Sunday, September 28, 2025

Adieu Kolyma d’Antoine Sénanque - retour de lecture - Coup de coeur


Résumé :

Kolyma : grand Est Sibérien, aux confins extrêmes de la Russie, où le froid atteint -60°C.  C’est ici, le long de ces rivières, que les pires camps du Goulag stalinien furent construits. Ici aussi que Sylla Bach, l’héroïne de ce roman, est devenue « la tueuse de chiennes ». Internée neuf ans à la Kolyma, elle fut le bras armé des truands et des hommes du NKVD lors des grandes purges, puis celui des frères Vadas, chefs de l’impitoyable famille des transylvaniens à la tête des mines d’or de la région.
Quand le roman démarre, nous sommes en 1956 : Staline est mort depuis trois ans, les camps disparaissent, restent les mines. Tous les personnages du livre sont revenus vivants de la Kolyma : Sylla Bach ; Varlam, le vieux bolchevick qui l’a recueillie dans un orphelinat du Caucase et qui l’a formée ; les frères Vadas, Pal et Lazar, dont la haine réciproque tisse les fils de l’action ; Kassia, l’infirmière que Sylla a rencontrée et aimée là-bas. Parce qu’elle aurait trahi le clan, Sylla est condamnée à survivre dans les décombres de cette ville où la révolte vient d’être matée et à aimer Kassia de loin, en la protégeant sans qu’elle le sache. Elle la croyait à l’abri mais la sortie de prison de Lazar Vadas va réveiller les haines et l’obliger à reprendre la route et les armes pour aller retrouver sa liberté. De Budapest écrasée par les chars russes en passant par Kiev et Moscou, tous les personnages se retrouveront là où pour eux tout a commencé et tout devra finir : à Magadan, cœur de la Kolyma.




Le contexte

Antoine Sénanque m’a révolutionné le cœur (et les yeux) avec Croix de Cendres l’année dernière… J’ai décidé d’en lire d’autres… et quand j’ai vu une sortie en septembre, d’un roman sur la Kolyma (vous connaissez mes marottes en Histoire, non ? … 

Sinon, allez écouter mon podcast sur SoundCloud : https://soundcloud.com/lisagiraudtaylor/ma-relation-a-lhistoire-en-14-questions?si=0538a18c265342139aeb96d10d0da334&utm_source=clipboard&utm_medium=text&utm_campaign=social_sharing ou carrément celui que j’ai fait sur les Goulags https://soundcloud.com/lisagiraudtaylor/histoire-des-goulags !)

Sénanque + Goulag = Lisa en folie (et devant la librairie en mode fan girl !).


Mon avis :

Après le coup de cœur de 2024 pour « Croix de Cendres », je ne doutais pas que ce nouveau roman me laisse sans voix…

Ce qui est le cas… 

Antoine Sénanque nous offre un roman haletant fin des années 50, après l’insurrection hongroise, où vont se croiser des chefs de clans, des anciens détenus du Goulag, des tueurs, des anciens Zek, des flics et des ripoux. 

Il nous balance de Magadan, Budapest, Moscou mais tout est concentré dans la Kolyma, véritable trait d’union de ce roman, de ce cauchemar pour certains, du dernier baroud d’honneur pour d’autres.

On suit particulièrement le destin de Sylla Bach, une orpheline, élevée par Varlam, tanneur, qui lui tient de père adoptif. En grandissant, elle va devenir une gamine dure et suite à son incarcération dans un camp de la Kolyma, elle va être la tueuse à sang froid d’un chef de gang, Lazar Vadas… Vadas a un frère Pal et les deux se haïssent au-delà des mots. L’un a fait tuer la fille de l’autre et Sylla, sans le savoir, a exécuté ce contrat. Depuis le père la réduit à ne tenir à personne, à rien de matériel au risque de lui reprendre dans le sang. Au lieu de la tuer, il la condamne à ne vivre que seule, esseulée, et à avoir peur pour le peu de choses qu’elle ne possède pas… Sauf une femme qu’il protège depuis 9 ans, une femme qu’elle a aimée, aime toujours ; une ancienne de la Kolyma avec qui elle a espéré un avenir.

Adieu Kolyma est un roman noir, historique, un drame humain qui prend racine dans l’obscurité des Goulags, y compris quand on les a quittés. 

L’écriture légère mais intelligente de Sénanque explique l’insurrection de Budapest, la chute de la politique de Staline, les hiérarchies dans le Goulag, les conditions de vie dans la Kolyma, les inimitiés des peuplades russes, le rideau de fer, mais n’oublie jamais l’humain… La haine, l’amour, la vengeance, la honte, la peur, la jouissance amoureuse ou haineuse. 

On lit en apnée ce roman aux côtés de la déterminée mais intraitable Sylla, seulement plus vulnérable quand elle évoque ou se trouve proche de Kassia, la femme de la Kolyma.

Les alles/retours entre les pays, les lieux, les périodes sont bien amenés, et donnent une profondeur à la lecture, un rythme soutenu ou un temps suspendu… 

J’ai adoré ce roman pour ce côté romanesque, sa froideur, sa beauté, et ce fil invisible de l’enfer des Goulags dont, si on en revient, on n’en part jamais.

Un roman à lire absolument pour voyage, hurler, aimer, pleurer, saigner dans la grisaille du bloc communiste !



 

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