Les silences - retour de lecture

Les silences de Luca Brunoni (Finitude)

Résumé :

Se taire, ne jamais se mêler des affaires des autres, voilà la règle qui prime dans ce village au cœur des montagnes, permettant à chacun de cultiver consciencieusement son lot de rancœurs et de préjugés. Quand Emil a disparu, personne n’a rien dit, bien sûr, les langues sont restées liées. Et quand l’orpheline, la jeune Ida, a été placée chez les Hauser, on se doutait bien que la vie serait difficile pour elle. En butte à la haine de la fermière et aux regards libidineux de son mari, la jeune fille ne peut compter que sur son amitié clandestine avec Noah, un adolescent qui rêve d’ailleurs. Il réussit à la convaincre qu’elle aussi a droit à sa part de bonheur, mais il est trop tard. Ils ne parviendront, bien malgré eux, qu’à déclencher malheurs et drames, à faire remonter à la surface toute la boue de secrets et de non-dits du village.

Mon avis :

Quel est le prix de votre liberté ? Peut-on fuir ? S’éloigner de sa condition de base ? Jusqu’à quel point sommes-nous enchaînés ?

Ce roman pesant nous plonge dans un petit village de montagne en Suisse avec en filigrane le sort subi par les enfants orphelins ou issus de famille monoparentales helvètes qui ont été déplacés et traités comme de la chair à exploiter, travailler, malmener.

Ida est orpheline depuis peu et se retrouve placée chez les Hauser, un couple de fermiers. Elle ne doit pas se plaindre sous peine de se voir reprise et conduite à l’institution gérant les orphelins. 

Ida encaisse tout, prend sur elle, mais comprend vite que les habitants cachent tous des secrets. Elle essaie de ne pas attiser les regards (notamment ceux du fermier) et survit, plus qu’elle ne vit réellement.

Le seul point positif est son amitié avec Noah, le fils du maire qui n’aspire qu’à partir de ce village étouffant sous les non-dits et autres inavouables pensées.

A chaque avancée, on trouve une nouvelle porte qui se dérobe ; Ida ne voit que des impasses et petit à petit, l’auteur expose, à travers les dires des habitants, la réalité de ce village.

C’est sombre, intense et un brin étouffant parfois… 

Restent ces questions auxquelles il faut aussi réfléchir pour savoir comment on pourrait s’en sortir si nous étions Ida, Noah et les autres.

L’écriture est agréable, simple mais diablement puissante et attachante.