Katie est une jeune femme du sud-ouest américain rêvant
d’une autre vie, loin, à San Francisco, et travaille pour se payer une école d’esthétique.
Vivant ses premiers émois, son empathie compulsive envers les autres et son
honnêteté désarmante en font une proie facile. Elle va être rudement mise à
l’épreuve par ceux, malheureusement, qu'elle aime le plus au monde.
Présenté au Festival de Deauville, ce film de Wayne Roberts
peut être dérangeant, voire choquant pour certains spectateurs. Non pas par les
images, quoi que certains hors-champs soient chargés en émotion, mais pour le
traitement du sujet.
Katie est une jeune femme attachante, sans aucun doute, gentillette,
naïve et pleine d’espoir. L’espoir, tout d’abord de rassembler assez d’argent
pour poursuivre son but : entrer dans une école d’esthétique. En
attendant, Katie est serveuse dans un relais routier de l’Arizona, comme on en
croise aux Etats-Unis et essaie de surnager dans ce rude univers. Elle s’occupe
de sa mère qui paresse toute la journée et passe ses nuits avec un voisin
marié, travaille pour Maybelle, sa patronne bienveillante, et les hommes de
passage.
Car Katie, pour atteindre son rêve, vend son corps aux
différents hommes en ville ainsi qu’au camionneur Bear, avec une candeur
désarmante. Pourtant, tout est loin d’être rose dans son univers, malgré son
uniforme et son sourire.
Puis Katie tombe amoureuse d’un mécanicien fraîchement
arrivé. Il est aussi taciturne qu’elle est lumineuse. Leur histoire fonctionnerait
peut-être bien si certains « bien intentionnés » n’évoquaient pas la
réputation de la jeune femme.
Wayne Roberts filme, à partir de ce moment-là, un drame
prenant racine dans une société patriarcale qui pousse les femmes à se vendre
pour survivre, puis les dénonce pour de tels actes. Petit à petit, il trace le
destin de Katie à grands coups de battes et lorsque sa vie s’effondre, la
souffrance, le rabaissement et la violence qu’elle endure, ne peuvent pas
laisser insensible.
Ce film oscille entre humanité brutale, chaleur humaine,
gentillesse et cruauté. Certaines images peuvent choquer ; On en arrive
même à penser que la réalisateur renforce cette idée de manière grossière et
engendre le sentiment contraire.
Pourtant, cette jeune femme dont l’enthousiasme à garder le
cœur ouvert et bon, plie sous les attaques verbales et la méchanceté mais
refuse de rompre. Elle conteste d’être une victime, elle est attentive aux
autres, même si ces derniers rejettent sur elle des violents ressentiments.
Pourtant, elle reste coincée dans cette réalité affreuse ou elle est exploitée
et exploitable comme les marchandises transportées par les trains ou camions
qu’elle voit défiler.
Même le garçon qu’elle aime n’est pas à la hauteur. Il se
contente d’être un potentiel bourreau émotionnel et n’arrive pas à accepter une
simple offre d’amour.
Il ressort alors que Katie vit ses émotions à sens
unique ; Personne ne lui rend cette bienveillance lumineuse, sauf sa
patronne et le camionneur Bear.
En définitive, il est à noter que si le film peut paraître
manichéen, la performance déchirante et poignante d’Olivia Cook en Katie qui
offre une palette d’émotions (de la vulnérabilité à la névrose) dans les grands
espaces et cette lumière, est l’atout majeur de cette histoire où la tragédie
et le mal rôdent jusqu’à l’emmener au bord du précipice.
Réalisateur : Wayne Roberts
Distribution : Olivia Cooke, Mireille Enos, Christopher Abbott,
Mary Steenburgen, Jim Belushi, Chris Lowell, Keir Gilchrist, Nate Corddry,
Natasha Bassett, etc.
Durée : 87 mn
Sortie : 18 avril 2018
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