Monday, December 07, 2015

Suite d'une discussion entre le coeur et le cerveau : J'ai mal à mon coeur



- Quoi ? Quoi ?? Je ne peux pas me reposer deux minutes sans qu’il y ait une mutinerie ?
 
- Heu, en fait, y’a comme une urgence !

- C’est toi le foie ? C’est quoi l’urgence ? T’as mal ? Encore ?
 
- Oh c’est fin, ça ! Mal au foie… Non c’est gravissime.

- Le cœur s’est arrêté ! Oh, je plaisante…

- C’est pas drôle… Tout le monde a mal en bas.

- Quand tu dis « en bas », tu penses l’abdomen ?

- Ben, oui, du larynx à…

- Oui, oui, bon, ça va, vos blagounettes scatologiques, je m’en passe ! Je le répète, mais que se passe-t-il encore ?

- Heu, pardon, mais y’a un souci aussi vers chez moi…

- Oh putain ! j’avais exactement trois minutes pendant la coupure de pub pour dormir ! Vous me faites chier !

- Les larmes coulent, le nez aussi, du coup la bouche récupère le tout…

- Le cœur pleurniche, l’intestin a des haut-le-cœur, l’estomac se tord et les poumons auto-ventilent… on fait quoi ?

- On peut savoir la cause ?? Hé, oh ! Les débiles, on peut me faire un rapport !

- A qui il s’adresse d’après toi ?

- Ma foi, j’sais pas… mais c’est tant le bordel que ça dans la sphère ORL…

- Honnêtement, mis à part nous, les oreilles, tout le monde couine.

- Ici, c’est pareil, du coup, la bile m’horripile et je suis tout contracté…

- Mon pauvre petit foie.

- Il est où le despote ???

- Petit cœur !!!!!!!

- Mon foie, mes oreilles !! ça va, vous ?

- Ben, non, tu t’en doutes… Les oreilles et moi essayons d’alerter le tyran du premier, mais il est dans sa « pause publicité ! ».

- Il cause tout seul !

- Je ne parle pas tout seul, je m’adresse aux « débiles », c'est-à-dire l’hémisphère droit… qui est en pause syndicale !

- C’est pas compliqué, on a mal au cœur !

- C’est pas un symptôme…

- Je sais de quoi je parle. Je suis le cœur, merde ! J’ai mal à mon cœur. Il se serre sans raison, il soupire, il a des bleus à l’âme.

- Non, mais sérieux, vous êtes pathétiques ! Vous allez arrêter de parler pour ne rien dire… Des bleus à l’âme ? T’as vu un organe intitulé « âme » ici ? Petit cœur, va falloir que tu arrêtes de faire couiner tout le monde.

- C’est l’estomac qui a été retourné à cause des yeux qui ont vu des images douloureuses. Du coup, en lien avec certains de tes services, ils ont déclenché une vague lacrymale sans précédent et l’estomac a morflé avec les spasmes. Évidemment, on s’est tous mis au diapason. Unité et solidarité !

- Résistance !

- Toi le foie, ta gueule !

- Si tu me parles sur ce ton, je m’en vais, tiens.

- Nous aussi, on se replie et on ferme les écoutilles !

- Bon vent !

- Rien ne te touche ?

- Écoute, petit cœur, je compartimente, sinon, je vais exploser en vol. On a un boulot de fou en haut. Toutes les données visuelles ou sonores qui arrivent en même temps ; J’ai eu beau ordonné la fermeture des réseaux pour anesthésier la bestiole, rien. Personne ne répondait. Alors, dans ces circonstances, la surchauffe a entraîné une paralysie des membres supérieurs qui n’ont pas pu déconnecter cette putain de télévision.

- Ah, bon, c’est ça ! Si je comprends bien, en fait, t’as pas la loi là-haut… Non, parce que je te signale que nous sommes tous malheureux, qu’on a un mal fou à faire face et que toi, au lieu de nous protéger contre ces données extérieures violentes, tu nous exposes encore plus en laissant faire.

- Je n’ai pas le choix. Entre ceux qui ont décidé la pause syndicale à rallonge, les deux ou trois qui sont révoltés, un qui a choisi de faire le mort, et les quelques imbéciles qui s’agitent sans raison et quelques neurones voulant en découdre avec le monde entier, je ne m’amuse pas. J’essaie, tant bien que mal, de raisonner tout ce petit monde pour qu’il retourne au travail et essaie d’oublier.

- On ne veut pas oublier !

- Oh, putain, les boulets interviennent !

- C’est nous que tu appelles les boulets, le cerveau ? Les neurones sont solidaires du cœur !

- Résistance !

- Vas-y Petit cœur, exploses lui la tronche au cerveau !

- On monte à l’assaut avec les intestins, s’il le faut !

- Mon duodénum, mes neurones, du calme… Le tyran n’y peut rien, il a déconnecté ses fonctions humanistes pour désamorcer la crise….

- On a mal !

- P’tain, faites ce que vous voulez, moi je retourne regarder les publicités, ça me fera de l’aération ! Mais, vous allez vous faire du mal, encore. Ciao !

- En fait, c’est un grand sensible le cerveau…

-Petit cœur, t’es trop gentil ! Nous, on se le tape en permanence, c’est un despote !

 -Aux aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarmes !
 

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