Monday, January 13, 2025

Les étangs de la Double de Geneviève Fauconnier - retour de lecture

 


Résumé :

La Double, située en région Sud-Charente, vaste région forestière où abondent les étangs, contribue à transporter le lecteur dans une ambiance empreinte de mystère où les événements et les êtres humains se perdent dans leur réalité. La jeune Edmée, est atteinte de surdité mais ne semble pas en souffrir, s'étant habituée à vivre dans une sorte de monde parallèle. Elle partage sa vie avec son frère médecin qui prend la succession de l'un de ses confrères dans une bourgade de la Double saintongeaise située aux confins du Sud-Charente. En remettant de l'ordre dans les affaires du vieil homme décédé depuis longtemps, elle tombe sur un manuscrit où celui-ci a consigné une drôle d'histoire dont il a été l'un des acteurs à son corps défendant. Tiraillé entre le secret médical et sa conscience, il semble que finalement le médecin se soit contenté de coucher cette sombre affaire sur le papier. A partir de ce moment, Edmée est obsédée par ce drame et, à travers des archives et des rencontres providentielles, elle parvient à retrouver certains des acteurs qui sont encore en vie.


Mon avis :

Geneviève Fauconnier nous livre là un roman plein de poésie, de sentiments et de bouleversements quotidiens.

En 1922, Edmée, jeune femme volontaire, sourde sur le tard, attachée à son frère mais passionnée par les papiers, recherches, mystères, nous entraîne dans une enquête au milieu des forêts de la Double, côté Dordogne parfois, limité Sud-Charente. Elle part à la découverte des lieux comme elle remonte les arbres généalogiques des familles du cru dont elle a fait la connaissance par une amie.

Le mystère qui entoure cette naissance, la mort violente de cette enfant et le secret lié à son serment d’Hippocrate par l’ancien docteur de campagne, M. Joconde, dresse aussi la vie de cette contrée, au début du XXe siècle, à la sortie de la Grande Guerre, encore emplie des larmes des vivants.  

Edmée possède une voix bien souvent indistincte mais dont les monologues intérieurs sont fascinants. Elle est solitaire, sensible, aime la nature, les odeurs. Elle est rêveuse, insolite pour l’époque et très curieuse. 

Geneviève décrit fort bien la misère de ces vies, la langueur dont souffre Edmée de temps en temps qui la pousse à sembler fragile.

L’écrivaine fait de nombreuses références aux Evangiles (elle était très pieuse) ce qui finit par donner une ambiance de désespoir à la fois pour Edmée mais pour l’histoire ancienne du Docteur Joconde qui a subi cette attaque ignoble. 

Ce roman est avant tout un roman psychologique singulier qui s’appuie sur un drame familial et sur la nature, la poésie des lieux, les croyances et les intuitions d’Edmée.

Singulier personnage qu’Edmée… 

Une lecture qui me fait penser que Claude, prix Fémina en 1933 (lu à l’adolescence), était un cran en-deçà des « Les étangs de la Double » notamment par la vivacité des personnalités des personnages et par le mystère ancien.

Une écrivaine à lire ou relire… ou à découvrir si vous n’étiez pas au fait du groupe de Barbezieux, vivier d’écrivains (principalement son frère, Henri, prix Goncourt en 1930 pour le très beau « Malaisie ») et d’éditeurs (dont Jacques Chardonne et Maurice Delamain, auteurs et codirecteurs des Editions Stock).

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