Tuesday, June 24, 2025

Juno et Legs de Karl Geary - retour de lecture


Résumé :

Juno et Legs. Deux gamins dans le Dublin des années 1980. Les adultes boivent ou cognent, les enfants trompent l’ennui dans la délinquance, et la pauvreté façonne inexorablement le destin de Juno. Pourtant, lorsqu’elle se lie d’amitié avec Legs, tout change. La dureté est toujours là mais ils créent ensemble un espace protégé où ils parlent, rient, imaginent d’autres horizons possibles.


Le contexte

Irlande, années 80 ?

Dois-je dire plus ?

Oui, la photo de Tish Murtha dont j’admirais le travail.


Mon avis :

Déprimés, ne lisez pas ce roman (ou alors en toute conscience !).

Je plaisante mais à moitié…

Juno et Sean sont deux gosses en Irlande des années 80, dans des situations familiales précaires, pauvres et pas forcément empreintes d’optimisme. Pourtant Juno et Sean (rebaptisé Legs pour ses longues jambes) sont vite inséparables…. Juno aime Legs et vice versa. 

On les suit pendant leurs adolescences entre petits boulots, travaux acharnés, engueulades, indifférences, amours, malheurs, poisses etc. On pense à Mike Leigh, Ken Loach ou même Charles Dickens version années 80.

La narratrice est Juno et observe sa mère qui coud avec minutie et obstination… La gamine grandit dans ce contexte difficile avec en sus le poids de la religion sur les familles.

Alors vous me direz que cela sent le déjà-vu, lu, etc. ; oui, en effet mais c’est surtout la plume de Karl Geary qui vaut le détour… 

C’est sombre, noir, déprimant, mais les images qu’il imprime dans nos pupilles à chaque page mérite une attention particulière.

On est au théâtre car tout le monde voit et entend tout le monde, on traîne, on regarde, on peste, on se démerde comme on peut… et pourtant il y a de l’espoir, une promesse… 

Néanmoins la pauvreté ne s’observe pas, c’est indécent… et sur les ruines des vies, il y a toujours la beauté du lieu…

C’est beau à en pleurer.

A noter que la couverture est empruntée à l’excellent travail sur la classe ouvrière britannique qu’est la photographe feu Tish Murtha qui manque tant elle captait l’air du temps de cette classe massacrée sur l’autel économique. Si vous ne la connaissez pas, rattrapez votre retard tant elle avait un œil qui sentait le pire à venir…

Saturday, June 21, 2025

Outremonde de Don Delillo - retour de lecture


Résumé :

De la chronique des vies ordinaires prises dans l’étau de la guerre froide à la grande — et petite — histoire de la bombe atomique, du légendaire match de baseball disputé à New York en 1951 à l’épilogue crépusculaire en Asie centrale, 

« Outremonde » couvre le dernier demi-siècle de l’histoire américaine.


Le contexte

Depuis le temps qu’il traînait dans mon carnet et que mes amis américains me vantaient cette lecture « pas facile mais enivrante » …. Il fallait bien, un jour, me plonger dans ce pavé (900 pages et des poussières, écrit tout petit !).


Mon avis :

Attention livre exigeant et fascinant, impossible à expliquer, à résumer, à clarifier tant Don Delillo a écrit un roman dense, tendu, long et court à la fois, avec un souci du détail, une multitude de personnages, de mélanges et de longueurs çà et là.

Déjà le prologue vous plonge dans une profusion de sentiments. 

On se sent perdu, noyé et Don Delillo, en bon conteur, nous tend un fil rouge qui enchante mais peut aussi se retourner contre le lecteur si ce dernier n’est pas assez concentré. 

En effet, cette plongée dans le match de baseball, en 1951, le plus mythique de l’histoire de ce sport, peut fasciner ou répulser le lecteur. Dans les tribunes des légendes comme Sinatra mais aussi des personnes influentes (Hoover), et Delillo pousse la description à son paroxysme. 

Ce roman est très difficile à résumer, à expliquer, tant il y a pléthores de thèmes, d’histoires, de détails, de tableaux (à l’intérieur du tableau général). 

« Outremonde » est un roman à part, une fresque américaine, comme un morceau de l’âme des citoyens de cette immensité… 

Delillo dissèque, observe, détaille, recoupe tout, croise et recroise.

C’est un grand roman passionnant mais d’une exigence folle, d’une densité notable et avec cette grandeur qui, à la lecture, pousse si loin que la longueur et son ennui rendent la lecture peu aisée par moments.

Thursday, June 19, 2025

La Playlist de la semaine... quand ça craque, on écoute....

 


Bonjour,

La Playlist de la semaine est un soutien moral ... 

Quelles sont les chansons qui peuvent vous soutenir quand ça craque de partout ?

xx
Lisa


Tuesday, June 17, 2025

L’orange aux girofles de Roger Béteille - retour de lecture



Résumé :

Noël 1913. Elles sont trois femmes, trois âges de la vie. Pauquette est la vieille aubergiste au grand cœur qu'un rien émeut. Louise est la jeune et belle épouse de Paul, semblant se jouer de la dureté de la vie. Séverine, tout juste adolescente, vient de perdre sa mère. Ensemble, alors que la guerre éclate et met à bas l'ordre ancien, elles vont conduire leurs existences vers plus de liberté, sans renoncer ni à l'amour ni à l'amitié.


