Le résumé de l’éditeur :
« Les mots des autres m’ont nourrie, portée, infusé leur énergie et leurs émotions. Jusqu’à la mort de mon frère, le 14 octobre 2015 à Montréal, je ne voyais pas la nécessité d’écrire. Le suicide d’Alex m’a transpercée de chagrin, m’a mise aussi dans une colère folle. Parce qu’un suicide, c’est la double peine, la violence de la disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de se souvenir des jours heureux.
Moi, je ne voulais pas me taire.
Alex était un être flamboyant, il a eu une existence belle, pleine, passionnante, aimante et aimée. Il s’est battu contre la mélancolie, elle a gagné. Raconter son courage, dire le bonheur que j’ai eu de l’avoir comme frère, m’a semblé vital. Je ne voulais ni faire mon deuil ni céder à la désolation. Je désirais inventer une manière joyeuse d’être triste.
Les morts peuvent nous rendre plus libres, plus vivants. »
Le contexte de lecture :
Il faut signaler que cela fait longtemps que je lis et suis Olivia de Lamberterie. En fait, je l’ai rencontrée, sans qu’elle ne se souvienne de moi, lors de la soirée du Jury ELLE en 1999 au Musée d’Orsay. Nous étions dans un petit groupe et nous avons discuté Littérature, écriture, etc. J’avais aimé sa vision en ce domaine et, étant abonnée à ELLE, je ne manquais pas ces papiers au sein du service (elle était encore une adjointe à l’époque).
Il est donc évident que lorsque j’ai vu passer le communiqué de presse évoquant la sortie d’un livre d’Olivia de Lamberterie, j’ai voulu le lire absolument. En lisant le résumé de l’éditeur, et la force de son témoignage, je ne pouvais pas louper cette occasion d’en savoir plus sur l’Olivia intime.
Comme à l’accoutumée, j’ai commandé mon livre en librairie (non, je ne reçois pas tous les livres en Service de Presse, je suis raisonnable !) et j’ai décidé de le lire, en parallèle de celui de Clara Dupont-Monod « La Révolte » (oui, je lis deux livres simultanément, en sus du livre d’Histoire).
Le corps du roman :
C’est un témoignage poignant, intense, plein de pudeur de la part d’une sœur envers un frère, adoré, brillant, drôle mais torturé, écorché vif qui, trop sensible, ne supporte pas cette société.
Comment, en tant qu’artiste, ne pas être touché(e) par cet être en marge, prenant tout à cœur, mélancolique et à tendance déprimée.
Olivia de Lamberterie ouvre la porte d’une famille marquée par les suicides masculins, mais aussi au deuil d’un être à part.
Elle n’oublie pas l’humour, la tendresse, le doute, l’incompréhension, cette mémoire à faire perdurer, les souvenirs, l’attente, l’angoisse… L’absence, tout simplement.
Elle évoque aussi le désarroi, les tentatives de soins, ou celles de son frère à tenter d’en finir, toujours au plus vite.
Et, donc, Lisa ?
Je ne doutais pas que si un jour Olivia de Lamberterie prenait la plume, elle rédigerait un ouvrage fort.
Il faut dire alors que côté force, justesse et émotion, cela est fort dosé !
Loin de moi l’idée de trouver cela trop dur, difficile, prenant, émouvant ! Bien au contraire, j’ai aimé mes heures de lecture, j’ai plongé dans son histoire, dans sa famille, avec de la retenue et de la pudeur, comme on le ferait avec le journal intime de sa cousine préférée.
Ce texte, ce témoignage (j’insiste), n’est pas à la portée de tous ; non pas au niveau de l’écriture (excellente) mais au niveau du vécu. Selon sa vie, son ressenti, sa sensibilité, l’histoire de ce frère, de cette fratrie, de cette maladie, ou de ce trouble étrange, ce témoignage peut être dérangeant.
Quelqu’un de mon entourage qui s’impatientait pour le lire, n’a pas pu continuer « trop fort, trop d’émotions, un sentiment de voyeurisme ».
A contrario, je n’ai pas ressenti cela. Je me suis glissée à la fois dans la peau de la sœur de cet être brillant, lumineux mais également dans celle de ce garçon qui ne se sait pas se positionner, qui semble être de trop sur cette Terre.
Et pourtant, il y a des passages drôles, avec des pointes d’humour qui ne font qu’accentuer la déclaration (amour fraternel) d’Olivia. Ce recul, cette langueur, cette quête et la guette mélancolique de l’autre, de l’absent.
La tendresse transpire tout au long de ces pages et, par-là, touche au cœur.
Par respect et par pudeur, la douleur de cette sœur fait écho en nous, en moi. Elle pousse à accepter l’inacceptable, à regarder droit devant, à sourire malgré la douleur, l’absence, l’indicible.
Ce garçon au nom d’un héros romanesque a fait naître un livre poignant, fort et tendre à travers un geste fou, dur, terrible.
Il laisse néanmoins un goût amer à ceux qui restent, qui auraient voulu empêcher mais qui ne savaient pas comment faire.
Justement, comment faire faire à la volonté de quelqu’un… même le plus extraordinaire et le plus talentueux du monde…
Je recommande donc ce témoignage bouleversant et si tendrement plein d’amour qui offre à Alex une belle immortalité !
Il est à signaler que l’expression « Avec toutes mes sympathies » signifie également « Avec toutes mes condoléances ». Je l’utilise à chaque fois, lors d’une perte, car elle évoque, pour moi, le sentiment de chaleur envers quelqu’un et le chagrin d’apprendre sa douleur… Aussi paradoxal que cela puisse être.
***
Titre Avec toutes mes sympathies
Éditions Stock
Parution : 22 août 2018
ISBN : 2234085810
Nombres de pages : 256
Prix (à la sortie) : 18,50euros
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