Sommes-nous devenus des criminels de Lionel Duroy - retour de lecture

 

Résumé :

Servir et obéir. C'est ainsi que les militaires légitiment le droit de tuer impunément. Mais doit-on obéir quand l'ordre reçu est immoral ? Aujourd'hui, les généraux russes sont confrontés à ce dilemme. Doivent-ils continuer d'obéir à Poutine ? Cette interrogation a conduit Lionel Duroy à s'intéresser au destin du maréchal Friedrich Paulus, commandant de la VIe armée allemande à Stalingrad et, à ce titre, comptable de la mort de milliers d'hommes. Pourquoi a-t-il continué d'obéir à Hitler, pour lequel il n'avait plus aucun respect, avant d'appeler à le renverser ? Lionel Duroy s'est glissé dans sa tête pour raconter son histoire.

Mon avis :

Friedrich Paulus fait partie des maréchaux allemands de la Seconde Guerre mondiale que je maîtrise le plus (avec Rommel et Guderian) … Disons qu’il fait partie de ceux qui ont une trajectoire intéressante de part leur formation, leur pensée et leurs actes sur le terrain.

Autant le dire tout de suite, je n’ai rien appris de plus mais le livre a un atout : questionner le lecteur sur les actions que nous aurions faites ou pas.

L’auteur se glisse dans la peau de Paulus et le fait parler, le fait se questionner et prendre des décisions ; il dresse un portrait aussi de ce dilemme de l’obéissance d’un militaire (qui, je le rappelle, ont dû, tous, prêtés serment d’obéissance à Hitler) quand on sait que l’ordre est voué à massacrer ses soldats, ses hommes, dans des attaques perdues d’avance… 

Car Lionel Duroy refait l’itinéraire de la bataille de Stalingrad… de juillet 42 à janvier 43… de l’ordre du Führer à la capitulation de Paulus, contre l’avis du chef suprême… 

En cela, la trajectoire post-guerre de Paulus est particulièrement intéressante à étudier, y compris l’impact de son épouse, Constance, qui avait une opinion tranchée sur le régime.

L’écriture est fluide, le propos bien évoqué et développé et les références actuelles en filigrane. 

Sur le sujet, il faut absolument lire des essais plus poussés qui posent la question de la culpabilité, du libre-arbitre ou de l’endoctrinement volontaire ou pas, plus denses, plus poussés que ce livre qui est destiné à un plus large public.