Tuesday, August 12, 2025

La cense aux alouettes de Marie-Paul Armand - retour de lecture


Résumé :

Mélanie a toujours vécu à la "cense", comme on appelle les fermes dans le Nord. Sa "cense", elle y est attachée charnellement, même si maintenant elle se languit de la quitter pour aller vivre dans le village voisin avec Jean-Pierre Mesnier, le beau jeune homme qu'elle doit épouser à la fin de l'été 1914.
Mais le 1er août, la France entre en guerre. La machine à broyer les couples amoureux est en marche. Jean-Pierre rejoint son bataillon. Elle ne le revoit qu'un an plus tard, libéré pour une courte permission. Alors, pour conjurer le sort, pour oublier la guerre, leur séparation, ils décident de s'unir avant d'être mariés. Pour quelques jours, le bonheur est là dans toute sa force et toute sa précarité, mais comment imaginer que, quelques mois plus tard, Jean-Pierre tombera au front et que Mélanie se retrouvera seule avec leur enfant…




Le contexte

Un roman régional dans le challenge, vivement recommandé principalement pour son écrivaine, déjà lue en début d’année…

Sa plume, sa vision du Nord… et contexte historique, tout est fait pour que je passe un excellent moment, non ?


Mon avis :


La cense aux alouettes nous conte la vie de deux femmes : Mélanie et Pauline. Deux parties, deux destins liés.

Mélanie raconte sa vie, celle d’une fille d’agriculteurs du Nord dans la France de la fin du XIXe siècle, début XXe. Mélanie est une jeune fille joyeuse, agréable, travailleuse. Elle a une famille aimante, un petit frère adorable, et mais si certains sont taiseux, leur vie difficile, tout semble être léger pour elle. Seul un cousin éloigné, Léon, défiguré par un accident, « laid avec son oeil mort globuleux » (handicap répété ad nauseam) est un point noir dans sa vie. Amoureux d’elle, brusque, obsédé, il lui fait peur mais elle est protégé par ses parents. 

Un jour, elle rencontre Jean-Pierre. Ils sont amoureux, doivent se marier rapidement mais la Première Guerre mondiale éclate et ce dernier part au front. Lors d’une permission, les deux amoureux planifient leur mariage et anticipent leur nuit de noces. Quand Jean-Pierre est porté disparu, Mélanie constate qu’elle est enceinte. La honte qui risque de s’abattre sur elle et sa famille, la force à accepter la demande en mariage de Léon, réformé en raison de son infirmité.

A partir de ce moment, la vie de Mélanie va basculer dans l’enfer d’un mariage forcé, où Léon la violente, la viole et maltraite ses employés dans son immense propriété agricole. Pauline naît et malgré l’espoir de Mélanie, Léon la déteste et s’en prend à sa femme pour se venger de cet enfant illégitime. Quand survient un ami de Jean-Pierre, Léon n’hésite pas à l’éliminer du périmètre afin d’avoir Mélanie que pour lui. Brutal, égoïste, narcissique, Léon va être le point central de la vie de Pauline.

En effet, la seconde partie est centrée sur Pauline. Elle nous raconte son enfance persécutée par ce beau-père qui la hait mais aussi l’amour de ses grand-parents maternels, son oncle George, et surtout Thomas, ce gamin de l’Assistance Publique qui vient travailler dans la ferme de Léon. 

Comme à chaque fois, Marie-Paul Armand évoque un métier dans le Nord de la France. La rudesse mais également la solidarité, ainsi que la condition des femmes - par exemple lors de la Grande Guerre, et le fait qu’elles ont assumé l’ensemble des corvées -, des enfants de l’Assistance, des journaliers, des employés dans les fermes (censes) et le destin.

Ce destin d’un homme qui décide de fuir la ferme pour la ville par amour, celle d’une jeune fille qui aime mais n’ose pas, l’argent qui peut être une entrave entre deux jeunes gens, et la difficulté de comprendre la modernité, le rendement qui arrive doucement, etc.

La cense aux alouettes est un beau roman sur les agriculteurs de ce début du XXe, les affres de la guerre, l’amour filial, la tristesse, la joie, les questionnements d’une jeune fille volontaire mais malmenée, et enfin une jolie histoire d’amour…

Marie-Paul Armand touche au coeur, doucement, tranquillement, sans avoir l’air d’y toucher.



 

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