En 1958, Johann Raadman, jeune procureur allemand, idéaliste et foncièrement attaché aux principes d’égalité, décide de traduire en justice un enseignant ancien SS ayant sévi à Auschwitz. Ce dernier a été repéré par un peintre, survivant du camp, soutenu par un journaliste peu crédible. Le procureur va se heurter à l’hostilité du pouvoir en place, à l’ignorance relative de la génération suivant la guerre et de ses propres collègues. Sa vie bascule alors lorsqu’il découvre que son propre père était un nazi. La culpabilité et son plaidoyer contre l’oubli commencent à s’affronter en lui.
Premier film de l’italo-allemand Giulo Ricciarelli, le réalisateur a tiré une fiction qui allie plusieurs personnages réels pour n’en créer qu’un seul, Johann Raadman. L’instruction de ce procès des tortionnaires du camp d’Auschwitz s’est déroulée de décembre 1963 à août 1965 à Francfort. La condamnation de vingt-deux des responsables en 1965 est l’un des procès les plus retentissants du 20e siècle.
L’Allemagne n’en finit pas d’ouvrir et cautériser finement les plaies du passé (cf. le film Phoenix paru en début d’année). Avec ce film, aux coups théâtre bien huilés mais sans être sensationnaliste, on saisit le déni d’un peuple envers l’horreur inconcevable et plus enclin à oublier qu’à comprendre et faire face.
La finesse de la mise en scène, l’interprétation d’Alexander Fehling (tour à tour naïf, subtil, déterminé, tourmenté) et la musique qui arrive lors des auditions des rescapés du camp font du Labyrinthe du Silence un réel drame historique qui ne donne pas de leçon, mais ouvre une fenêtre pour une part de l’Histoire allemande peu connue.
Ce film ne révolutionnera pas le cinéma, ni l’art en général, mais il est parfaitement adapté à ce devoir de mémoire que tous les peuples se doivent de faire sur leur passé. Comprendre le passé, sans le renier, ni le remanier, pour pouvoir condamner, assimiler et tourner la page.
Le Labyrinthe du Silence met le doigt sur cette période troublée de l’après-guerre en pleine croissance économique et qui, sous couvert de progrès et de renouveau, a voulu oublier le passé, remis en lumière par la volonté de certaines personnes révoltés contre ces crimes contre l’humanité.
Pour la petite histoire de la grande, le procès de Francfort a vu défiler plus de 300 témoins, dont 211 rescapés du camp ; Sur environ 6 000 anciens SS ayant participé au fonctionnement d’Auschwitz, seulement 22 ont été inculpés et n’ont, à aucun moment, montré un seul remord.
Le Labyrinthe du Silence
Réalisateur : Giulio Ricciarelli
Avec : Alexander Fehling, Friederike Becht, Johann Von Bülow, André Szymanski
Sortie : 29 avril 2015
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