Le destin d’Honorine de Hubert de Maximy - retour de lecture

Résumé :

Dans le haut Velay, au XIXe siècle, le roman d'une " Rastignac au féminin " dans l'univers de la dentelle. " Tout commença vraiment le jour où la jeune Honorine Feynerolles posséda un crayon. " En cachette des siens, une petite paysanne apprend seule à lire et à écrire. Mûrie trop vite au sein d'une fratrie de brutes, elle décide de s'arracher à la misère et de construire son destin. Au village d'Aubissoux, quand elles ne triment pas au champ, les femmes frottent au lavoir ou font de la dentelle au carreau. A treize ans, médiocre ouvrière, Honorine sauve son rêve, devenir la reine de la dentelle, grâce à sa belle écriture. A Craponne, petite ville voisine, un fabricant de dentelle la recrute. Discrète, intelligente, patiente, elle va tout y découvrir, y compris la loi de la jungle. Une jeune femme ambitieuse entre deux mondes, celui des paysans pauvres qui l'a vue naître et celui de la bourgeoisie industrielle qu'elle veut intégrer. Mais le talent en affaires est-il suffisant ?

Le contexte de lecture :

Je lis ce roman dans le cadre de mon "challenge : lire un roman régional par mois en 2025".

J'avais demandé des recommandations et une abonnée m'a cité ce roman "de chez elle", le Haut Velay.

Mon avis : 

Hubert de Maximy trace la vie de deux jeunes gens du Haut Velay… Honorine et Benoit que l’on suit en alternance.

Elle est issue d’une famille pauvre, qui trime de petits boulots en trop grand nombre d’enfants. Dans ce XIXe siècle, son destin semble tout tracé… travailler, se marier et être mère d’une famille nombreuse. 

Pourtant Honorine a une ambition, une volonté dès son jeune âge : ne pas être comme sa mère, battue, triste, brimée, épuisée.

Elle se rêve reine de la dentelle et elle va s’en donner les moyens, rusée qu’elle est.. Sa découverte de ce milieu va l’endurcir mais aussi lui offrir une confiance en elle inépuisable. Pourtant à la ferme, elle doit, à l’adolescence, lutter contre un frère incestueux et brutal. 

Par un concours de circonstances, et un tour de passe-passe vengeur, son bourreau s’en va et elle rencontre Benoit Chalencon.

Benoit est le fils unique d’un noble déchu et d’une femme froide, aigrie. Il habite un beau domaine et son père est son héros. Pourtant rien n’est tout rose chez Benoit. Son père va le décevoir, il va être envoyé chez les Jésuites pour ses études et semble être abandonné. Là, il découvre son talent : le dessin qui va l’amener à de belles rencontres, des opportunités et, quand il croise la route d’Honorine, il sait ce qu’il veut.

Le Destin d’Honorine est un roman d’apprentissage dans la France du milieu du XIXe siècle dans le Haut Velay. On suit cette petite fille sur douze ans, entre ses dix et vingt-deux ans… sa détermination et son manque cruel de scrupules sont ses seuls moteurs pour accéder à « la bourgeoisie », cette castre qu’elle estime être propice à sa vie, loin de ses racines. 

On pourrait la penser sans coeur, loin des romans régionaux où, bien souvent, l’héroïne est une jeune fille avec de bons sentiments… mais Honorine a une vie difficile et ne conçoit pas de continuer dans cette voie.

Sa façon de grimper les échelons à grands coups de duperies, de mensonges, de chantages, fait d’elle une ambitieuse, loin des clichés romanesques… 

Son destin lié à Benoit, forme un duo attachant, fébrile, et assez atypique… 

Petit à petit, sans se dévoiler, ils gagnent en maturité, en complexité, et il faut l’avouer, même si le roman est axé sur Honorine, Benoit est un personnage largement plus intéressant que cela soit par ses décisions personnelles que par les rencontres qu’il fait… 

C’est donc un roman régional très agréable à lire, malgré quelques faiblesses et des petites erreurs çà et là, qui vous projette dans le milieu du XIXe siècle réaliste. 

Il faut souligner quelques scènes de sexe explicites qui ne choquent pas mais qui pourraient questionner certains.