Sunday, September 15, 2024

La barque de Masao d’Antoine Choplin - retour de lecture




Résumé :

Masao est ouvrier sur l'île de Naoshima (Japon). Ce soir-là, en quittant l'usine, il découvre Harumi venue l'attendre plus de dix ans après leur dernière entrevue. Des rendez-vous, emplis de pudeur et d'humanité, vont ponctuer leurs retrouvailles.

Ce face à face ravive les souvenirs... Remonte à la mémoire de Masao, cette histoire d'amour superbe et dramatique avec Kazue, la mère d'Harumi. Les années passées comme gardien du phare d'Ogijima. Ou encore les heures de plénitude à bord de la barque qu'il a construite de ses propres mains.




Mon avis :

Masao est un homme simple, un ouvrier qui a accédé à un poste plus important à la force du poignet. Il vit seul, en marge, malgré quelques collègues et amis çà et là. Masao est aussi un homme blessé, un homme amputé d’une partie de lui…. Principalement sa fille, Harumi.

Un jour, après des années d’éloignement, Harumi vient le voir et aimerait en savoir plus… sur sa mère, la femme adorée, disparue, de Masao, Kazue. Harumi vit avec ses grands-parents maternels et, est en passe de devenir architecte.

Antoine Choplin développe la reprise de contact d’un père et sa fille, d’un homme qui s’est sacrifié, par pudeur, par honte, par impossibilité de se pardonner, mais il remplace les mots par des actes, par des objets… Pourtant, il voudrait lui parler de Kazue, de qui elle était, ce qu’elle était, et ses derniers instants…

Entre pudeur, non-dits, silences assourdissants, regrets, remords, incompréhension, actes manqués, La barque de Masao est un roman extrêmement émouvant et joliment intense. Comme à son habitude, Antoine Choplin touche au cœur avec peu de mots, avec des phrases courtes, comme des haïkus, et en nous contant l’histoire de Masao, en alternant le « je » et le « il » dans des chapitres au présent et d’autre au passé ; de sa vie de travailleur, à la rencontre avec Kazue, leur histoire d’amour non conventionnelle, à la façon de s’accrocher l’un à l’autre, avant de s’achever entre douleur et rire.

Dès le début, j’ai été happée par la douceur du texte et la blessure de ce père perdu, sans les codes paternels mais avec l’amour aveugle envers sa fille, s’effaçant par honte, par peur de heurter ce petit être qu’il aime plus que tout.

La barque de Masao nous plonge dans le Japon codifié, entre futur et passé (le symbole du musée et de la barque artisanale), et offre un écrin à l’amour paternel et la réparation en ligne de mire. La fin est bouleversante à tout point de vue.

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