Lors d’un échange avec
L, ma fidèle lectrice et correspondante préférée, une réflexion sur le travail
et la « vraie vie » a été
abordée rapidement.
L m’a alors précisé
qu’elle aimerait bien avoir mon avis sur le sujet.
Précision utile,
chevillée au corps et martelée depuis l’enfance : « le travail, c’est le travail. Tu peux te
lever, tu marches et tu vas bosser, merdus ! »
En résumé, chez nous,
cela ne badine pas avec le travail. Quel qu’il soit. Que vous soyez employé,
ouvrier, cadre, dirigeant, médecin etc., on bosse. On le fait du mieux que l’on
peut (avec une nette tendance à l’exploitation compte tenu de notre propension
à être pointilleux et largement compétents) et toujours dans la législation,
les règles, l’ordre établi et le respect de la hiérarchie.
On (quand je dis
« on », c’est des
générations de plus anciens) nous a expliqués en long, en large et en travers,
l’intérêt du « travail » et
du « respect du supérieur ».
Point de badinage avec ça !
Alors, je dois
l’admettre, même si je râle, j’aime bien aller bosser At The Office. Il y a des
jours avec ou sans, des jours où tout s’écoule et d’autres où tout s’écroule,
mais en définitive, comme j’ai fait mon travail, je repars sereine le soir.
Cependant, il est à
souligner que je n’ai, comme le précise mon papounet chéri, « ni ambition, ni intérêt pour le
pouvoir ». Je suis de ceux qui ne mesurent pas l’intérêt d’une
personne ou de la vie à la grandeur du bureau, au nombre d’ « amis », de cartes de visite et,
encore moins, aux cartes de vœux professionnelles reçues.
Je ne vois aucun
intérêt à fréquenter quelqu’un uniquement parce qu’il peut être influent.
Ma vie est ailleurs,
mes intérêts et mon envie de vivre aussi.
Je ne m’intéresse aux
gens que s’ils ont des valeurs personnelles, intellectuelles et humaines (pour
ne pas dire humanistes qui conviendrait mieux) qui sont en adéquation avec les
miennes.
Les jeux de pouvoir, de
stratégie, d’influences, et de « c’est
moi, là, sur la photo ! » m’insupportent grandement.
Mon ambition est
limitée à avoir la vie que j’aime, à ne pas me laisser enfermée par une idée, un dogme ou même un paradigme. Je souhaite être libre de choisir mes amis pour leurs
beautés intérieures et, non pas, parce qu’ils auront une valeur matérielle
ajoutée.
Même si je peux
largement paraître snob pour beaucoup (et je revendique mes goûts pour les
belles choses), l’argent et les possessions matérielles n’influencent pas mon
jugement sur une personne.
Fusse-t-elle un homme
de pouvoir, si ce dernier ne rassemble pas un minimum de valeurs fondamentales
(dont la loyauté et la fidélité de cœur font partie), il pourra toujours me faire la cour, il aura, comme les autres, un bon de sortie immédiat.
En outre, je ne conçois
pas le travail comme une fin en soi. J’ai croisé des personnes qui étaient
accablé(e)s de partir à la retraite. Ils n’imaginaient pas que leurs société,
entreprise, administration, que sais-je ?, puisse continuer sans elles ?
Ou plutôt, comment allaient-elles continuer sans leur travail ?
Sans compter sur ceux
qui se font dévorer par leur société, consumés par l’ambition, une revanche
quelconque et le sentiment (erroné) d’être indispensable ou incontournable
(vous savez ceux qui ne lâchent pas leur iPhone même pendant le déjeuner – en
duo – au bord de l’eau, sous prétexte de « vérifier la météo »).
Oh, oui, je vous
entends d’ici « Personne n’est
indispensable ». En effet. Personne. Pourtant qu’est-ce qu’il y a
comme monde qui s’accroche bien avant et après l’âge légal de la retraite pour
une place, un titre, un fauteuil ou même un bout de voiture !
Je conçois ma vie
différemment. On naît sans savoir pourquoi, et on meurt de la même manière.
Entre les deux, on avance autant que faire se peut et on emmagasine des
souvenirs, des petits bonheurs et des rencontres.
Je m’efforce juste de
profiter de la moindre parcelle de vie qu’IL voudra bien m’accorder (bon, je
sais qu’on ne peut pas négocier avec le Patron, mais…).
A la fin de ma vie (le
plus tard possible, merci, veuillez noter que je préférerais être âgée de 95
ans, avec toute ma tête, mes jambes, mes bras et mon autonomie !), quand
je me regarderai dans la glace (si j’ai encore cet usage-là… merci de le
rajouter à la liste ci-dessus), je voudrais juste penser que tous mes souvenirs
sont des moments d’amour avec les gens que j’aimais (aime, et aimerai).
Que j’ai pu réaliser
quelques-uns de mes rêves d’enfant, que j’ai pris le temps de partager un
moment avec quelqu’un, que je n’ai sacrifié personne, que j’ai pu intrinsèquement
faire ce que je voulais.
Parce qu’à la fin,
honnêtement, quand vous êtes dépouillé de tout (et tous, si vous vivez très
vieux), ce qu’il reste, ce sont les gens qui vous aiment et ceux que vous avez
aimés ; les souvenirs (matériels ou immatériels) et la musique de la vie.
Le reste n’a pas
d’importance, ce n’est juste que du vent.
Cela peut vous paraître
idéaliste mais j’aime beaucoup cette idée qu’un vieux copain, aujourd’hui
absent, m’avait exposée un soir : « Peter Pan n’avait pas tort. Il ne faudrait jamais grandir… pas
totalement ».
Alors, 50 % pour moi,
25 % pour la vie professionnelle, et 25 % pour la petite fille que j’étais.
Merci pour ce billet.
ReplyDeleteEn effet on en a déjà discuté par mails et, je me répète, ça fait plaisir/chaud au coeur/ça rassure de voir que je ne suis pas la seule à avoir cette conception de l'existence.
Dernier point : Peter Pan. Pendant longtemps je trouvais ridicule cette histoire de syndrome de Peter Pan dont aurait été atteint Michael Jackson, mais avec les années qui passent, je finis par me demander si ce n'est pas également mon cas. Va falloir que je creuse la question...
Merci +++ Tu vois que j'ai pensé à toi (encore, et toujours !)... Ma conception est largement à mettre au crédit de mes grands-parents...
DeletePour Peter Pan, il faut juste revoir le dessin animé quand on est plus "vieux" et garder son âme enfant avec son recul adulte... C'est difficile, mais c'est vital...
Dès que tu as creusé, dis-moi le !