Résumé :
A Visegrad, c’est sur le pont reliant les deux rives de la Drina – mais aussi la Serbie et la Bosnie, l’Orient et l’Occident – que se concentre depuis le XVIe siècle la vie des habitants, chrétiens, juifs, musulmans de Turquie ou « islamisés ». C’est là que l’on palabre, s’affronte, joue aux cartes, écoute les proclamations des maîtres successifs du pays, Ottomans puis Austro-Hongrois.
Le contexte
Grandement recommandé par ma camarade et consœur Dominique Memmi, qui a toujours des avis éclairés, et ayant entendu parler de cet auteur par une copine de lecture, je ne pouvais plus passer à côté…
Mon avis :
Cette fresque est absolument fascinante par son écriture, son histoire et l’intérêt pour cette partie de l’Europe. Un roman intense, exigeant mais qui raconte l’Histoire.
Cela se déroule sur cinq siècles au sein d’une Bosnie et d'une Serbie au fil des empires, des pays réunifiés, des tensions, des annexions et de l’indépendance… De l’empire Ottoman à l’Autriche-Hongrie, en passant par les multiculturels ajouts qui enrichissent la culture de cette zone, on assiste à l’influence des Turcs, des Autrichiens, mais aussi du melting-pot humain entre slaves chrétiens, musulmans, juifs, etc.
Ivo Andrić raconte la genèse de la construction du pont à partir du XVIe siècle et dresse l’Histoire face à la fiction. Il mêle l’historique à la légende, à l’imagination d’un auteur. Petit à petit se dessine une carte de la diversité de l'ex-Yougoslavie, ce patchwork d’âmes, de cultures, de contes, de traditions, d’amour, de haine, et avec une ville, Visegrad, le pont sur la Drina, sa kapia, ses personnages atypiques, haut en couleur, délirants mais jamais manichéens.
On traverse les décennies, les insurrections, les épidémies, les mauvaises décisions des dirigeants, la fin de l’empire Ottoman, la décadence de celui d’Autriche-Hongrie, le tout se mélangeant avec la vie d’une famille avec des bonheurs et malheurs qui montrent aussi que cette zone a toujours été disputée avec des batailles sanglantes.
Restent les personnages, les bons, les imbéciles, la belle Fata… la vie.
C’est très beau, intense, long (quelques longueurs et redondances, mais qu’importe quand c’est passionnant !!) et diablement intelligent…
En sus, l’écrivain prône ce que j’ai toujours pensé…sur le passé lié au présent… Ne jamais oublier.