Tuesday, March 25, 2025

Les guerres précieuses de Perrine Tripier - retour de lecture


Résumé :

« Je marchais à pas lents de bout en bout dans la Maison, et la traîne de fourrure me suivait comme un lourd serpent louvoyant. Bêtes fauves, bois de camphre, pin qui brûle et pain qui fume, j’emplissais la Maison de chaleur et de lumières. J’en étais la force vitale, l’organe palpitant dans un thorax de charpentes et de pignons. »

Hantée par un âge d’or familial, une femme décide de passer toute son existence dans la grande maison de son enfance, autrefois si pleine de joie. Pourtant, il faudra bien, un jour ou l’autre, affronter le monde extérieur. Avant de choisir définitivement l’apaisement, elle nous entraîne dans le dédale de sa mémoire en classant, comme une aquarelliste, ses souvenirs par saison. Que reste-t-il des printemps, des étés, des automnes et des hivers d’une vie ?



Mon avis :

Isadora est une vieille dame qui vit dans une maison de retraite. A son grand dam… Elle s’est obligée à le faire à cause de son incapacité à rester vivre dans sa grande Maison familiale, seule, tout au long des saisons. Elle s’est esseulée, volontairement pendant des années, et à profiter des rentes familiales pour s’y enfermer… pourtant l’âge avançant, les moyens s’épuisant, elle a eu conscience de ne pas pouvoir continuer à tout faire seule. Du moment où elle a demandé de l’aide, a fait entrer des tiers… Elle n’a plus eu le choix que de partir.

En fait, Isadora nous ouvre les portes de sa Maison (un être vivant à part entière) et déroule sa vie, sa famille, ses amours, ses joies, ses peines, ses emmerdes et cette solitude visée à la Maison, qu’elle a décidé de ne plus quitter… autant par égoïsme que pour garder les souvenirs chéris et se couper des autres afin de vivre dans son passé, avec ses fantômes et ceux qui manquent.

Au gré des saisons, on apprend qui a fait quoi, qui a déçu, qui a fait rire, qui a été trahi, qui est mort. La vie de tous en somme… sauf que cette Maison est là, le personnage central, qui nous pose la question sur les ressassements d’Isadora à son égard. Pourquoi mène-t-elle cette guerre perdue d’avance ? 

Perrine Tripier a une belle écriture en spirale pour un premier roman ; c’est érudit, quelque fois un peu trop appuyé dans le style… elle ressasse souvent les mêmes émotions ou souvenirs à grand coup de synonymes et autres métaphores et prendre le risque de lasser certain lecteur.

Je pense honnêtement que c’est le type même de roman auquel on adhère ou pas… du tout… qu’on aime ou qu’on déteste !

Je pense qu’il faut avoir, aussi, aimé une maison, ses moments légers, lents ou virevoltants remplie de générations, de rires, d’imbéciles coups de gueule, de personnages singuliers et de souvenirs entre cousins, amis pour accepter la litanie de ce roman sur les quatre saisons… aux côtés une Isadora antipathique, aigrie souvent, nostalgique beaucoup et malheureuse malgré (ou principalement grâce à) elle.

Personnellement j’ai pensé à ma propre petite (toute petite) maison de familiale où le temps s’écoule différemment, où les fantômes familiaux et/ou amicaux tiennent compagnie lors des soirées isolées… et que je ne souhaite jamais quitter vraiment.

Il reste un sentiment, à la fin de la lecture, empli de nostalgie, mais aussi d’un certain malaise … d’une vie gâchée par l’ombre trop immense d’une Maison et des réminiscences qui ont étouffé un être né hors de son siècle. 



Saturday, March 22, 2025

La passeuse de Michaël Prazan - retour de lecture



 Résumé :

1942, quai de la gare des Aubrais : Bernard Prazan, 7 ans, serre fort la main de Thérèse Léopold qu’il doit appeler Tata mais qu’il connaît à peine. Quelques heures plus tôt, sa véritable tante les a confiés, lui et sa sœur, à cette inconnue pour qu’elle les fasse passer en zone libre. Mais au moment de quitter la gare, l’enfant comprend au regard de la passeuse qu’elle va les livrer aux Allemands. Pourtant, elle se ravise et les sauve. 

Dénoncée à son tour pour ce geste héroïque, elle sera déportée à Auschwitz-Birkenau, Mauthausen puis Ravensbrück. Elle en reviendra. De son vivant, Bernard a toujours affirmé à ses enfants qu’elle travaillait pour la Gestapo. 

Qui était-elle vraiment ? 

Une collabo repentie ou une Juste ignorée ? 



Mon avis :

Michaël Prazan est en passe de devenir un nouvel Antoine Choplin ou Daniel Crozes pour moi… un romancier capable de me retourner le cœur aussi facilement que la vision de mon Périgord chéri.

Le romancier mène l’enquête sur le passé de son père, gamin trimballé par les affres de la Seconde Guerre mondiale avec pour seule raison (majeure) qu’il est juif. Lui, le petit gars va perdre ses parents, une sœur qui s’éloignera de lui outre-Atlantique, et des milliers d’heures qu’il enfouit dans les méandres de son cœur.

