Reçus en service de presse
On commence par le coup de cœur ?
« Monsieur »
Film de Rohena Gera
Avec Tillotama Shome, Vivek Gomber, Geetanjali
Kulkarni, Rahul Vohra, Divya Seth Shah, Chandrachoor Rai, Dilnaz Irani,
Bhagyashree Pandit et Anupriya Goenka.
Durée : 1h36
Sortie VOD et DVD le 4 juin
Bonus : scènes coupées (à voir !!), film commenté (aussi),
reportage sur le film avec les interviews des acteurs.
***
Synopsis : Ratna est domestique chez Ashwin, le
fils d’une riche famille de Mumbai. En apparence la vie du jeune homme semble
parfaite, pourtant il est perdu. Ratna sent qu’il a renoncé à ses rêves. Elle,
elle n’a rien, mais ses espoirs et sa détermination la guident obstinément.
Deux mondes que tout oppose vont cohabiter, se découvrir, s’effleurer.
Comment expliquer le ballet délicat qui s’offre
devant nos yeux ?
Entre Ratna, jeune villageoise, veuve, rappelée par une
riche famille pour œuvrer comme domestique auprès d’un fils de retour à Mumbai,
et Ashwin, jeune homme plein de rêves, contraint d’annuler son mariage – sa
future l’a, notamment, trompée – c’est deux mondes qui cohabitent sans se voir,
ou peu. Le film décrit parfaitement les castres existantes en Inde et la
présence encore dominante de cette frontière entre les habitants d’un même
état.
Ratna est là, présente, devança les états d’âmes,
les besoins, le peu d’envies de son employeur. Elle s’efface, se tapie dans un
placard, se plie aux horaires, sans jamais rechigner, sans se départir de cette
servilité bienveillante.
Ashwin est là, absent, tel un automate, de retour
des USA, meurtri dans ses convictions et un peu perdu. C’est aussi le seul qui
s’adresse à Ratna en la remerciant, sincèrement.
Le film offre alors deux visions de leurs
vies : l’un se plie aux conventions, à la tradition et à l’entreprise de
sa famille, aux activités oisives pour la jeunesse doré ; l’autre, malgré
aucun moyen, rêve de tissus, de robes, de couture, de meilleur avenir avec une
foi et une obstination. Elle veut le meilleur pour elle et sa petite sœur,
restée au village.
On découvre avec elle l’univers coloré, plein d’odeurs, de
cris, de bruit, de fureur, de Mumbai. Elle nous entraîne dans son sillage et on
hume le tout avec bonheur, en opposition avec l’univers aseptisé et restreint
d’Ashwin.
@Inkpot_Films / DarkStar Press |
Petit à petit, le duo se dévoile, se parle, quelque
fois, souvent, par des regards, des scènes vues à la dérobée, ou tout
simplement à travers la rudesse des autres. Ashwin ne conçoit pas Ratna comme
une simple domestique alors qu’elle est invisible aux yeux de ses amis qui
n’hésitent pas à l’humilier.
Les jeunes gens se donnent de l’espoir mutuellement,
elle en le renforçant dans ses rêves, lui en lui offrant une machine à coudre.
Puis, en voulant le consoler, un soir, elle lui expose sa vie, ses rêves, le
peu de perceptives pour sa condition, les sacrifices, les espoirs. Dès lors, la
protection et la bienveillance changent de camp ; il la couve doucement,
accepte ses demandes de liberté (pour un deuxième travail) et son envahissement
au quotidien. Elle n’est plus la domestique mais une complice.
Pourtant, dans ce pays où les castres sont si
importantes, il n’est pas possible de briser le tabou en laissant pénétrer un
être inférieur, même si les sentiments et l’amour sont là, si cela est sincère.
La magnifique photo, les cadrages des deux personnages, les regards, les frôlements accentuent la mélancolie et la beauté de ce film bouleversant qui montre deux âmes à l’unisson mais éloignées par une culture et les conventions.
On poursuit par la sensibilité brute ?
« L’ordre des Médecins »
Film de David Roux
Avec Jérémie Renier,
Marthe Keller, Zita Hanrot, etc.
Durée : 1h33
Sortie VOD 30 mai / DVD
4 juin
Bonus : entretien
avec le réalisateur, musique du film, rencontre avec une philosophe de la
médecine, et deux courts métrages du réalisateur.
Synopsis : Simon,
37 ans, est un médecin aguerri. L’hôpital c’est sa vie. Il côtoie la maladie et
la mort tous les jours dans son service de pneumologie et a appris à s’en
protéger. Mais quand sa mère est hospitalisée dans une unité voisine, la frontière
entre l’intime et le professionnel se brouille. L’univers de Simon, ses
certitudes et ses convictions vacillent…
Ce film a réellement
une frontière nette. La première partie est celle axant sa vision sur le
médecin qu’est Simon, le poids de ses responsabilités, la dureté du quotidien à
l’hôpital, l’intensité des décisions, la solitude également face aux patients
et aux familles. On le suit au quotidien entre gestes méticuleux, mécaniques,
l’apprentissage du métier aux nouveaux étudiants (ou internes) mais également
les rapports humains, l’humour (potache), les sourires malgré tout.
Simon est un médecin,
soit, mais un fils pris par son travail qui panse, comme il peut, l’absence
qu’il crée, cet enfermement dans son métier.
DarkStar Press |
Le jour où sa mère
arrive aux Urgences, il reste le médecin, il se rassure en demandant,
discrètement, un examen de contrôle comme pour se rassurer, pour éviter
d’affronter la maladie qui revient.
Car chaque jour, il
vit, il voit et analyse avec sa formation, son approche technique ; là,
confronté à la maladie de sa mère, il redevient le fils, l’accompagnant, celui
qui subit les difficultés, la peur, l’attente, l’incompréhension. Le médecin
s’efface doucement, alors, devant l’enfant qui va perdre sa mère. La façon dont
il se met en congé, se met en veille comme médecin, pour n’être que l’enfant,
le frère, l’oncle, est touchante et montre le poids que subisse tous les jours
les soignants.
Son geste envers
l’adolescente et ses larmes illustrent d’ailleurs la difficulté de distance,
d’empathie et la dureté de sa fonction.
Le film est à la fois intime et millimétré. On balance au gré des émotions et des sentiments de Simon qui nous entraîne vers une autre facette de sa personnalité, celle qu’il ne dévoile pas, ou très rarement face à ses pairs ou aux équipes soignantes.
Sa
douceur transparent alors son le biais d’un homme qui se réapproprie sa famille
et s’autorise à être dans l’affect.
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