Dans les années 50, Eilis, jeune
irlandaise, immigre à New York avec une promesse de travail comme employée d'un
grand magasin ; En parallèle, elle décide de poursuivre des cours de
comptabilité lors de ses temps libres. Apprenant à aimer son
« nouveau » pays, elle s’intègre peu à peu, malgré un mal du pays
notoire, et s’éprend d'un immigrant italien ; Elle l’épouse en secret mais
en raison du décès soudain de sa sœur, elle rentre en Irlande pour soutenir
leur mère. Revenue sur ses terres, elle retrouve ses repères et tombe sous le
charme d’un ami d’enfance. Confrontée à un choix pour son avenir, elle doit,
dès lors, décider quel pays est désormais le sien.
Attention, bluette en vue !
Je dis cela mais cela n’est en
rien une critique, bien au contraire. « Brooklyn » n’est pas non plus
le film le plus important de l’année, et je l’aurais sûrement oublié d’ici
quelques mois, nonobstant, il se dégage de ce film ancré dans les années 40/50,
avec un flou artistique voulu, une candeur et une sensation de fraîcheur.
Bon, il faut dire que je sortais
de la trilogie : The Revenant, Spotlight, Room et que j’aspirais à une
bouffée d’air.
Le film de John Crowley
bénéficie, il faut le souligner, de l’écriture de Nick Hornby qui a adapté la
délicate nouvelle de Colm Tóibín.
Parmi les acteurs, l’alchimie
entre Saoirse Ronan et Emory Cohen fonctionne à merveille et leur romance
démodée est « la bluette » que j’évoque. Le New York des années 50,
les codes (notamment lors des repas à la pension de famille) et l’immigration
des diverses nationalités sont assez bien retranscrits. La description, par
exemple, de l’intégration des italiens et des irlandais s’expose jusque dans la
façon de se comporter lors d’un bal ou lors d’un déjeuner de famille.
Bien sûr, la ligne directrice du
film se situe sur le déracinement d’Eilis et son intégration au sein d’un
nouveau pays. Elle a laissé sa mère et sa sœur en Irlande, et le mal du pays
n’est atténué que par l’apparition de son amour naissant pour le jeune immigré
italien. Emory Cohen compose un jeune homme travailleur, tendre, attentif mais
sûr de ses sentiments et de son envie de faire sa vie avec Eilis, quand elle ne
sait plus où elle se situe.
Les évènements l’amèneront à
choisir le jeune homme et à l’épouser à la mairie, entre deux inconnus.
Les sentiments sont délicats, un
peu flous pourtant réels, et le contexte de cette immigration dénote avec ceux
évoqués dans le film de James Gray « The Immigrant ».
Cependant, et là est le bémol du
film, les scènes sont un brin conventionnelles et attendues. La romance à
l’ancienne est agréable à suivre, on sourit parfois devant la naïveté des deux
protagonistes, et on soupire aussi devant le sentiment de déracinement de la
jeune femme. Toute personne arrachée à sa terre natale comprendra ce pincement
au cœur !
Pourtant, le retour d’Eilis dans
son pays, suite à la mort de sa sœur, donne lieu à des scènes que je
qualifierais de redondantes. Bien sûr, le contexte de son retour dramatique est
lourd mais l’irruption (si Domhnall Gleesson pouvait apparaître dans n’importe
quel film, cela me conviendrait parfaitement !) de l’ami d’enfance dont
elle semble s’amouracher est un brin tirée par les cheveux !
Malgré le
charme du garçon (je parle du personnage, quoique, oui, bon, vous avez compris !),
on comprend mal son hésitation alors qu’elle s’est mariée et qu’elle a fait la
promesse de revenir à l’homme « qu’elle aime ».
Je pense que le rôle de Gleeson
n’a pas été suffisamment étoffé pour être « crédible » notamment en
comparaison de celui de Tony le, désormais, mari d’Eilis ; Il se contente
de soupirer après elle sans véritablement avoir quelque chose pour faire
basculer la situation.
Le conflit se situe alors, non
pas dans la possibilité de ce garçon, mais dans celle de rester « à la
maison ».
« Brooklyn » est donc
un gentil film, plus de bons sentiments, de jolis paysages et des acteurs
lumineux… Au milieu de la noirceur, cela fait du bien…
Brooklyn
Réalisateur : John
Crowley
Avec Saoirse Ronan, Emory
Cohen, Domhnall Gleeson, Jim Broadbent, etc.
Sortie : 7 mars 2016
1h53
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