Ce texte a été écrit pour un concours de nouvelles... : « N’attendez plus le coup de foudre,
piratez-le ! »
Perso, je n'avais aucune intention d'y participer, mais je trouvais l'idée des étudiants de la Sorbonne excellente...
Je tiens à souligner que mon humour m'a poussé à faire dans la caricature et le machisme afin de créer un hacker bloqué dans une autre époque car je trouvais cela drôle ...
N'allez pas hurler au loup ou au féminisme, merci !!
1ère Partie :
Oui, je sais, j’ai été
foncièrement mauvais.
Mais que voulez-vous,
c’est la faute à Clémence ! Elle n’avait pas qu’à me quitter en me mettant
au défi de lui fournir la définition de l’amour « sans algorithme, sans logiciel, sans traqueur, avec une touche d’humanité
autre qu’une voix synthétique ».
A moi ! Le Hacker
le plus craint de cette partie de l’hémisphère nord !
Comme je ne suis pas un
être fondamentalement inhumain mais qu’elle m’avait un peu énervé, je me suis
mis dans la tête de lui prouver que je pouvais rendre amoureuse n’importe
quelle fille grâce à mes « calculs
de nerd » - elle adorait me taquiner-.
L’amour repose
désormais, à l’ère de tout Internet, sur les algorithmes. Tout est calcul,
équation, base de données.
Il me fallait un proie
et pas n’importe laquelle. Une fille basique, tangible, que je pourrais étudier
facilement. J’ai donc jeté mon dévolu sur la voisine du 5e.
Une chose étonnante,
assez insignifiante en définitive. Il a fallu que je me cogne à elle dans le
local à poubelles un jour où mon ex n’avait pas fait son travail du matin pour
que j’aperçoive cet être banal.
Non pas que je suis le
garçon le plus sexy et beau de la Terre, mais, ma foi, lors de mes sorties aux
conventions spécialisées (où tout bon geek se doit d’aller), j’ai un franc
succès auprès des donzelles à la recherche du grand Amour.
Revenons à ma voisine.
La décrire serait d’une platitude effrayante, mais il est à souligner que
derrière son « sans style » et l’embonpoint, elle a quelque chose
d’unique et d’attirant. Elle est du type de filles que j’appelle communément
« les jolies qui s’ignorent ».
Elles se cachent sous « trop ou pas
assez ».
Personne ne les
remarque jusqu’à ce qu’un kamikaze, en manque d’affectation, se reporte sur
elle(s) et découvre la perle dès l’effeuillage du cadeau.
Quand je l’ai vue, elle
portait un pyjama d’homme trop large pour elle avec un t-shirt Petit Bateau
(oui, je sais reconnaître les marques, j’ai piraté quelques sites à mes débuts)
trop serré. Elle avait une queue de cheval mal attachée par un élastique rose
fuchsia et des chaussons Gros Minet. L’archétype de la vieille fille en
devenir.
Ma proie était
parfaite.
Il me fallait des
informations, alors j’ai fait ses poubelles et j’ai récupéré les publicités et
autres envois issus de base de données achetés en masse et j’ai compilé le tout
dans mon logiciel de piratage.
Il faut dire que je
suis unique en mon genre. J’ai élaboré un programme qui recherche avec l’apport
de quelques renseignements basiques (nom, prénom, adresse, code postal, date de
naissance) tout ce qui peut se trouver sur Internet sur la cible.
Dans mon cas, ma
voisine, que je nommerai MissChat était une droguée d’Internet. N’ayant pas de
vie sociale (elle sortait peu), travaillant pour une administration
territoriale (à horaires fixes) et sans attache (pas de mec à l’horizon), elle
passait ses soirées à surfer sur le Net, et surtout à l’alimenter son blog.
Le thème du blog :
Les chats.
A partir du blog,
remonter jusqu’à toutes ses informations parues sur le Net a été un jeu
d’enfants.
