Le Manufacturier de Mattias Köpling (Magnus)
Résumé :
19 novembre 1991. La Yougoslavie s'enfonce dans la spirale de la guerre. Des paramilitaires serbes massacrent une famille dans le village d'Erdut, en Croatie. Seul un petit garçon en réchappe. Vingt-cinq ans après, l'avocate Irena Ilic se lance dans la traque de ces monstres sanguinaires.
1er avril 2017. Un double crime abominable a été perpétré contre une femme et son bébé, dont les corps sont retrouvés au Havre. Vladimir Radiche, un capitaine de police sans aucun scrupule, est chargé de l'affaire. Les victimes ont été torturées et assassinées par le Manufacturier, un tueur insane qui vend les films de ses exactions sur son site Internet.
Lorsque les trajectoires de la tenace Irena Ilic et du détestable Vladimir Radiche se croisent, l'insoutenable vérité se fait jour peu à peu. Pris dans un maelström de violence, les deux protagonistes évoluent dans ce que l'humanité produit de plus affreux. Trafics en tout genre, crimes contre l'humanité, assassinats sériels, darknet, sectarismes religieux et haines politiques, les fils peu à peu se rejoignent inexorablement pour tresser la corde qui étrangle le lecteur et le suffoque.
Mon avis :
Si vous ne connaissez rien à la guerre et aux exactions sordides perpétrées lors de la guerre de l’ex-Yougoslavie début des années 90, il va falloir avoir le cœur accroché dès le début, car le roman monte d’un cran à chaque page, ou presque !
Au Havre, en janvier 2017 Radiche, flic redoutable et redouté, enquête sur l’'assassinat d'un dealer et un réseau de drogues/prostitution/vente d’êtres humains ; simultanément, on suit en Lozère, proche de Mendes, Milovan Horvath, rescapé de cette guerre, et adopté par un lointain cousin. 20 ans plus tard, les circonstances de la vie lui fait faire face à son passé et ses traumatismes. Il contacte Irena Ilić, avocate serbe, victime elle-même, qui traque les criminels de guerre ; elle travaille en liaison avec un procureur, des flics de tous bords, et des médecins, tous impactés par cette guerre.
Ce roman plonge dans les tueries de masse, les rapts, les tortures, les trafics de drogue, l’esclavage sexuel, les règlements de comptes, les traques de criminels, l’impunité, les magouilles et la société.
Aux travers de certains personnages, on revient sur un pan sanglant de l’Histoire européenne, à moins de 2h de vol de Paris, qui s’est déroulé de 1991 à 1995 déchaînant la haine, la violence et les actes de barbaries de plus en plus violents.
L’intrigue est riche et imbriquée et déroule facilement les fils telle une araignée géante et les rebondissements ne manquent pas d’aller crescendo ; la plume est très imagée, avec des chapitres courts, efficaces et des descriptions bien crues.
Le roman dénonce évidemment la sauvagerie, l’impuissance des autorités à la traque de criminels (de guerre ou de réseaux), les compromissions qu’il faut faire pour essayer d’arriver à un minimum d’arrestations, le darknet, l’impunité des tortionnaires pour éviter les affrontements diplomatiques, etc.
Pourtant, malgré l’intérêt du roman, de l’histoire (et des histoires) et du monde dépeint (qui est, depuis fort longtemps, violent, sanglant et lâche), je ne parlerai ni de coup de cœur, ni de chef d’œuvre (comme je le vois quasiment partout).
Le Manufacturier est un roman noir, glauque, réaliste sur les tortures infligées en tant de guerre (il faut lire les minutes du Tribunal Pénal International sur cette guerre… au-delà des propos du livre) ; quand vous vous intéressez aux guerres (mondiales ou ethniques), les descriptions du livre ne sont pas étonnantes, ni choquantes. Aucune ne m’a révulsé parce que je sais, malheureusement, que l’homme est un loup pour l’homme, le plus dangereux et impitoyable animal envers son prochain… La haine, l’aveuglement, le nationalisme, les lâches amènent souvent les pires actions de la part de citoyens autrefois ordinaires…
Ce roman est donc à réserver à un public très averti, car il est réaliste et que la seule créature qui gêne sur la planète est l’homme…
Je ne suis pas désespérée mais réaliste ; comme disait Hemingway « le monde est bel endroit qui vaut la peine qu’on se batte pour lui »… Pas sûre …
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