Wednesday, May 28, 2025

Une poussée de fièvre de Timothy Egan - retour de lecture



Résumé :

Les années 1920 aux États-Unis. L'âge du jazz, des fêtes sans fin, du champagne... l'âge de la haine la plus brutale et la plus abjecte, aussi. Le Ku Klux Klan y atteint en effet son apogée. À sa tête, un homme dangereux, manipulateur et ultra-violent : D.C. Stephenson. Il va permettre au « Klan » d'étendre son influence, de pénétrer dans les familles, les écoles, les pique-niques du dimanche. Sous sa direction, l'organisation raciste va jusqu'à développer un plan pour prendre progressivement le pouvoir à Washington. C'est une femme, Madge Oberholtzer, une enseignante, qui va faire chuter le Ku Klux Klan et son chef. Kidnappée, séquestrée et violée par Stephenson, elle trouve, malgré les menaces, le courage de parler, de désigner et nommer ces hommes qui terrorisent le Sud des États-Unis.



Le contexte :

Idem, un copain américain, qui étudie depuis des années le KKK, m’a conseillé cet ouvrage. J’avais la flemme de le lire en anglais, mais l’ayant trouvé, pour deux francs six sous, d’occasion… Je me suis dit « allez, replonge dans les affres de ces abrutis du Klan » … comme cela, on pourra papoter deux heures, refaire le monde par Face Time avec mon pote !


Mon avis :

Timothy Egan retrace l’histoire du KKK depuis sa création sur les cendres de la guerre de Sécession dans la deuxième moitié du XIXe siècle, jusqu’à sa première chute, puis sa renaissance et son influence tentaculaire pendant des décennies. 


Il nous conte aussi, en détail, l’affaire Stephenson/Oberholtzer qui a fait basculer l’opinion public américaine.


En effet, Madge Oberholtzer était une jeune femme ordinaire qui a croisé la route du grand manitou du Klan dans les années folles, et qui a été enlevée, torturée vicieusement, et violée. Sur son lit de mort, elle a porté plainte, très explicitement, contre l’homme qui a commis ce crime.


L’ouvrage détaille et documente la genèse de cette organisation raciste, ancrée dans la volonté de supériorité d’une race, d’une couleur sur les autres. 


L’auteur s’appuie sur des témoignages, des articles, des documents et sur les minutes du procès pour décrire Stephenson, homme avide de pouvoir et d’argent, prédateur sexuel, violent et très influent. 

Pendant des années, il a gravi les marches du Klan, étendant l’influence du Klan dans toutes les couches de la société. Dans la première décennie du XXe, le Klan contrôlait le pouvoir politique, judiciaire etc., faisait régner la terreur et s’opposait aux droits les plus élémentaires pour certains citoyens américains qu’il jugeait indignes (noirs, catholiques, juifs). 


La longue première partie, très documentée et détaillée, est nécessaire pour comprendre les rouages de ce genre d’hégémonie par la pensée, insidieusement, strate par strate, par la gentillesse, l’entraide puis par la menace, la peur et un racisme primaire (tiens, tiens, ça rappelle notre époque actuelle !).

Sans cette première partie, impossible de comprendre, également, la société américaine actuelle, qui se fracture petit à petit. 


Je connais l’historique du Klan pour l’avoir étudié et par une de mes amies professeur d’Histoire aux Etats-Unis, et américaine. 


Le livre peut révolter, et révulser certains lecteurs tant les actes odieux et les pensées sont nauséabondes, mais il évoque un mal profond qui peut ressurgir à tout moment si on ferme les yeux ou qu’on gomme le passé.


C’est glaçant à lire mais utile et nécessaire !




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