Pèlerins des ténèbres de Serge Brussolo - retour de lecture

Pèlerins des ténèbres de Serge Brussolo 

Résumé :

Frère Guillaume a commis un lourd péché d'orgueil : il a cru qu'il serait plus fort que les autres, que lui réussirait à mener à bien ce pèlerinage à Saint-Gaudémon qui a pourtant déjà coûté tant de vies. Erreur. Les pièges de l'Enfer se sont abattus sur la troupe et lui seul a réussi à survivre. Pour son malheur. Mis au secret dans sa propre abbaye, il implore la mort, convaincu d'être à son tour possédé du démon. Mais au fait, que se passe-t-il vraiment dans ces montagnes maléfiques ? Ce n'est tout de même pas Marion, la jeune tailleuse de pierres, qui va le découvrir... Si ?

Mon avis :

Ce premier tome (la Captive de l’hiver est le second) met en lumière Marion, jeune fille en pleine période moyenâgeuse. Elle vit tranquillement avec ses parents, dont le père est imagier, mais suite à la disparition de sa sœur, la parfaite Yolande, lors d’un pèlerinage à Saint Gaudémon, Marion n’est pas traitée aussi bien qu’elle le voudrait. En outre, le promis de sa sœur, un rustre sournois, a mis une option sur elle. En sus, Marion est douée pour sculpter la pierre, bien mieux que son père ou l’apprenti – promis. 

Un évènement va tout bouleverser ; le retour de Frère Guillaume qui a fait le pèlerinage et qui est revenu à l’état de dément, hurlant des insanités, se mutilant sans cesse et en professant le retour du diable. 

Alors quand les prêtres de son village lui demandent de s’associer à un départ de Pèlerins pour savoir ce qui se passe dans la montagne, Marion accepte, autant pour savoir que pour fuir sa condition.  

Brussolo nous plonge immédiatement dans cette période brutale mais crédule, dirigée par les préceptes religieux, les légendes, les histoires contées au coin du feu. 

Il n’hésite pas à dénoncer le fanatisme, quel qu’il soit par les agissements de la troupe de pèlerins, que ce soit lors de séances de contritions, ou des croyances malsaines.

Marion n’est pas la seule femme de la troupe ; deux autres, très différentes en classes ou en propos suivent, mais chacune représente une partie de l’époque, Mahaut, la paysanne tellement bête (de crédulité et de jalousie) qu’elle en devient méchante, aigrie ; Constance, la baronne rongée par la culpabilité de repousser son mari, lépreux, et ses pêchés de chairs, et la dévote absolue…

Les femmes n’ont pas de cervelle pour les hommes d’églises et les autres, donc, elles sont forcément pècheresses et saintes.

Marion est une jeune fille aimable, sincère et peu méfiante, en proie à ses premiers émois sensuels que lui inspire le guide.

Petit à petit, on plonge dans le mystique, le fantastique entre bêtes, statues vivantes, etc. 

J’ai adoré me plonger dans cette montée, dans les petites histoires entre les pèlerins, les moines, les démons, les peurs ancestrales, les croyances obsolètes (et tant mieux), et les exigences des textes qui régissent les vies.

La fin aurait pu me laisser sur ma faim, si je n’avais pas attaqué La captive de l’hiver, le second tome du diptyque. 

Encore une excellente lecture avec Serge Brussolo, dont l’univers me sied.