En deux jours, j’avais
tout : cursus scolaire, historique des sites visités sur deux ans, son
adresse IP, nom, prénom, âge, lieu de naissance, noms des parents, numéros de
sécu, derniers achats, ses goûts en littérature, ses dernières sorties au ciné,
ce qu’elle avait mangé le mois dernier (les commandes en ligne, c’est trop
facile à cracker !), etc.
Il ne manquait plus
qu’à pénétrer dans son ordinateur, voir un peu ce qu’elle y cachait (lettres,
brouillons de mail, photos de stars, derniers fichiers téléchargés, etc.)
Cela m’a pris une
semaine pour tout rassembler, trier l’essentiel et me fabriquer une identité
béton en concordance avec ses goûts.
Oui, évidemment,
j’avais envisagé la solution de l’inscrire sur un site de rencontres pour
qu’elle trouve le mec idéal, mais la probabilité pour que la demoiselle flashe
sur un type « normal mais
attractif » était inversement proportionnelle à mon envie de récupérer
l’autre emmerdeuse et de coucher avec elle.
Et puis, il faut dire
que ne possédant pas de photographie potentiellement sexy de MissChat, je
courais au désastre.
Le dernier site de
rencontres à la mode « SéduisMoi » (qui avait bien pu
trouver un nom aussi con !) acceptait tout le monde « sous réserve de validation de photos mettant
en valeur le meilleur de vous-même ». Autant le dire tout de suite
« Si t’es moche, même pas en rêve ».
MissChat n’était pas
moche. Elle était de celles qu’on ne dit rien.
Comme dirait ma petite
cousine : Choupinette, un truc mignon mais qu’on oublie systématiquement
dans les toilettes publiques.
Ouais, je sais, je suis
méchant. Mais réaliste.
Bref, après une
semaine, j’ai laissé mon programme ultra calibré me définir le portrait robot
de l’homme idéal selon MissChat.
Premier
élément : qu’il aime les chats.
J’ai créé de toute
pièce (la classe !) un site sur les chats avec un nombre considérable de
commentaires « d’admirateurs »
et j’ai piraté un vieux blog pour lui faire croire que ce vieux site avait
migré vers une version moderne.
Elle y allait de temps
en temps et, donc, allait forcément tomber sur mon profil.
Deuxième
élément : qu’il soit un mec ni beau, ni moche, mais avec un côté
rassurant.
J’ai galéré comme un
fou pour réaliser un portrait robot ! Putain de logiciel de traitement
d’images ! Cela te permet de retoucher ta cellulite mais agence mal
différentes parties du visage. J’ai opté pour un portrait en noir et blanc,
histoire de cacher quelques « imperfections ».
Un truc flou.
Le côté « je suis
un oiseau tombé du nid » fait toujours rejailli le côté maternel d’une
fille.
Là, mon profil, mon
pseudo (Zébulon), mes goûts et le fait que mon chat était en train de mourir,
ont agi comme par magie.
En deux jours, elle
m’avait accepté comme « ami » sur le forum des chats. J’ai tenté le
MP[1], sans
succès.
Méfiante, la bestiole.
Une semaine plus tard,
mon chat mourait. Dieu est son âme, j’étais « inconsolable ».
Le hasard a voulu que
le sien trépasse vraiment.
Deux
cœurs meurtris se rassemblent en MP.
Une semaine plus tard,
nous étions un peu copains comme cochons.
On échangeait presque
deux heures tous les soirs sur le chat du site. Elle était drôle, MissChat.
J’en oubliais même la
mort de mon chat !
Pendant quinze jours,
j’ai tissé ma toile. J’ai piraté deux ou trois fois sa messagerie et j’ai lu
deux ou trois mails me concernant. Elle écrivait à une vieille copine de lycée,
habitant à l’autre bout de la France, que le « mec du forum était vraiment trop chou, avec des goûts similaires
aux [miens] et un parcours de vie quasi identique ». Elle posait
la question si cela était une coïncidence ou juste le destin. Sa copine lui
demanda alors si j’avais fait des avances, ou écrit quelque chose qui laissait
à penser que j’étais « intéressé ».
J’étais « intéressé », donc, j’y suis allé
franco.
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