résumé officiel :
1945. Le chaos se répand en Allemagne et les armées du IIIe Reich commencent à se déliter. Des escadrons de soldats, ivres, multiplient les exécutions sommaires, sans différencier déserteurs et fantassins ayant perdu leur unité. L’un de ces infortunés, Willi Herold, manque d’être fusillé ; dans sa fuite, il prend l’identité, la vareuse et les médailles d’un officier de la Luftwaffe. En incarnant soudain l’autorité, cette proie devient le prédateur. Après avoir formé sa garde rapprochée, l’usurpateur multiplie à son tour les exactions dans un climat de folie générale.
1945. Le chaos se répand en Allemagne et les armées du IIIe Reich commencent à se déliter. Des escadrons de soldats, ivres, multiplient les exécutions sommaires, sans différencier déserteurs et fantassins ayant perdu leur unité. L’un de ces infortunés, Willi Herold, manque d’être fusillé ; dans sa fuite, il prend l’identité, la vareuse et les médailles d’un officier de la Luftwaffe. En incarnant soudain l’autorité, cette proie devient le prédateur. Après avoir formé sa garde rapprochée, l’usurpateur multiplie à son tour les exactions dans un climat de folie générale.
Robert Schwentke, après les blockbusters américains dont deux
films de la saga Divergente, revient en Allemagne avec un long métrage fort,
brutal et dérangeant, dont l’histoire est inspirée de faits réels, tourné en
noir et blanc, ce qui accentue le côté glaçant de cette descente vers l’absence
de conscience de la victime devenu bourreau.
Comme le stipule le début du film, le récit se déroule en
Allemagne, quelques semaines avant la fin de la guerre, et, d’entrée, Schwentke
nous embarque dans l’épopée d’un jeune homme, traqué, dans un premier temps, et
réduit à survivre en milieu hostile, qui, à la faveur de la découverte, dans
une voiture, d’un uniforme nazi de capitaine (Hauptmann – The Captain), va
prendre l’ascendant sur quelques soldats égarés et en déroute, jusqu’à gravir
tous les paliers de la violence, happé par ce costume trop grand pour lui.
L’imposture de cet homme en fuite, ce Willi Herold, est telle
que la nature du regroupement des soldats va se transformer en horde sans
pitié, qui s’enfoncent dans une spirale de violence, avec à la tête ce
Capitaine qui veut asseoir sa crédibilité afin de ne pas être démasqué.
Herold est, pourtant, un jeune homme ordinaire qui, au lieu
de se rendre invisible en pleine déroute, utilise son pays à l’agonie pour
prétendre, exercer une autorité et juger de la vie ou la mort sur tout
individu.
Arrivé, avec ses camarades, sous la bannière d’une unité
portant son nom !, dans un camp de détention, Herold est confronté à
d’autres officiers, légitimes ceux-là. Les persuadant de sa mission « sur ordre personnel du Führer »,
Herold se révèle passer du traqué au traqueur, du puni au punisseur, en
profitant, çà et là, pour piller le peu qu’il reste à son pays. Il devient
alors un bourreau à la solde d’une cause imaginaire qui transporte toute la
horde sur le chemin morbide, gavée de fêtes et d’excès.
Le fait que le film soit tourné en noir et blanc,
particulièrement magnifié par le directeur de la photographie, Florian
Ballhaus, renforce le côté austère mais surréaliste, fascinant mais hallucinant
de la chevauchée. Les explosions et la musique, impressionnantes, donnent le
tournis et imposent au spectateur la peur qu’a ressenti le jeune homme traqué
du début… surtout ne pas se faire prendre, coûte que coûte.
Schwentke essaie de démontrer l’engrenage, aux travers de
quelques scènes, du mécanisme nazi où entre folie et embrigadement, le
fonctionnement n’offrait que deux alternatives : la soumission ou le suicide
(se rebeller était signe d’internement en camps).
Ce film offre aussi l’opportunité de prendre conscience, non
seulement des travers des régimes totalitaires passés, que certains endroits
dans le monde actuel peuvent (sont…) basculer facilement. L’avertissement et
l’appel à la vigilance du réalisateur semblent tourner vers le futur immédiat.
Pour se faire, il suffit d’attendre le générique final pour
observer, avec effroi et une gêne immense, les acteurs, en tenues et armes d’époque,
se ruant dans une ville, de nos jours, bousculant les passants, et ne
rencontrant pas de véritable résistance !
A noter les performances de Max Hubacher, dont le visage
exprime à la fois l’angoisse et la hargne, Milan Peschel qui oscille entre la
docilité et la suspicion, Bernd Hölscher à la rage aveugle, Alexander Fehling
(toujours impeccable) d’une froideur terrifiante et glaciale et, Frederick Lau en
chef de meute.
Pour la petite histoire, ce film a obtenu le Prix de
la photo, festival de San Sebastian, celui de l'audace 20 Minutes ainsi que le
prix du jury jeune du Festival européen des Arcs.
Réalisateur : Robert Schwentke
Distribution : Max Hubacher, Milan Peschel, Frederick
Lau, Bernd Holscher, Waldemar Kobus, Alexander Fehling, Britta Hammelstein,
Sascha Alexander Gersak, Samuel Finzi, etc.
Durée : 118 minutes
Sortie : 21 mars 2018
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