Le contexte

Toujours dans le cadre du Challenge « lire un roman régional par mois », J’ai repéré celui-ci chez Rouergue (grand pourvoyeur de romans régionaux passionnants… ils éditent Daniel Crozes…)

Là, le contexte, le lieu et le destin de trois femmes m’ont rendu évidents ma volonté de découvert de cet écrivain jamais lu auparavant.


Mon avis :

Roger Béteille nous offre de beaux portraits et une vision de l’évolution des villages dans cette première partie du XXe siècle.


A l’orée de la Première Guerre mondiale, le petit village de Suq (Aveyron) de la France se prépare à célébrer Noël. Après le « Minuit Chrétien » cher aux provençaux, tous se retrouvent chez la Veuve Pauquette. Cette femme est généreuse, bienveillante et est une véritable figure du lieu. Il y a aussi Louise, jeune mariée, bien mariée mais qui a beaucoup de mal à supporter la vie chez ses beaux-parents. Et enfin, il y a Séverine, orpheline et qui alterne sa vie à l’école et ses obligations dans le foyer familial pour suppléer sa maman. 


Pourtant ce village, comme beaucoup d’autres, n’est pas qu’un endroit paisible. Il concentre aussi des rancœurs, des ragots, des coups bas…et quand un animal est découvert mort dans un pré, un coupable est tout trouvé !


Et quand la guerre éclate, chacune des ces trois femmes va choisir sa voie, subir et lutter pour obtenir une vie meilleure, malgré les jalousies, les brutalités et les violences.


Ce roman est une belle chronique sur les maux des habitants de ce petit village fait de solidarité, d’épreuves et d’Histoire.


Roger Béteille conte l’histoire et l’Histoire qui bouleversent l’ordre établi et ancre ces femmes dans une nouvelle perception de la vie et note l’évolution des mentalités, des mœurs et de la modernité. 


La guerre apporte des avancées, des nouvelles perspectives à ces femmes qui suppléent les hommes partis, morts ou handicapés.


Un bien beau et émouvant roman sur l’autonomie et l’exode rural de cette France du début du XXe siècle.

Saturday, June 14, 2025

Chagrin d’un chant inachevé de François-Henri Désérable - retour de lecture



Résumé :

De Buenos Aires à Caracas, François-Henri Désérable nous embarque dans une formidable traversée de l’Amérique du Sud. Cinq mois à moto, en stop, en bateau, avec une seule contrainte : emprunter l’itinéraire qui fut celui d’Alberto Granado et d’Ernesto « Che » Guevara, lors du fameux voyage à motocyclette, soixante-cinq ans plus tôt.


Le contexte

Je ne loupe jamais ses romans. Depuis 2013, j’ai été happée par cette écriture littérairement vagabonde… 

Après le très instructif « L’usure d’un monde », plongé dans l’Iran actuelle, nous voilà sur les traces d’Ernesto Guevara… le Ernesto d’avant le Che, mais malgré tout, très présent, partout où il passe.

Comment résister ?


Mon avis :

François-Henri Désérable est un conteur. C’est ce que j’aime le plus chez lui… Même pour Evariste (dont j’étais déjà un brin gaga), j’avais adoré sa façon de conter une vie comme s’il était là, dans mon salon, autour d’un thé (verre ?) et que notre discussion était celle de deux potes qui se racontent leurs souvenirs de vacances.

Là, ce récit de voyage ne pouvait que me plaire. J’avais lu les récits de Guevara et Granado sur leurs road-trip, vu le film « Carnets de route » et les pays traversés (dont le Chili que j’aime tant) et là, Désérable allait sur les traces des deux amis, avant que Guevara devienne l’icône Che.

Comme à son habitude, c’est enlevé, drôle, tendre, pleins d’anecdotes, de tranche de vies, de rencontres (fameuses ou fumeuses), de réflexions personnelles, de fourmillements dans les jambes et cela donne une envie folle de prendre un billet d’avion dans la foulée.

L’avantage chez lui est qu’il ne se prend pas au sérieux et qu’il ne dresse ni une feuille de route, ni un traité de voyage… il nous prend à témoin, observe, raconte, hume et oublie de prendre des notes… 

Il agrémente de morceaux d’Histoire, des découvreurs de lieux, de dégustations culinaires, de rencontres de voyageurs pas tous bien préparés. Cela crée une balade entre souvenirs, civilisations, découvertes et étrangetés. 

Evidement le fil rouge est Ernesto Guevara, sa chevauchée à travers l’Amérique du Sud, sa prise de conscience, sa volonté d’être autre chose qu’un médecin (il était étudiant dans cette discipline en Argentine), jusqu’à sa mort, trahi, exécuté, mais vivant dans un bled paumé où toutes les maisons portent son visage… 

On se promène et on ouvre les yeux…

 

N’est-ce pas là le plus important quand on voyage (soi-même ou par procuration des écrivains-voyageurs) ? ouvrir les yeux sur le monde, sur l’autre, sur une culture et se dire qu’au final, on est tous des humains, et qu’il faut juste demander à l’autre de nous expliquer qui il est, pourquoi et comment… 

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