Lors d’un entretien pour l’INA, Michael Prazan apprend des pans entiers de la vie de ce père, taiseux, non communicatif, mais décide de rencontrer les personnes évoquées. Notamment cette jeune femme, Thérèse, qui était chargée de les faire passer la ligne de démarcation et qui, d’un simple regard, et d’une décision prise sur l’instant, va faire penser à Bernard, 6 ans, qu’elle n’est pas une passeuse mais une délatrice auprès des nazis. 

Le roman possède trois parties claires mais intenses. 

La première est le récit du père face à son interlocutrice, qui explique sa vie de petit garçon juif d’avant-guerre à l’après, même plus loin après s’être marié et avoir pris sa retraite. De ses déclarations, son fils, présent, apprend plus d’informations qu’il n’en a jamais eues. Il faut dire que le père et le fils ne s’expriment pas, principalement en raison d’une pudeur et d’un sentiment de survivant du père.

La seconde offre la version de Thérèse, retrouvée par le fils. Michael Prazan donne la parole à une vieille dame qui se remémore cette jeune fille, livrée à elle-même, au milieu du tourbillon de la guerre et qui, d’une fraction de seconde, change les destins d’enfants et d’elle-même. 

La troisième est une possibilité, une éventualité de rencontre vingt ans après ce quai de gare entre Bernard et Thérèse… réalité ? Fiction ? volonté ? 

Petit à petit, Michaël Prazan explique le destin des enfants juifs, mais aussi son propre destin, ses années difficiles, sa vocation, son travail sur la mémoire et avec cette fluidité dans le récit, nous capture par son investissement… 

Il faut dire que ces documentaires (souvent accessibles sur ARTE) sont fascinants, instructifs mais principalement émouvants.

Reste un doute.




Thursday, March 20, 2025

La Playlist du jeudi... des classiques pour moi

 


Bonjour,

Des classiques importants pour moi... pas forcément considérés comme tels (enfin sauf Frankie !)...

xx

Lisa 

Wednesday, March 19, 2025

Des féroces soldats de Joël Egloff - retour de lecture

 


Résumé :

Dans ce récit, Joël Egloff retrace l'histoire singulière et tumultueuse de sa famille durant la seconde guerre mondiale, en Moselle annexée. Pièce par pièce, il entreprend de reconstituer le puzzle de l'enfance et de l'adolescence de ses parents sous le joug nazi. En entrelaçant la petite histoire et la grande, il évoque ces années noires et retrace le périple tragique de son père, à travers l'Europe, incorporé de force par l'ennemi, à dix-sept ans, puis envoyé au front, contre son propre camp, sous le pire des uniformes.

A hauteur du regard de l'enfant qu'il a été, Ces féroces soldats dépeint cette guerre dans toute son ironie macabre et la quintessence de son absurdité.





Mon avis :

Des féroces soldats est avant tout une ode envers la famille de l’auteur. Il nous replonge dans les affres de trois guerres franco-allemandes et les aller-retours de sa famille, française ou allemande au gré des traités et autres armistices. 


L’auteur parle de son père, s’adresse à lui, employant un Tu qui nous plonge dans l’intimité… 


En effet, les alsaciens et mosellans ont été français jusqu’en 1871, puis allemands jusqu’en 1919, puis français jusqu’en 1940… puis allemands, de nouveau, avant de rester français depuis 1945.


Petit à petit, Joël Egloff déroule la vie de ses parents, ses grands-pères, ses deux familles, à travers les archives, les aléas familiaux, les prises de conscience et les silences qui tuent. 


Il nous explique une région prise en otage, ballotée et qui a meurtri des familles entières… notamment leurs âmes quand il a fallu choisir son camp ou obéir à un camp qui n’était pas le sien.


Il évoque, ainsi, le parcours des Malgré-Nous, ces jeunes hommes enrôlés de force dans l’armée allemande, simple troufion ou SS…


Il accumule les faits, les dégâts, les non-dits, les évidences et nous pousse à ne pas oublier, ne faire détourner la tête. 


Ce roman est un hommage aux pères, fils, frères qui ont été meurtris et qui ont porté une croix (et un tatouage honteux pour certains).


Il nous pousse à l’empathie et cela en fait un roman intime, singulier et un brin dérangeant, ayant l’impression de regarder par le trou de la serrure. 


Il n’oublie pas de nous signaler (ou confirmer) cette histoire abominable des Malgré-nous, forcés à agir sur le front russe, combattant des hommes, contre leur gré, mais conscient de l’épée de Damoclès qui pesait sur leurs familles restées à l’arrière. Volontaire ou pas, leur engagement a laissé des traces indélébiles et meurtriers dans leurs âmes et dans l’histoire de leurs descendants.


Très intense roman qui se lit d’une traite, en apnée.



 

Monday, March 17, 2025

Quelques femmes dans les Lettres...

 


Bonjour,

Voici quelques podcasts sur des femmes que j'ai découvertes à l'adolescence grâce à des vieilles cousines qui leur vouaient "un culte littéraire".

Les connaissez-vous ? 

Les avez-vous lues ?

 

 

 

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