre soutien, ici et ailleurs.

xx

Lisa 

Thursday, August 28, 2025

Heinz Guderian, le maître des Panzers de Jean Lopez - retour de lecture


Résumé :

Guderian : l'homme vêtu de l'uniforme noir des troupes blindées qui a crucifié la France en 1940, à Sedan, avant de marcher sur Moscou. C'est à lui que Hitler doit ses divisions Panzers qui ont fait trembler le monde. C'est vers lui, en 1944, quand tout ira mal, qu'il se tournera à nouveau pour conjurer la défaite.

Visionnaire de la guerre moderne, Guderian était prêt à tout pour conserver le premier rang : il était, par exemple, un menteur, un homme odieux avec ses collègues, égoïste. Mais un maître stratège et un guerrier de premier ordre. Ayant servi le régime le plus criminel qui soit, il s'en tire sans la moindre peine lors des procès de Nuremberg. Cette impunité méritait son enquête.

La vie de cet homme est aussi un fil rouge pour comprendre les illusions d'une Allemagne qui, à deux reprises, a tenté, en vain, de s'élever au rang de première puissance mondiale.

La biographie de référence, fondée sur de nouvelles sources (les 3 000 pages de correspondance de Guderian avec son épouse Margarete écrites entre 1912 et 1948) et une maîtrise totale de la documentation, écrite d'une plume alerte par le meilleur spécialiste.

Le contexte

Heu, Seconde Guerre mondiale ? un de mes maréchaux préférés ? une énième biographie sur l’homme ? 

Comment passer à côté ?

Je suis faible, que voulez-vous !


Mon avis :

D’autres biographies existent mais ne sont pas en français. Ses mémoires ont été publiés, des livres collectifs sur les principaux généraux du Reich ou des articles partiels… mais une biographie complète en français… en voici, enfin, une.

Heinz Guderian est avant tout un mythe bien entretenu. Dans l’esprit collectif (les communs des mortels), c’est un stratège des Panzers, père de de la guerre éclair… en réalité, quand on creuse, on sait bien que pas vraiment… C’est sa légende.

Issu d’une vieille famille prussienne, droit dans ses bottes ambitieuses, il gravite rapidement dans les mouvements d’extrême-droite allemandes dès le début des années 20. Mu par l’ambition, il est obsédé par la tactique militaire et va s’allier au IIIe Reich et incarnait le militaire de la Blitzkrieg, sanglé dans son uniforme de Panzerführer (alors qu’il n’est que la façade et non l’instigateur des Panzer) qui va enfoncer les lignes françaises, à Sedan, en mai 1940.

Pourtant, l’homme est dur, cassant, autoritaire à la limite de la manipulation malsaine… il est aussi détesté par ses pairs, les autres tacticiens militaires. Sa façon de se vanter de pouvoir contrer Hitler va lui attribuer un rôle qu’il n’a pas forcément eu, trop individualiste et libre dans ses décisions (à contre-courant des ordres de l’état-major !). Son égocentrisme l’a poussé à jouer le jeu de la flatterie et de se laisser amadouer par les compliments, les promotions… ce qui lui valait encore plus d’inimitiés. 

Néanmoins, il est un fin tacticien et va gérer les campagnes les plus importantes du régime de 1940 à 1944… régime pour lequel il ne sera pas jugé à Nuremberg… fort de cet aura militaire auprès des alliés.

Jean Lopez s’appuie sur sa correspondance fournie avec son épouse et éclaire l’homme (et le militaire) d’une facette plus sombre malgré une modernité dans ses décisions sur le terrain.

Il brosse le portrait d’un homme ambigu entre ambition personnelle, militaire avant-gardiste, revanchard et faussement perçu.

Cette biographie est agréable à lire, facile, extrêmement bien documentée et fourmille d’intérêt.

Il n’empêche que malgré ces éclairages, il faut partie des généraux de la Seconde Guerre mondiale qui m’intriguent depuis longtemps et qu’il continuera de m’intéresser…

Monday, August 25, 2025

Les enfants de Gayant d’Emmanuel Prost - retour de lecture


Résumé :

La Grande Guerre terminée, Hélène, infirmière au Val-de-Grâce, se rend au chevet de sa mère, qui lui confie dans un dernier soupir qu'elle n'est pas sa vraie génitrice. Son père, Joseph, lui relate alors l'aventure de sa naissance, d'une mère internée dans un asile et morte dans un incendie. Embauchée à l'hôpital de Douai, Hélène fait la rencontre de Stéphane Lacasse, un copain d'enfance, mineur et tout juste de retour du front : le coup de foudre est réciproque. Lors d'une réunion pour la reconstruction des géants de Douai, les Gayant, Hélène, accompagnée de Stéphane, effraie un homme, Auguste Bellecourt, généreux donateur, qui croit voir en la jeune femme une revenante. Piquée au vif après ces deux aventures troublantes, Hélène décide de mener l'enquête…




Le contexte

Challenge 1 roman régional par mois… 

On m’a conseillé vivement ce roman en me disant « post-Première Guerre mondiale, cela va sûrement vous plaire ! ». 


Mon avis :

Hélène est infirmière au Val-de-Grâce au service des Gueules cassées. Les soldats arrivent non seulement défigurés mais meurtris au plus profond de leurs âmes. Elle travaille, soigne, console mais la guerre est longue. Nous sommes au milieu de 1918 et une lumière de paix se profile. Hélène a hâte, notamment pour repartir chez elle, dans le Nord, proche de Douai.

Elle se languit de ses parents, Joseph et Mado qui est mourante à cause de la grippe espagnole. 

Quand l’Armistice est signé, Hélène repart chez elle pour aller travailler à l’hôpital le plus proche.

