Le volume de photos familiales est particulièrement important et lorsque nous nous mettons à les regarder, cela peut prendre des heures (et des jours).
Mon grand-père avait pris de beaux clichés lorsqu’il était marin à la fin des années 20, en parcourant le monde.
Chez nous, toutes ces photos représentent les vieux (cousins, tantes, oncles, aïeux, etc.) venant directement d’un autre siècle (19e) et, désormais, autre millénaire (2e) avec leurs costumes, leurs attitudes, leurs façons de se mouvoir etc. Ils sont vivants, toujours et découvrir que l’on ressemble à l’arrière grand-tante est un bonheur immense.
Je ne sais pas comment, mais j’ai découvert la photo à 7 ans. J’ai commencé à prendre des photos autour de Saint Martial avec comme aides-assistants, mon grand-père et mon père.
La première photo était un château des environs ; Sa réflexion dans l’eau fut mon premier focus en photographie.
J’ai réalisé, vers 12 ans, que j’aimais particulièrement l’architecture, les fleurs, les animaux et les gens.
Depuis mes 10 ans, je dessinai alors régulièrement des robes pour des futurs modèles en absorbant toutes les idées des magazines de mode stockés dans le grenier familial.
Pouvoir faire une robe (à l’époque, un truc basique portable uniquement que sur la poupée de ma « petite sœur »), la mettre en scène (la robe pas la sœur) et l’embellir par le seul jeu de lumière et de prise de vue m’ouvrirent une voie royale pour la création.
Parallèlement, vers 12/13 ans, j’ai commencé à m’intéresser avec un grand intérêt au monde de la mode et particulièrement à l’environnement des mannequins. La photographie de mode est devenue une évidence pour moi par la diversité des thèmes : la mode, les chaussures, les coiffures, le maquillage, la façon de mettre en scène, la composition, l’attitude d’un mannequin.
Un mannequin en particulier a été une influence totale dans ma vision de la photo : Renee Toft Simonsen sur la couverture du Vogue Paris en février 1983 (magazine que je possède encore !).
Tout cet univers est devenu magique, synonyme d’idées, de couleurs, de créativité, d’imagination.
L’engrenage de la photographie a pris le pas sur le reste, y compris l’écriture et la lecture. J’ai basculé alors dans ce monde jusqu’à mes 24 ans environ.
Par la suite, l’auteur en moi a repris les rênes et je me suis contentée de travailler régulièrement sur des sessions photos, par plaisir uniquement.
Dès lors, je photographie tous les jours, avec un vrai appareil photo – au grand dam de mes proches qui me signalent mon Smartphone comme « utile pour la photographie quotidienne »-. Je m’échine à trimballer mon petit Lumix partout.
Je suis capable de rester immobile des heures pour prendre une fleur…
Mon record ? Avoir suivi, à quatre pattes dans un jardin, un rhinocéros (le scarabée) pendant 40 minutes afin de le prendre en plein vol entre deux fleurs ! Pris sur le vif et belle photo !
En ce qui concerne le matériel, je suis restée très longtemps à l’argentique (tant que j’ai pu ; J’en possède encore deux en état de marche que j’utilise de temps à autre). Mes deux premiers furent un Leica et un Canon.
J’aimais l’argentique car cela demandait de la maîtrise technique et un œil averti pour éviter toute image flou ou à jeter illico.
Désormais, le numérique est partout. Tout le monde prend des photos, partout, tout le temps, dans toutes les positions sans même maîtriser les bases de la photo. L’appareil est sur automatique, corrige tout seul, et fournit même les logiciels pour améliorer les photos les plus horribles.
Pas difficile dans ce cas de se penser photographe !
Mon éthique fait que je ne corrige pas mes clichés numériques. Je ne gomme rien. Je recherche, en numérique, à reproduire mon schéma argentique : faire la plus belle photo possible sans ajout extérieur que la lumière, l’exposition et le sujet.
Je ne pourrais pas me passer de la photographie. Je ne peux expliquer le bien-être que je ressens en faisant des photos. Quelque soit le sujet, je deviens quelqu’un d’autre, à un endroit donné, sans pression, sans jugement, sans rien d’autre que le résultat final.
Je me sens juste heureuse, vivante et moi-même.
Rien d’autre ne m’apporte une telle sensation, à part l’écriture, bien sûr.
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