Livre envoyé gracieusement par les Éditions AuxForges de Vulcain.
Le
résumé de l’éditeur :
« Grand
serviteur de l’Etat, Claude officie discrètement dans l’ombre d’une Présidente
vieillissante. Un matin, il décide de se lancer à la conquête du pouvoir. Mais
était-il bien judicieux de s’exposer ainsi à la lumière ? Car, au même
moment, une révolte populaire, attisée par la jeune et charismatique Barbara,
monte dans la Douvre, département oublié de tous, qui devient la vivante image
des colères et espérances du pays tout entier. »
Le
contexte de lecture :
Encore un résumé transmis par communiqué de presse
qui m’a intrigué !
Difficile de refuser un livre écrit par un haut-fonctionnaire
tellement les politiques qui se mettent au roman, sont peu nombreux.
Je dois avouer que, malgré mon aversion pour le pouvoir, j’en aime les
arcanes, les enjeux et toute la cuisine interne.
Donc, qu’un normalien, agrégé de philosophie, membre
du Conseil d’Etat et élu au Conseil de Paris se mette à la plume romancée, ne
pouvait que m’attirer… j’ai grandement bien fait !
En outre, Aux Forges de Vulcain est vraiment une
maison dont j’aime les productions et leur politique me plaît énormément !
Le
corps du roman :
Jean-Baptiste de Froment est ce qu’on peut appeler
un homme du sérail, normalien, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, élu à la
Métropole du Grand Paris, notamment, et membre du Conseil d’Etat (excusez du
peu).
Le voilà dans un costume de romancier pour son
premier roman, « État de nature » ; il insère autant de questions sur la politique, l’amour et y
balance une révolte qui monte, contre Paris, des profondeurs du pays... La
Douvre bouillonne ! Ouais, la Douvre, c’est un peu… comment dire ?... C’est dans le fond du
fond d’un département français, style la Creuse ou un coin paumé côté du Plateau
des Millevaches, zone blanche comprise !
Dès les premières pages, j’ai été happée par ce
Claude, homme de l’ombre que ses « amis » veulent exposer pour
asseoir son (leur) pouvoir. Ce commandeur d’une Présidente de la République obsolète,
recluse, surnommée « la vieille » (charmant), est cynique, habile,
incroyablement manipulateur.
Car tout est une question de pouvoir à ce
niveau ; celui qui va avoir un ascendant sur son voisin d’Assemblée, qui
va atteindre le fauteuil le plus proche du Premier Ministre, voire de la
Présidente ou carrément dans le cabinet noir.
Oui, Jean-Baptiste de Froment développe une uchronie du système politique français… et là, honnêtement, c’est l’un des principaux atouts de ce roman !
En sus, il a placé une femme au pouvoir suprême, une
femme ressemblant étrangement, par sa fin de règne, à un croisement entre
Mitterrand et Chirac. Il y a des similitudes dans ses personnages et on se
reprend (mais est-ce étonnant ?) à vouloir trouver qui est qui ! Pourtant,
on le sait, c’est un roman, une fiction et même si l’auteur a dû puiser dans
ses expériences, dans les arcanes rencontrées, ce roman est palpitant.
On suit les aventures de ce petit groupe, les
bassesses, les retours de bâton, les apartés, les états d’âme (ou sans), les
luttes de pouvoir, les parties de poker-menteur, les chaises musicales (ou
pas), les activistes, les idéalistes, etc.
Le style est fluide, alerte et subtil(ment
passionnant).
Et,
donc, Lisa ?
J’ai adoré !
Comment dire ? J’ai reçu ce livre en SP et j’étais
déjà conquise par la maison d’édition… et par le résumé.
Jean-Baptiste de Froment a créé une France parallèle
avec les mêmes bases mais aux codes, appellations et organisations légèrement
réajustés. Tout ceci est proche de la réalité actuelle tout en état impossible
à relier.
C’est la force de ce roman, nous plonger dans les arcanes des politiques (et la Politique) sans jamais utiliser la réalité. En changeant les noms, l’auteur a créé une virtualité qui pousse le lecteur à décrocher de ses jugements, certitudes et opinions pour suivre le chemin des personnages ; jusqu’à la Douvre, territoire isolé, ancré dans un autre temps, totalement inventé, qui pourtant, parlera à ceux qui connaissent la France profonde où recevoir un SMS relève d’un exploit (à moins de gravir sur la colline du coin !).
Ce roman est, pour moi, une uchronie grinçante, remarquablement axée sur le pouvoir.
L’affrontement entre le Commandeur (un
équivalent probable du Secrétaire Général de l’Elysée) et d’une jeune femme,
Préfet furtif de la Douvre, belle comme un cœur (la comparaison avec Marylin
vous situe la bestiole !) qui rêve de grandeur, de destin et l’idéal
(difficilement compatible avec le pouvoir, non ?).
Dans une France déclinante, obtus, où les
territoires de province sont coupés de Paris, où la technocratie a coupé tous
les ponts, l’ancien se mesure par ricochet (coups bas ou pas) à la modernité
avec « la Vieille » au milieu du champ de bataille qui, perchée dans
son pigeonnier, attend la chute.
L’auteur, fort habilement, et férocement, sous
couvert d’une écriture fluide, agréable et à des réparties bien senties, conte une
vie politique française obstruée par les communicants, les élus de province,
les courtisans, les obligés, les députés débonnaires, ceux rompus au pouvoir,
les désabusés, etc.
En sus, le roman pose çà et là de références sur la France,
son fonctionnement, des privilèges qui sont, théoriquement, abolis mais qui,
selon le bon vouloir d’un homme d’Etat, reviennent, sous une autre forme, noyés
dans une Loi que le commun des mortels ne lit jamais !
L’Etat (de nature ou pas) est saisissant, palpitant et, forcément, incroyablement subtil.
Je recommande ce roman et je remercie l’auteur pour
ces pages drôles, intenses et qui ouvrent l’esprit et la discussion (ça a
bataillé sérieux à la maison !)…
***
Titre État de nature
Parution : 4 janvier 2019
ISBN : 9782373050516
Nombres de pages : 265
Prix (à la sortie) : 18 euros
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