Il y a quelques jours sur Canal Plus (oui, je sais, certains n’ont pas Canal, mais bon….), une nouvelle (excellente) série française (oui, je sais, mais nous ne sommes pas sur TF1, là !) a fait son apparition : « Les Revenants » (je vous l’accorde, c’est facile comme introduction).
Le concept est assez détonnant : des gens morts reviennent quelques années plus tard, à l’état initial de leur disparition, sans souvenir de leur mort et évidemment, sans penser que la vie a continué sans eux.
Point de zombies, ici (ouf… il y a déjà « Walking Dead » pour me stresser vers minuit le vendredi ou le samedi, merci !). Juste une sensation étrange et un mystère autour de l’eau du lac.
Je ne reviendrai pas sur la série elle-même – deux épisodes ne donnent pas le recul nécessaire pour juger – mais plutôt sur le sentiment et la réflexion qui ne sont imposées depuis.
Nous avons tous perdu des personnes que nous aimions en cours de route : parents, grands-parents, frères, sœurs, maris, femmes, amis, copains, collègues, etc. Nous savons tous, pour les grandes lignes, ce que nous ferions si nous les récupérions un jour, une heure, une seconde.
Mais le sentiment que j’ai eu a été plus nébuleux. Je sais ce que je donnerai pour revoir mes grands-parents (probablement mon âme au Diable, mais faut-il encore que le Patron soit d’accord ?!), mais après tout ce temps et ces années, nos rapports seraient-ils les mêmes ? Sans aucun doute mais nous devrions réajuster nos vies et nos émotions pour harmoniser nos différences, avec toutes les éventuelles conséquences.
Ce qui m’a troublé le plus dans ces deux premiers épisodes, c’est l’histoire de cette future mariée qui perd son fiancé le jour J et qui le « récupère » dix ans plus tard à l’aube d’une nouvelle vie et d’un mariage visible sincère. L’étrangeté réside dans ce sentiment d’attachement à quelqu’un qui est parti plus tôt que prévu et dont on ne sait pas comment cela aurait tourné.
On reste sur cette sensation de bonheur et d’amour naturels avant que le quotidien et l’usure n’en aient abîmé l’essence même. Tout ceci reste dans l’idéal d’une relation, dans cette période où tout semble facile, agréable, doux et limpide.
Perdre une personne que l’on aime et qui partage la quasi-totalité de vos idées, passions et que l’on imagine aisément comme celui (ou celle) qui vous suivra sur la route (plus ou moins longue et tortueuse, je sais), est passablement traumatisant. C’est comme un morceau arraché que l’on colmate tant bien que mal avec les années qui passent.
Là, ce personnage voit réapparaître l’autre comme il était avant. Lui n’a pas changé, il éprouve les mêmes sentiments, les mêmes envies, les mêmes attentes, mais pas elle.
Elle a juste changé, évolué, assumé et accepté la disparition, comme elle a pu (et visiblement, assez difficilement), et se retrouve face à l’homme qu’elle a aimé (et qu’elle aime encore d’une autre manière, plus mélancolique).
La banalité de la phrase qui suit est, je le sais, bien réelle : on n’aime jamais deux fois de la même façon. Le sentiment est lié directement à la personne que l’on aime, au moment M et à l’environnement émotionnel.
Mais, je me suis demandé comment je pourrais appréhender un tel retour :
- Comment pourrais-je équilibrer ma stabilité affective de maintenant et l’envie de revivre une période joyeuse ?
- Comment pourrais-je me réhabituer à côtoyer quelqu’un qui n’est intrinsèquement plus celui dont j’ai envie ou besoin aujourd’hui ?
- Comment pourrais-je rejeter quelqu’un pour lequel j’ai souhaité le retour tant de fois ?
Cependant, et peut-être égoïstement, reprendre là où on en est restés, avec quelqu’un qui n’a pas bougé d’un cil, tant physiquement que moralement, constitue en cela déjà une entrave à mes sentiments.
Ma raison (encore elle) me pousserait à continuer, coûte que coûte, ma vie avec les ingrédients actuels et à gommer cette latente envie de tenter le tout pour le tout avec le revenant.
C’est en cela que la série est déroutante et intéressante : encourager à réfléchir sur ce sens singulier de la vie et peut-être pousser certains d’entre nous à forcer la nature de certains de leurs sentiments.
A voir demain soir, 20h55 - Canal Plus....
A voir demain soir, 20h55 - Canal Plus....
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