Résumé :
Février 33, un livre d’histoire pas comme les autres, revient sur les événements qui se sont déroulés pendant le mois de février 1933 en Allemagne. Hitler a été nommé à la chancellerie le 30 janvier, et les jours qui suivent vont décider du destin de l’Allemagne et de l’Europe tout entière. Nous savons aujourd’hui de quelle manière ces quelques jours ont changé la face du monde, mais Uwe Wittstock a choisi de les évoquer en se plaçant à la hauteur des personnes qui les ont vécus dans l’ignorance de ce qui allait suivre. Jour après jour, dans une dramaturgie bien maîtrisée, l’auteur restitue l’ambiance de tout un pays, en racontant ces quelques semaines qui ont fait basculer la démocratie de Weimar dans le IIIème Reich.
Le contexte :
Pour une passionnée et très avertie sur cette période, et notamment sur la montée du nazisme en Allemagne, il était évident que cet essai serait lu.
Je dois avouer que j’avais lu plusieurs écrivains allemands de l’époque qui avaient rapporté leurs sentiments, leurs cris de douleur et leurs états d’âme (pour cela, il faut lire l’autobiographie magnifique Le Tournant du magnétique et merveilleux Klaus Mann, oui, le fils de…).
Mon avis :
Ce mois de février 1933 est un tournant, un virage que peu ont vu venir car en quelques jours le rouleau-compresseur nazi s’est mis en route, pied au plancher (si vous me passez cette familiarité).
Que ce soient les artistes (écrivains, dramaturges, cinéastes, comédiens, etc.), politiciens ou partisans de quelque bord que ce soit, nombreux ont été bercés d’illusions. Ceux, peu nombreux, qui avaient flairé le danger, avaient pourtant l’espoir au coeur.
Certains autres luttaient déjà avant l’ascension au pouvoir du parti nazi.
On croise donc au sein de cet essai, un brin longuet, très détaillé (très, très), des artistes tels que Thomas, Heinrich, Klaus et Erika Mann, George Grosz, Bertolt Brecht, Else Lasker-Schüler, Erich Maria Remarque, Alfred Döblin, Carl Zuckmayer, Gottfried Benn, et tant d’autres. Des personnes vivant dans cette période, dans la peur des lois, des répressions ou dans la collaboration.
Ce livre explique la situation culturelle de l’Allemagne des années 20 (une sorte d’apogée) et des années 30, le fonctionnement des Universités, des salons littéraires, des théâtres, des académies, des organisations culturelles, ainsi que de l’implication des artistes.
Il ne peut qu’inciter ses lecteurs à lire les oeuvres de ces auteurs afin de mieux appréhender ce moment pivot où la lumière a été occultée par un pouvoir qui craignait plus que tout la liberté d’expression, de pensée et de vivre, tout simplement.
Cet essai, je le répète très détaillé (et pouvant ainsi rebuté certains lecteurs peu habitués à ces essais historiques), montrent qu’il est important de ne pas oublier l’Histoire contemporaine, récente, européenne et la facilité avec laquelle un peuple cultivé et à la pointe de la création a pu basculer dans l’horreur, l’indifférence, la docilité.
Regarder en arrière, dans le passé, n’est pas être passéiste mais, au contraire, un signe d’intelligence pour ne pas oublier, ne pas effacer et d’essayer d’apprendre des erreurs et des mauvaises décisions de nos ancêtres.
Quoi qu’il en soit, il faut réagir, rester ou partir, mais résister !
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