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« Qui dit ? » Lança Pétunia un
jour de grand vent.
Depuis
le matin Pétunia essayait de faire comprendre à Lord, Quatre et
Jamie-hince-version-blonde, « Monsieur Bibi », qu’après « des siècles d’immobilisme »,
la Smala avait décidé d’agrandir la maison familiale et de « revoir les bases de la décoration millénaire »,
sur l’ordre de Cousin Edmond.
Après un
vote à l’unanimité « moins Un, of
course », la Smala avait adopté la proposition de Cousin Edmond de
refondre l’ensemble des « saloperies
accumulées » depuis la nuit des temps Smalesques.
La
maison familiale croulait littéralement sous les bibelots, livres, caisses à
outils, tableaux, pierres, coquetiers et autres nids à poussière rassemblés
depuis l’avènement de la maison familiale, en date du 4 août 1420, « le jour même où Jean épousa Marie à
Avila ! »…
« Qui ça ? » Demanda alors Deux
sa tablette à la main.
« Il était déjà à ce mariage-là, Cousin
Edmond ? » Questionna Quatre qui ne suivrait plus les avancées de
l’arbre généalogique.
« Il parle de Jean II(1) de Castille et Marie
d’Aragon, ignares ! Le fils d’Henri III, l’infirme ! »
Gueula Suprême.
« On les connaît, eux ? » Couina
Deux, désespérée par tant de cousins, cousines inconnus !
Bref,
Cousin Edmond avait émis l’hypothèse « soit
d’agrandir, mais non, plutôt d’acheter » une nouvelle demeure proche
de la maison d’origine et suffisamment grande pour « foutre tout le bordel dedans », car il était hors de question
que la Smala vive ailleurs que dans la maison fondatrice. Il fut donc décidé
d’acquérir une « maisonnée, trois
fois rien » à quelques encablures du village « dans un coin encore plus paumé que
nous ! ».
Un des
avantages était que ce lieu était « en
zone blanche, voire translucide ! ». Aucun réseau, hors le
téléphone avec fil, « de base,
quoi ! » expliqua Pétunia aux « couineurs à tablettes », n’était accessible et que « le dimanche était décrété journée sans lien
autre que la Smala ».
Cousin
Edmond se rendit chez le notaire Smalesque, informa de la décision « à l’unanimité complète » que la
maison se trouvant « au lieu-dit Le
Trou » devait être achetée sous « huitaine, compte tenu des rebelles qui changent d’avis aussi vite que
de chaînes télé ! » pour la somme « convenue par téléphone » avec le vendeur « un parisien peu enclin à marchander avec les
gueux ! » dixit ledit notaire.
A la
réception de la demeure, inaugurée à la poire, à la prune et à la vodka, la
Smala convint néanmoins que « ça
envoyait du bois » (dixit Un). La bâtisse était aussi haute que large,
en moellons typiques de la région. Trois étages, de larges pièces et une
superficie de 500 m² qui sembla « un
peu juste » à Pétunia pour « le
transfert des collections smalesques ». Outre la répartition des
pièces à chaque individu ou couple, Cousin Edmond avait également planifié
l’acheminement des « merdouilles
personnelles » afin que cela soit référencé « dans l’ordre d’acquisition familiale ». Autant dire que le transporteur fut pris régulièrement de nausées et autres
étourdissements lors du déménagement épique (éthylique aussi !).
Suprême
avait supervisé, avec Un et Cousin Edmond, le transport de la cave personnelle
de « feu le Grand Oncle
Alfred-Jean-Henri-Marie » qui avait légué sa cave et les 1934
bouteilles par acte notarié en date du 10 février 1789 après qu’il eût vent
« de l’ordre de rédiger des cahiers
de doléances »(2). Il avait consigné par l’acte « Hors de question que les gueux puissent
récupérer mes bouteilles ! ».
Depuis
cette cave faisait l’objet d’un culte régulier des membres masculins de la
Smala, qui, sous l’égide de feue GAT, avait largement entamé le stock !
Cousin
Edmond, à la suite de ce déménagement, expliqua que la « maison dans le Trou » se trouvait
sous le règlement « Caisse de la
Communauté » et que tout membre devrait en prendre la charge une
semaine durant, régissant l’ordre, la propreté et l’obéissance absolue. Personne
n’était épargné et tout le monde devait « être
solidaire, fédérateur, généreux et bienveillant ».
Suprême
contesta, avec le soutien vocal de Trois (et son oriflamme « de rebelle »), devoir se « soumettre à la populace » et exigea
l’élection d’un « chef du Trou ».
Bibi fut élu à l’unanimité « sous le
contrôle absolu de Cousin Edmond et Tante Dinde » et prêta serment
« de garder l’unité familial exact
selon les vœux de feues trente générations, minimum » et de maintenir
un semblant de dignité « autant que
faire se peut », dixit Pétunia, lors du jour en commun.
« On n’est pas sorti du bac à sable »
Lança Deux en riant.
« Elle a capté qu’elle avait quasi tout
juste ? » Demanda Quatre à Bibi.
« Non, même pas, mais elle est fière d’elle,
c’est déjà ça ! » Répliqua Pétunia.
« L’essentiel est qu’elle soit en progrès,
non ? Si on veut la marier, je veux dire ! » Répliqua Tante
Dinde sous les yeux énamourés de Cousin Edmond.
- 6 mars 1405- 20 juillet 1954 ; roi de Castille de 1406 à sa mort. Fils de Henri III et de Catherine de Lancastre, fille de Jean de Gand et Constance de Castille.
- 7 février 1789
Prochain épisode : Quand Cousin Edmond fait la cour
à Tante Dinde et que Suprême s’en mêle !
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