Livre
envoyé gracieusement par les Éditions Métailié.
Le
résumé de l’éditeur :
Dans cette famille « silencieuse et dispersée » il manque pas mal
de pièces. Carl, Nora, Paulina et leur cousin, le narrateur, n’ont jamais connu
leurs grands-parents. Tandis que d’autres découvrent le passé dans les albums
de famille, les quatre adolescents ne tombent que sur des photos découpées, des
non-dits, des mensonges.
Ce qui est soigneusement tenu secret dans la famille, et que les
parents ne veulent surtout pas connaître, c’est l’histoire du grand-père
pendant le Troisième Reich, qui abandonne sa fiancée pour s’engager dans la
légion Condor et bombarder Guernica. Qui est cette « vieille », avec qui il
s’est remarié et qui fait tout pour effacer son passé ? Et qu’est donc devenue
cette grand-mère soprano aux beaux yeux italiens ?
Sur les collines de la ville, où flottent de mystérieuses spores,
le jeu innocent tourne à l’obsession et finit par éloigner le narrateur de ses
cousins. Fiction et réalité se mélangent, peut-être qu’il vaudrait mieux tout
oublier. Mais comment oublier ce qu’on ne connaît pas ?
« Un des meilleurs romanciers européens du moment. »
New York Times
Le
contexte de lecture :
Que dire de plus ? que le thème me sied
au teint (et à la lecture) ?
Je ne vais pas vous rappeler mon grand intérêt pour
cette période d’Histoire et notamment en Allemagne.
J’avais lu le communiqué de presse et j’ai trouvé
que cette approche devait être parfaitement intéressante… pour moi !
Merci donc aux Éditions Métailié pour ce (nouvel)
SP !
Le
corps du roman :
Dès le début du roman, on sent bien que l’auteur
nous emmène sur un secret liant tous les protagonistes. Car malgré que le
narrateur s’élève, c’est toute sa famille qui rôde ici ou là.
Marcel Beyer évoque le sujet, toujours sensible, du rôle des grands-parents (ou parents) sous le
IIIe Reich.
Le sujet, ici traité avec sensibilité, est le culte
du secret, quel qu’il soit. La vérité se cache, approche doucement, par un
album photo, par un souvenir, mais surtout par une forme de regards communs aux
quatre cousins.
Ces yeux « italiens » sont la marque de
fabrique de ces petits-enfants ; Carl, Nora, Paulina et le narrateur n’ont
jamais connu leurs grands-parents. Lorsqu’il déniche cet album photo mettant en
scène ce jeune homme en costume de ville ou uniforme, ils reconnaissent ce
grand-père qu’ils ne voient jamais, à cause de la « vieille », sa
seconde épouse.
Le silence imposé dans cette famille est d’autant
plus lourd que l’on ressent le malaise, on comprend que cela va éloigner les
cousins, pourtant si solidaires, et que l’obsession sur le passé de ce
grand-père nous titille autant qu’eux.
Car quand tout un pan du passé, de l’Histoire d’un
pays et d’une famille, s’efface volontairement pour essayer d’oublier des actes
impossibles à affronter, les générations suivantes en paient le prix.
De photos déchirées ou tronquées en pièces d’un
puzzle manquantes, personne ne veut reconstituer ou évoquer l’absente, le
moment, le lieu.
Ce roman choral demande une attention spéciale, plus
spécifique, car l’auteur soulève un coin du rideau sur les non-dits, les
secrets destructeurs qui ont hanté toute une génération d’après-guerre, élevée
dans le silence, et la suivante (la mienne) qui a cherché et cherche à recoller
les photos, à comprendre, à ne pas avoir honte.
Et,
donc, Lisa ?
L’écriture délicate de Marcel Beyer nous ouvre
l’histoire d’une vie, d’une famille à travers son secret et sa souffrance sur
la génération qui ignore jusqu’au nom de sa grand-mère, la femme rayée des
albums familiaux, de la parole, de la mémoire.
La puissance du récit permet au lecteur d’imaginer
tout.
Pourtant, si vous êtes habitué(e) à une écriture
plus contemporaine, plus à l’américaine, la construction et la façon de conter
de Marcel Beyer, très classique, très allemande, va sûrement vous décontenancer.
De prime abord, la reconstitution racontée sous
différentes perspectives, agrémentée de flash-back sur de longues périodes,
laisse une impression de flou, d’interrogations, de suppositions que les
cousins sont les premiers à alimenter.
Néanmoins ce tourbillon dans la narration conforte
la confusion qui a régné dans les générations allemandes après-guerre à propos
des actions de leurs aïeux lors dudit conflit et pose le problème du poids de
la mémoire, de l’héritage émotionnel, et l’impossibilité de se construire
réellement avec un secret.
Remuer le passé est douloureux et les cousins
héritent de cette mission délicate.
Je sais que certains lecteurs seront, malgré le
thème très intéressant, découragés par ces alternatives versions s’enchaînant
sans de schéma précis.
Pour ma part, j’ai immédiatement adhéré car ce thème
m’a toujours passionné et a des répercussions avec mes propres ouvrages du
triptyque et j’ai aimé ma lecture et apprécié les mots puissants de Marcel
Beyer !
***
Titre Secrets
Éditions Métailié
Parution : 13 septembre 2018
ISBN : 9791022608060
Nombres de pages : 280
Prix (à la sortie) : 21€
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