Quand elle arrive sa mère avant de mourir lui révèle qu’elle n’est pas sa vraie mère. Bouleversée, elle croise sur son lieu de travail son ami d’enfance Stéphane qui revient du front. Il doit retourner vivre à la mine mais il est également un membre des enfants de Gayant, ses géants à Douai. 

Une jolie relation s’établit et quand elle l’accompagne dans une réunion de réhabilitation des géants, elle croise Auguste Bellecourt, fils du notable de la région qui fuit devant elle. 

Qui est-il ? Pourquoi a-t-il eu peur ?

On va suivre en parallèle la famille Bellecourt, les secrets, les manipulations, les trahisons et les révélations qui peuvent ne pas en être.

Hélène et Stéphane décident de creuser mais pas trop car Hélène aime ses parents, et maintenant qu’elle n’a plus que son papa, elle ne veut passer à autre chose. Pourtant le destin va la pousser dans un autre sens et quand le patriarche Bellecourt l’appelle à son chevet, elle n’a pas le choix.

Emmanuel Prost évoque le Pas-de-Calais à travers ses traditions festives, les corons, la vie rude, les affres de la Grande Guerre ainsi que le traitement des personnes atteintes de maladies mentales. 

Pièce par pièce, le puzzle se met en place et même si on peut devenir facilement la finalité, il n’empêche que les personnages sont attachants ou révoltants mais qu’ils possèdent une profondeur, une humanité qui montrent aussi la vie, l’amour, la haine, les ravages de l’éducation, l’horreur de la guerre, la joie… 

Le roman est un long parcours pour le trajet d’une vie, de savoir ou pas, de soulager sa conscience de sa vie, de choisir une voie, de s’y tenir…

Il en ressort la fraternité, la solidarité, le partage et cette saga familiale offre une tranche de vie du Pas-de-Calais tout au long du XXe siècle, avec une écriture agréable à lire.


Thursday, August 21, 2025

Autopsie des morts célèbres de Philippe Charlier et David Alliot - retour de lecture


Résumé :

Comment est morte Lucy, notre ancêtre commun? Pourquoi et comment le corps de Saint Louis a été dispersé à travers le monde? Que nous apprend l'étude du cerveau de Descartes? Est-ce que Balzac a été tué par sa folie créatrice? Hitler s'est-il suicidé dans son bunker en mai 1945? L'Histoire est pleine de mystères, c'est peut-être ce qui fait son charme... Les résoudre est une aventure passionnante qui s'étend sur plusieurs siècles. N'étant plus une discipline monolithique, l'Histoire voit désormais s'étendre son champ d'action tandis qu'elle s'enrichit de rapports fructueux avec d'autres sciences humaines et fondamentales : anthropologie physique, ethnologie, archéologie, biologie. La récente apparition de la paléopathologie ? cette médecine appliquée aux cadavres anciens a permis de réelles avancées dans le domaine des connaissances et a même contribué à résoudre des « énigmes historiques » depuis longtemps insolubles. Cette nouvelle méthodologie nous aide à mieux comprendre le quotidien et le mode de vie des populations du passé (tordant le cou, au passage, à quelques idées reçues...) et éclaire aussi, parfois, la mort de patients « célèbres ». À travers ces cas médico-historiques, dont beaucoup ont peuplé nos manuels scolaires, c'est une nouvelle façon d'écrire et d'appréhender l'Histoire qui s'ouvre devant nous.




Le contexte :


Je suis Philippe Charlier depuis longtemps. Je suis fascinée par la médecine légale (j’aurais adoré y être un) et également comprendre l’Histoire, les mystères historiques… Alors, il était évident que « Autopsie des morts célèbres » m’intéresserait ! Il faut dire aussi que découvrir les arcanes des morts célèbres, surtout par des spécialistes en tous genres, ne peut qu’être passionnants, non ?



Mon avis : 


L’histoire est mystérieuse, on le sait… et ce livre nous propulse dans le temps, de la préhistoire à notre ère moderne et nous assène, dès le début, un coup de grâce… ou un gros frisson. 


Oui les températures augmentent et nous aurons chaud… et aux fesses aussi, car le permafrost fond dans des parties du monde où des « bestioles, virus, bactéries » et autres joyeusetés refont surface… autant vous dire qu’on va prendre cher… 


En attendant, Philippe Charlier et ses petits camarades spécialistes, aidés par David Alliot, nous dresse un portrait selon les époques avec les personnages célèbres dont la mort demeure un mystère…


De Lucy notre australopithèque préférée à Cro-Magnon, en passant par Marie de Magdala, Saint Louis, René Descartes, Frédéric Chopin et en finissant par un certain Hitler… 


Je dois avouer avoir dévoré ce livre en une après-midi qui est fait de petits articles. 


Cela permet de traverses toute l’évolution de la médecine, des méthodes, de la vision de la société et d’apprendre surtout à se reporter dans le contexte de l’époque (non, ce n’est pas un gros mot de remettre dans le contexte !). Nos ancêtres se posaient des questions sur quasiment  les mêmes thématiques que les nôtres… le côté sanitaire, le climat, la gestion des corps, des esprits et essayer pour trouver, améliorer et avancer.


Il est tellement agréable (appréciable aussi) que ce livre soit facile à lire, accessible et que même sans y comprendre quoi que ce soit en médecine légale, paléontologie, etc., on comprend tout… C’est aisé, fascinant, déroutant et on en redemande !!!


J’ai beaucoup aimé les chapitres sur l’évolution du corps féminin dans l’Antiquité dont certains points ont perduré jusqu’au XXe siècle… et Saint Louis… oui, on le sait mais c’est tellement fascinant… 

 

Certains cas cloueront le bec à d’autres mais pourront être discuter ultérieurement.


Bref, je vais continuer ma série de Philippe Charlier, notamment celui sur les vampires !




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