Résumé :
Mon avis :
Voici typiquement le genre d’ouvrage où je sors mitigée.
D’un côté, j’ai beaucoup aimé les parties sur Eileen O’Shaughnessy, la première femme de George Orwell (de son véritable nom Eric Blair) ; de l’autre la mise en miroir de la vie Anna Funder par rapport à celle d’Eileen ne m’a pas trop intéressée.
Anna Funder l’avoue dès le début, elle est fan de George Orwell (comme moi) et a décidé, suite à la découverte de nouvelles lettres écrites par Eileen, de détailler et interpréter la vie de cette dernière auprès de son mari et son impact sur les œuvres littéraires indéniables d’Orwell.
Elle s’appuie donc sur les lettres d’Eileen à sa meilleure amie Nora, de photos et de dates clés pour le couple… En parallèle, elle émaille son récit de réflexion personnelles pour appuyer le caractère « femme de » et la propension qu’a l’Histoire littéraire d’omettre l’aide des conjoints des grandes plumes…
On peut largement parler de biographie romancée ici, même si elle s’appuie sur une énorme documentation (y compris toutes les biographies officielles d’Orwell, les courriers et autres échanges épistolaires laissés par l’écrivain).
Il faut signaler (et c’est là que mon avis est mitigé) qu’Anna Funder interprète tout ce qu’elle découvre, selon ses propres expériences et avec le recul de notre temps, post-#MeToo, etc.
Eileen suit partout son homme ou l’incite à se mêler aux évènements de leur temps, comme la guerre civile espagnole. Elle lui pointe des faits, lui souffle des idées, malgré leur relation qui commence à prendre l’eau, un an après leur mariage…
Que ce soit ses infidélités (à lui), supposées ou non, son indifférence, son ambiguïté sexuelle potentielle (toujours d’après les on-dit) et sa volonté littéraire, tout est fait pour montrer et démontrer l’injustice envers Eileen qui s’est effacée, elle qui semblait vouer à une brillante carrière de romancière…
La romancière écrit, par exemple, « «…Orwell lui-même a effacé ou rejeté dans l'ombre toutes les femmes qui sont intervenues dans sa vie. » Oui, c’est peut-être un fait, mais cela sonne comme un jugement sans appel.
Alors, dans un sens, la mise en lumière de la position privilégiée et importante d’Eileen est importante et est une bonne chose… Se demander pourquoi elle n’apparaît que peu dans les biographies, les livres sur Orwell, ou encore dans les explications sur l’œuvre même de son mari, est très intéressant… et j’ai apprécié grandement les extraits de lettres, les photos, les mots de l’écriture d’Eileen, ses poèmes naïfs et sa vie après Orwell…
Anna Funder exprime ses sentiments et son ressenti sur l’homme et l’artiste, et elle éclaire une autre facette d’Orwell… sans trop laisser au lecteur la possibilité de contredire ses pensées et ses conclusions définitives.
Alors, oui je suis mitigée car l’ouvrage nous permet d’apprécier la valeur d’Eileen, sa vie, ses volontés, ses passions, ses décisions et ses errances aussi, comme sa déception de femme et d’épouse… mais la mise en miroir avec Anna Funder et ce côté « je ramène tout à ma vie d’écrivaine », m’a un peu agacé.
Reste l’éternel débat : un homme est-il dissociable de son œuvre ?
Pour ma part, oui… pour d’autres non…
À vous de lire et prendre parti… en espérant que vous ayez lu plus de deux romans d’Orwell, et que vous ayez pris le temps de lire, aussi, une des biographies officielles… histoire d’avoir les deux côtés de l’histoire…
J'ai lu ce roman que j'ai trouvé très intéressant. je vous trouve dur dans votre analyse mais juste et honnête, ce qui est rare
ReplyDeletemerci Antony. J'expose ce que je ressens et donc je ne triche pas.
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