Au bon vieux temps de Dieu de Sebastian Barry
Résumé :
Tom Kettie, un inspecteur de police fraîchement retraité, coule des jours tranquilles à Dolkey, une petite station balnéaire de la banlieue dublinoise. Il a pour seul compagnie ses voisins et le souvenir encore vif de ses proches : sa femme, June, mais aussi sa fille et son fils, Winnie et Joseph, tous prématurément disparus.
Lorsque d’anciens collègues viennent frapper à sa porte pour lui demander son aide dans une vieille affaire d’abus sexuels au sein de l’église, Tom est mis face à un passé et un secret douloureux. A mesure que l’histoire avance, les souvenirs émergent : il y a eu la violence des prêtres de l’orphelinat, son enfance malmenée, et surtout celle de June, victime des viols perpétrés par le Père Matthews. Il y a eu l’enquête, étouffée à l’époque. Et puis le corps du Père, retrouvé dans les montagnes de Wicklow. Aperçu sur les lieux du crime, Tom est suspecté.
Mon avis :
Mais quelle plume ! Quel roman ! Quelle claque dans la gueule !
Tom Kettle est un policier retraité ; il vit à Dublin, et est plutôt solitaire. Il faut dire que ses enfants et sa femme manquent à l’appel désormais. Tout ce à quoi il aspire est la tranquillité… alors quand ses anciens collègues débarquent pour lui demander son aide sur une enquête liée à ses anciens dossiers, Tom n’est pas heureux et craint aussi de se replonger dans ses souvenirs toujours vivaces.
Au fil des pages, on découvre des pans de la vie de Tom et sa défunte femme June. Maltraités dans leurs enfances, ballottés d’orphelinats en maisons d’accueil, leurs blessures étaient trop profondes pour ne pas pourrir une partie de leurs vies.
Alors quand un prêtre est assassiné, tout lui explose à la figure… les coups, les viols, les brutalités et ce tourbillon d’émotions, de traumatismes, de rage font monter la tension dramatique… si bien qu’on tourne les pages, le cœur serré, et ce dernier au bord des lèvres.
Sebastian Barry invite le lecteur dans la tête de Tom, le plonge dans ses égarements (afin qu’il ne sombre pas !), et ses humeurs menaçantes.
Les souvenirs se mêlent au présent et la solitude de ces enfants devenus adultes est absolument bouleversante… la souillure anéantissant l’enfance qui n’est quasiment jamais surmonté, sans aide de la société qui ne sait pas comment entendre les enfants, ou impose la résilience alors que, le soir, l’adulte redevient un enfant apeuré, brisé, humilié, qui pense, encore, qu’il est responsable…
La force de roman est terrifiante, notamment si vous savez de quoi parle l’auteur, ce qu’il dénonce, et le soir, quand comme tout être humain vous êtes face à vous-même, il faut savoir affronter la solitude qui ramène toujours les démons… nos démons.
A lire en prenant son temps et avec une ouverture d’esprit et une bienveillance… sinon les égarements de Tom vous perdront et cela serait dommage, car vous ne comprendrez pas tout… ou alors vous vous voilez la face pour ne pas affronter le démon… car tout le monde a un démon, là, tapis dans le silence du cœur.
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