Le mage du Kremlin de Giuliano Da Empoli (Gallimard)
Résumé :
On l’appelait le « mage du Kremlin ». L’énigmatique Vadim Baranov fut metteur en scène puis producteur d’émissions de télé-réalité avant de devenir l’éminence grise de Poutine, dit le Tsar. Après sa démission du poste de conseiller politique, les légendes sur son compte se multiplient, sans que nul puisse démêler le faux du vrai. Jusqu’à ce que, une nuit, il confie son histoire au narrateur de ce livre…
Ce récit nous plonge au cœur du pouvoir russe, où courtisans et oligarques se livrent une guerre de tous les instants. Et où Vadim, devenu le principal spin doctor du régime, transforme un pays entier en un théâtre politique, où il n’est d’autre réalité que l’accomplissement des souhaits du Tsar. Mais Vadim n’est pas un ambitieux comme les autres : entraîné dans les arcanes de plus en plus sombres du système qu’il a contribué à construire, ce poète égaré parmi les loups fera tout pour s’en sortir.
Mon avis :
On suit les confessions de l’ex-Spin Doctor (donc l’éminence grise ou conseiller obscur) du Tsar, aka Vladimir Poutine.
L’homme s’appelle Vadim Baranov et n’était pas destiner à atteindre le sommet de l’état… comme ne l’était pas non plus ce fonctionnaire docile du FBS. Pourtant, entre le metteur en scène et le non-manipulable fonctionnaire, ça accroche rapidement… non pas que Vadim soit un admirateur mais il voit se métamorphoser l’homme gris en leader impérial. Car oui, l’homme du Kremlin a des convictions, des idées, des manières brutes, et il sait comment prendre (manipuler) le peuple.
Petit à petit il évince ses opposants, musèlent les puissants et riches (les oligarques ont en gros le droit de tout faire, de l’argent, du clinquant, etc., mais s’opposer au régime qui se met en place est un arrêt de mort financier… au mieux).
Petit à petit, ils construisent une légende, à la russe, pour faire à la fois rêver le peuple mais aussi le soumettre… comme tout régime depuis Ivan le Terrible ; car les russes ont cela dans le sang, ils plient mais ne rompent jamais et si ils en ont marre, ils font leur révolution interne, renversent le pouvoir sans aide extérieure… jamais… question de principe.
Quand Vadim touche le sommet, il observe le ballet des politiques, des influents, des oligarques qui dansent avec le Tsar pour s’octroyer une place au soleil, avoir plus d’argent, plus de privilèges même si, pour cela, il faut avaler des couleuvres (ou du poison, c’est selon !).
La plongée dans l’antre du pouvoir russe (on touche bien du doigt l’héritage millénaire qui coule dans les veines des russes) interpelle autant qu’elle fascine.
Alors oui, les éléments de langage, la manipulation et le despotisme qui transpirent dans ce roman peuvent choquer certains lecteurs peu connaisseurs de l’Histoire de la Russie, de l’âme et de la docilité russes.
Dans notre monde troublé, avec une guerre de territoire entre deux anciens frères (ennemis parfois), ce livre donne des clés, à travers le personnage de Vadim, pour expliquer comment se forger un système appelé à durer, quel que ce soit le chef ou les volontés du chef… seul le peuple peut décider, mais il opte toujours, depuis les premiers dirigeants pour plus dur que le précédent.
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