Bon, oui, il faut dire que ce genre de garçon est parfait pour la cause... |
Il a fallu une discussion entre les fêtes pour
que je finisse par claquer la porte sur une phrase "délicate" de la
femme d'un copain (ceux-là, s'ils pouvaient s'abstenir de mêler leurs
troisièmes femmes à nos rencontres annuelles d'anciens élèves... merci pour la
tranquillité des lieux !)...
Nous étions donc attablés depuis deux heures, autour
d'un repas festif dont personne n'avait réellement apprécié les mets (merci de
rappeler à l'organisatrice que tout le monde n'apprécie pas de manger du
poisson cru), quand un d’entre nous (bon, une…) a soulevé le fait que tous les
mots, grades, et consorts, devaient être féminisées et que l’on devait accorder
les adjectifs au féminin… « On doit
revoir la grammaire, le vocabulaire etc. ! » a-t-elle clamé sous
les hourrah des épouses présentes (oui, je suis la seule des anciens élèves !).
Forcément, quand la discussion a commencé à tourner
sur le sujet « et dans les livres,
tu ne crois pas qu’ils [les auteurs] devaient féminiser leurs écritures ? »
a été lancé, tout le monde s’est retourné vers moi !
« Ben, oui,
toi, l’auteure, t’en penses toi ? » Me lança la jolie blonde (et
accessoirement deuxième femme de mon pote de ski).
« C’est
gentil de me tendre la perche, justement, je ne tiens pas à féminiser mon titre
d’auteur. Je tiens à Auteur, écrivain, romancier… merci. Sinon, cela dépend
aussi du contexte ; Il y a des causes pour les femmes plus importantes que
de savoir si l’adjectif va s’accorder avec le féminin ou le masculin, non ? »
Ai-je répondu aimablement avec le sourire et mon air de Madone (sous
champagne).
A partir de ce moment, les mecs m’ont regardé comme si
j’avais affirmé que l’OM allait gagner le championnat cette année (oui, bon,
sur un malentendu, ça peut, non ?), incrédules, donc, et les filles
présentes (sauf une, mais elle est argentine et maîtrise mal le français.. et je l'adore !) m’ont fixé comme si j’étais un extraterrestre
(j’ai eu l’impression d’avoir des algues coincées entre les dents pendant une
longue minute !).
« Tu quoi ?
Enfin, Lisa, tu es une femme, une auteure, t’es quand même féministe ! Tu
tiens à ton indépendance, ta liberté et tu le dis souvent, je ne changerai pas
de nom de famille, sauf à accoler mon nom à celui de mon mec ! »
Me sort la première femme (et unique) de mon vieux copain de chambre (et
accessoirement, mon ex).
« Et ça
changera quelque chose qu’on féminise tout ? Cela va aider les femmes à
avoir plus de respect, plus de considération, moins de préjugés sur leurs
tenues, sur leurs vies, et le fait d’avoir, enfin, une égalité, une vraie, pas
donnée par gentillesse, par exaspération, pour museler un peu les femmes ? »
Ai-je répondu, sous les pouces levés, discrètement, de mon voisin de table (et
accessoirement l’homme le plus macho que je connaisse… oui, je t’aime aussi, P !).
La réponse – collective – a fusé du côté des filles :
« Mais, enfin, Lisa, tu dois être la
première à exiger la féminisation de ton titre ! Il faut être fière d’être
une femme, le montrer, et tant pis si les mecs n’aiment pas, on est les plus
fortes ! ».
« Mais je ne tiens pas à avoir un E à la fin de
mon titre uniquement parce que je suis une femme ! C’est ridicule. »
C’en est suivi une discussion houleuse sur le pouvoir
des femmes (immense mais mal utilisé… moi), la légitimité de la femme dans l’entreprise
(elles), le fait qu’une femme ne doit pas « exiger mais prendre » le
pouvoir (moi) et qu’une femme n’était pas un simple objet mais un être humain
supérieur (elles).
A la fin, les garçons non interrogés ont soutenu leurs
moitiés (histoire de ne pas avoir une grève à gérer à la maison) et je me suis
retrouvée à leur demander si elle voterait pour une femme « célibataire,
belle, sexy et intelligente, avec la garde-robe de Kate Moss » pour gouverner le pays…
Pourquoi y’a-t-il eu un moment de flottement dans les
réponses ?
Parce que le (joli) serveur est arrivé en disant « Alors,
mesdames, vous êtes satisfaites en plus d’être jolies ? »…. J’ai
gloussé et j’ai répondu « oui, toujours, surtout quand cela est servi par
un bien joli damoiseau ! »…
Mesdames, va falloir revoir aussi le protocole des
compliments, des relations « flirt », les sous-entendus et l’utilité
du décolleté plongeant vers la table, avant de demander à féminiser mon titre d’autEUR !
Quand je suis sortie du restaurant, elles m'ont regardé comme une traitresse alors que j'avais les félicitations de mes potes.... qui savent, eux, que je suis une fille, que j'ai des seins, un cerveau et que je peux prendre un compliment sans pour autant me sentir attaquée.... et que je peux mettre la main aux fesses d'un garçon qui a commencé le jeu !
Et oui, je suis une femme, libre, et j'entends bien ne pas le faire oublier... et ça n'a rien à voir avec l'égalité.... C'est juste une réalité...
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