Résumé :
En 1889, à vingt-cinq ans, Adrien Soulages quitte sa rude terre de l'Aubrac et devient livreur de bains puis garçon charbonnier dans le Paris de la Belle Epoque. Dans un bal-musette de la rue de Lappe, où il retrouve l'atmosphère du pays, il s'éprend d'une jeune fille pleine de charme et d'allant, Camille.
Après s'être mariés au village, tous deux prennent en gérance une boutique de vins-bois-charbon à la Chaussée-d'Antin, qu'ils abandonnent à la fin du xixe siècle pour acheter un café-charbon près de la place Clichy. Ils y connaissent une première réussite après quinze ans de labeur. Ils sont toutefois séparés de leurs enfants, car ceux-ci sont élevés en Aveyron par une tante.
En 1919, ils réalisent enfin leur rêve, en achetant une belle affaire, boulevard Saint-Germain. Leur fils Aurélien fera du café de Camille un lieu à la mode à la fin des années trente...
Le contexte
Bientôt quand je dirais roman régional, vous crierez « Daniel Crozes ». Il faut dire que j’aime son écriture, ses histoires, son ancrage dans l’Aveyron… là, il écrit à quatre mains et un de ses personnages s’appelle Soulages… et connaissant mon admiration pour le grand Pierre… Comment aurais-je pu passer à côté de ce roman ?
Mon avis :
Comme à son habitude, Daniel Crozes (ici en duo avec Danielle Magne) dresse des portraits d’aveyronnais dans la France de la fin du XIXe au début des années 30, sur deux générations.
Nous rencontrons Adrien Soulages, fils de Louis, fermier dans l’Aubrac qui va « monter » à Paris pour essayer de vivre, loin de ses sœurs et sa mère.
Il va vivre de petits boulots jusqu’à ce que la Aveyron Connexion fonctionne et qu’il travaille comme porteur d’eau dans ce Paris où les bourgeois prennent des bains mais n’ont pas tous, encore, l’eau courante (qui tente à se démocratiser dans les hautes sphères et qui menace toute une filière).
Adrien, à force de travail, et par connexion, va devenir livreur de charbon, avant sa rencontre avec une aveyronnaise, Camille. Elle est pétillante, ambitieuse, têtue, avec un caractère fait de sacrifices pour offrir un avenir à sa famille…
Mariés, parents, ils se lancent dans la tenue d’un bougnat (débiteur de boissons et charbon, la plupart du temps tenu par des auvergnats) et mettent en nourrice (chez la sœur, bientôt jalouse de Camille) leurs enfants, l’un après l’autre.
De 1884 aux années 20, les deux époux triment, encaissent les coups, les jalousies, les manques de leurs enfants, font des sacrifices financiers, personnels et amicaux pour réaliser leur rêve : être propriétaire de leur café, à Paris, dans les quartiers touristiques.
Daniel Crozes et Danielle Magne dresse de jolis portraits d’hommes et de femmes qui observent la France (Paris et l’Aveyron) qui évolue, se modernise mais pas à la même vitesse. Les mœurs, les habitudes, les avancées techniques, les expositions universelles, les lois, les peurs, la Grande Guerre, les joies et peines de la vie, tout est sobrement écrit mais toujours avec émotion.
A chaque génération, des parents d’Adrien, aux petits-enfants de ce dernier, Le Café de Camille nous fait traverser 80 ans de vie dans la France en pleine évolution à tous les points de vue.
Par une écriture toujours simple, belle, touchante et descriptive, les deux auteurs nous font connaître l’importance des provinciaux (notamment les Auvergnats et les Aveyronnais) pour le développement de Paris, au niveau de la restauration et des cafés/brasseries…
Encore un beau roman régional et toujours un bonheur de lire Daniel Crozes !!



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