Nous voilà, donc, le PDG et moi en route pour le restaurant d’entreprise. Déjà, j’emprunte encore l’ascenseur pour la descente (j’espère que le PDG est du style fainéant pour la remontée !) et lorsque la porte s’ouvre, tous les regards se braquent sur nous. Je subodore que quelqu’un a lancé un appel général à l’ensemble de mes « collègues » du jour avec un « L’intérimaire arrive avec le Big Boss ! ». Ils pensent donc tous à deux possibilités :
1° Je connaissais Big Boss avant (et donc je suis une ennemie !)
2° Je me suis tapée Big Boss depuis mon arrivée (et donc je suis une salope !).
Dans le premier cas, je n’ai jamais vu Big Boss de ma vie, pour le deuxième, je ne couche jamais la première heure (ni même la deuxième, non mais !).
Bref, j’ai vite vu que le PDG avait « sa » table, « son » personnel de service et « son » menu. Parce que lorsque j’ai fait comme tout le monde en piochant dans les différentes propositions d’entrée, j’ai senti une main sur mon épaule et Big Boss qui m’a dit gentiment :
- Non, non, vous mangerez la même chose que moi !
Waouh ! Le privilège ! Le personnel du restaurant m’a regardée également bizarrement, mais un des serveurs m’a souri puis a regagné son coin. Le PDG m’a donc expliqué comment marchait l’entreprise, qui était qui stratégiquement. « Ne jamais rien demander au 4e, ce sont des incompétents ! » m’a-t-il lancé avec un sourire carnassier. Je ne savais toujours pas qui était le 4e étage dix minutes plus tard quand un grand bonhomme tout fin est venu saluer le Big Boss avec un mélange d’admiration et de veulerie dans la voix. Big Boss lui a demandé en moins de trente secondes une douzaine de compte-rendu et autres dossiers et l’a aimablement propulsé hors de sa vue.
- Ça c’est le directeur de la logistique interne. C’est ça, le 4e !
Ravie de savoir que la logistique est le 4e ! Bref, Big Boss et moi reprenons notre petite conversation sur le Who’s Who de l’entreprise quand Big Boss se lâche (effet du verre de vin ?) au fromage. Il me regarde et me dit doucement :
- La Josiane est une vraie peste ! Elle déteste toutes les filles qui arrivent ici, surtout si elles sont jolies, comme vous, et pourraient avoir des velléités sur « Son » DRH… Parce que lui et elle, vous voyez ….
Pour ça, j’ai vu, oui, le Big Boss me minant deux personnes qui s’embrassent avec le dos de sa main. J’en ai lâché mon morceau de brie. Et le voilà, tout jovial, me racontant comment la secrétaire du Directeur de la Logistique a épousé le chef de service du Contentieux et a largué son premier mari, le syndicaliste CGT maison comme une « vieille chaussette » (expression très vieille France, non ?) qui s’est recasé avec l’assistante du Directeur des Services Financiers. Ce dernier étant marié à la Directrice de la Formation, ex- du chef des Architectes et sœur de l’assistante de Big Boss. Cela reste donc en famille !
Dès la crème brûlée, je sais absolument tous les ragots ! Big Boss ne s’arrête plus. Je dois avouer que je suis un brin gênée par la tournure de la conversation mais comme je dois partir ce soir et ne plus jamais revenir… cela n’a pas d’importance. Sauf, que, Big Boss me dit alors qu’il demande une deuxième crème brûlée :
- Remarquez, demain sera un autre jour. Je ne pourrai pas déjeuner avec vous. Vous allez devoir venir toute seule ici, ou bien, profitez du bureau pour manger votre gamelle !
Ah, parce que je reviens demain ? Ai-je pensé immédiatement. Ou l’ai-je dit à haute voix ? Big Boss me regarde et me répond :
- Oui, Simone, mon assistante ne sera pas là demain non plus. Je vous garde encore une journée ! Allez voir le DRH tout à l’heure et expliquez-lui ! Moi, je ne le supporte plus.
Ambiance, ambiance !!
Repas terminé, le Big Boss se lève, salue le personnel du restaurant, les remercie et nous regagnons les ascenseurs (en montée ! en montée !! enfin !). Tout le staff des cuisines sort pour lui sourire et a droit à son « bonjour Messieurs, Dames, merci pour ce délicieux repas ». J’aperçois une des cuisinières qui s’évanouit de bonheur au-dessus des fromages.
Le reste du personnel se lève promptement car le départ du Big Boss lance la reprise des hostilités… heu, pardon… la reprise des festivités de l’après-midi….
Episode 4 : « Comment expliquer au coursier que je ne suis pas la femme de sa vie ? »
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