L’immortel amalgame sur les supporters et hooligans a surgi et j’ai argué que seule la beauté du jeu m’importait.
Depuis mon enfance, le football fait partie des sports entrant dans la culture (élargie) familiale. J’ai découvert ce drôle de jeu sur les genoux de mon grand-père alors que Johann Cruyff était le légendaire 14 de l’équipe « orange » (les Pays-Bas). J’ai été conquis, d’après la légende familiale, par le côté angéliquement bad boy du bel hollandais.
Puis, j’ai regardé d’autres matches et le jeu a été plus intéressant à voir que certains autres sports historiquement liés à la famille (rugby, courses automobiles, hockey sur glace, tennis, cricket etc.). L’intérêt du football réside sur le rectangle vert et non dans les tribunes.
Pourtant, certaines tribunes sont plus magiques que les autres et peuvent vous émouvoir sans que vous vous y attendiez.....
Regardez et écoutez ce joli moment de communion.... surpris à Anfield (stade légendaire du Liverpool F.C.)... Je défie quiconque de ne pas être ému.... même une seconde....
Regardez et écoutez ce joli moment de communion.... surpris à Anfield (stade légendaire du Liverpool F.C.)... Je défie quiconque de ne pas être ému.... même une seconde....
Mais les tribunes peuvent vous hanter aussi jusqu’à la fin de vos jours, quand l’horreur y pénètre comme, en ce qui me concerne, les images du Heysel ou celles, toujours vivaces et douloureuses, d’Hillsborough.
Quand, au Heysel, c’est la bêtise de certains hooligans (et non supporters, car ce mot ne peut être attribués à ceux qui ne respectent pas l’adversaire, que celui-ci soit sur la pelouse ou dans la tribune d’en face) qui tue et anéantit le sport, je reconnais volontiers que cela peut être abject et impardonnable envers le football.
Quand, comme à Hillsborough, c’est la bêtise de l’organisation (notamment la police) qui entraîne la mort de 96 personnes alors que la fête était belle et que l’ambiance était joyeuse et légère, j’ai dû mal condamner le football.
Pour moi, le football doit rester un jeu, avec ces travailleurs infatigables (le quatre cinquième des joueurs) et les artistes. Ces êtres dotés d’une touche de balle qui semble être irréelle et qui défie les lois de l’apesanteur. On en croise moins de cinq par génération (je parle des artistes pas des génies, entendons-nous bien !).
Il y a des noms qui résonnent encore dans la mémoire collective de tout supporter, même s’il n’y a pas vécu à l’époque donnée : Yachine, Banks, Di Stéphano, Kopa, Pelé, Eusébio, Cruyff, Platini, Maradona, Zidane, et maintenant Messi. Ces derniers cumulent tous le titre de génie.
Et il y a les artistes, ceux qui font se soulever les foules, les font hurler, applaudir et sauter dans les bras du voisin. Parmi ceux qui j’ai pu admirer et qui sont restés gravés dans ma mémoire : Waddle, Hoodle, Van Basten, Beckham, Berkamp.
Ayant connu l’époque de Cruyff, joueur, puis entraîneur (notamment du Barça), je dois dire que j’apprécie le beau jeu, même si mon équipe perd (oui, bon, le moins souvent possible !... Ah, oui, mon équipe … même si j’affectionne particulièrement l’OM – Olympique de Marseille- et les Girondins –de Bordeaux -, mon équipe est et reste Liverpool F.C.) !
Quand vous avez la chance de voir évoluer ce genre de joueur, cela pourrait s’apparenter à un ballet.
La beauté est donc visible dans un ballet, dans un tableau, dans un livre, dans la nature et même dans un stade de foot. Cela peut prêter à sourire, mais il suffit juste de ne pas se cramponner aux idées reçues et vivaces sur le football et son côté populaire. Evidemment, le fait que cela soit populaire fait penser à certaines « élites » que cela est bon pour le commun des mortels.
Mais parmi les deux à trois milliards de personnes qui regardent la Coupe de Monde de football, à ces millions qui vont au stade tous les weekends, je ne pense pas qu’il y ait que des « communs ».
De grands artistes (écrivains, peintres, etc.) ont été et sont encore des supporters ardents du football (parmi les écrivains, citons : Cendrars, Maurois, Giesbert, Izzo, Hornby, Labro, Pivot, etc…). Pour la petite histoire, c’est Miró qui a réalisé les affiches de la Coupe du Monde en Espagne de 1982… Pas mal, non ?
Par exemple, Homère (qui n’est pas le premier venu) atteste que les Phéaciens jouaient à la balle (Odyssée, Chants VI et VIII), Ronsard expliquait qu’il jouait à la soule, balle remplie de foin ou de son, (Hymne IV, De Henri deuxiesme), Brantôme écrivait « S'il ne jouoit à la paume, il jouoit à la balle à emporter ou au ballon ou au palle maille, qu'il avoit fort bien en main; car il estoit fort et adroict, et en faisoit de très belles et longues bottes ou coups » (Le Grand Roy Henri II. — Œuvres, t. III, pp. 277, 278) et de Montherlant composa une ode avec son « L’ailier » (Les Nouvelles Littéraires - Un ailier est un enfant perdu, n°64, 5 janvier 1924, page 1).
J’estime que comparer le football à un sport barbare et ringard va à l’encontre du côté baroque et poétique qui peut être assimilé à la notion d’équipe et collectif.
En définitive, je peux donc aimer les poèmes de Ronsard ou de Villon, déambuler au Louvre, me pâmer devant Bronzino ou Constable, admirer Sisley, adorer Rimbaud, pleurer devant un film de Méliès ou de Chaplin, hurler de plaisir à un concert de Blur, et aller au stade avec le cœur qui bat la chamade à chaque but de mon équipe.
Je ne vois pas en quoi cela pourrait être antithétique. La vie est différente, diverse et comporte un trop large éventail de plaisirs pour se priver d’un seul moins « convenable » que les autres.
Laissons donc Jean-Paul Sartre expliquer le plus simplement possible la sensation de tout supporter : « Au football, tout est compliqué par la présence de l’équipe adverse ».
Le problème vient toujours des autres !
A lire : Pierre Balmand " Les écrivains et le football en France. Une anthologie - article ; n°1 "
A lire : Pierre Balmand " Les écrivains et le football en France. Une anthologie - article ; n°1 "
NDLR : Au final, si vous connaissez tous les noms cités à la fin de cette chanson... laissez un commentaire !
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