RELECTURE
Résumé :
Ce roman épistolaire réunit la correspondance d’un assez grand nombre de personnages. Deux d’entre eux, la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, se livrent à une sorte de duel libertin : Valmont séduit des femmes pour son plaisir, pour rivaliser avec la marquise, et pour lui plaire. Cette jeune veuve joue de sa séduction et intrigue pour faire souffrir les hommes : ses amants et aussi ceux qui aiment d’autres femmes. Elle veut ainsi venger son sexe qu’elle juge opprimé par les hommes. On découvre les drames qu’ils provoquent par les lettres qu’ils écrivent ou qu’écrivent leurs nombreuses victimes.
Le contexte :
Ayant la chance de recevoir pour mon anniversaire la version dans La Pléiade, j’ai eu envie de relire l’un de mes romans préférés, et probablement avec La Princesse de Clèves, celui que j’ai le plus relu partiellement ou en totalité !
Mon avis :
Je l’aime toujours autant ce roman !!
Tout d’abord, il est intelligent… Cette construction épistolaire est sublime. L’alternance des personnages, de leurs réactions, de leurs racontars, de leurs réponses (quelque fois très éloignées), et la réaction des autres, tissent une toile libertine qui cache autant d’esprits retors que des pas si vertueux que l’on pense…
L’intimité, les épanchements amours, la corruption, la venimeuse Merteuil, la désespérée Tourvel, le libertin mais surprenant Valmont !
Dieu que ces personnages sont exceptionnels et détestablement géniaux !
Tout à tour manipulés et manipulateurs, chacun essaie de se sortir d’un costume trop grand, trop étroit ou injuste.
La langue est absolument jouissive (pitié écrivez-moi de telles lettres même si j’ai envie de vous trucider après !).
Alors oui, cela peut être immoral mais tant d’intelligence employée à faire rire, faire la morale, soupirer, se moquer et même rendre ridicule les agissements de certains, ne peut qu’être aimé, adoré, lu, relu etc.
Au final, Laclos torture les experts en manipulation et la relation entre Merteuil et Valmont, pris dans l’amour mais corseté dans l’orgueil, le pouvoir et la réputation les attirent vers la fin, inéluctable, où l’on s'émeut autant que la marquise.
C’est détonnant, jouissif, décapant, virevoltant et, au final, l’émotion authentique et sincère, sans calcul, trouble le lecteur au plus profond de sa moralité.
Se regarder dans un miroir à la fin de la lecture et se dire « qu’aurais-je fait à leurs places, dans ce siècle, ce lieu, ces plaisirs et cet amour ? ».






