Lila m’a interrogée sur l’amour
« en général ». Bon, comme
elle m’a autorisée à divulguer une partie de sa raison « du pourquoi et comment », je résume
brièvement.
Lila a 17 ans (la choupinette),
est amoureuse (de Choupinet, donc), et vient de découvrir qu’elle détestait sa meilleure
amie (à elle) « barbie » (« parce qu’elle est grande, blonde, mince et
très belle…. » Selon Lila) à cause de sa propension à soupirer sous le
nez de Choupi pendant les soirées.
Lila m’a donc demandé si,
« comme j’avais sûrement été
amoureuse », j’avais connu ce sentiment d’avoir envie (je cite)
« de lui faire avaler une méduse à
Barbie » (Lila est, enfin, était, en congés à St Raphaël cet été).
Puis, est venue la question de
la mort : « Comment
reconnaît-on qu’on est amoureux ? ».
La question que je déteste par
excellence.
Je pense qu’il y a autant de
réponse que d’individus. Chacun ressent selon sa propre vision de l’amour, son
parcours, son éducation et son passé.
Sans divulguer les secrets
d’état, un des symptômes chez moi c’est que je n’en parle pas. Je suis à
l’inverse de beaucoup. Si j’aime quelqu’un, je fais en sorte que personne ne le
sache (y compris, quelque fois, le principal intéressé).
Pour vivre heureux, vivons
cachés.
J’applique cette méthode
(surtout avec la curiosité conjuguée de Peter&Pan) depuis mon premier petit
copain en 6e.
J’ai passé des semaines à soupirer sur un garçon en 4e et quand on est arrivés ensemble à une boum (oui, ben, quoi ? On a la génération qu’on mérite ! La mienne, c’est Casimir, Boum et compagnie !), tous mes copains et copines m’ont dit « Mais, heu, depuis quand il t’intéresse celui-là ? ». J’ai vaguement répondu une fadaise, mais le principe était acté : mieux vaut ne rien dire.
Alors, me direz-vous, quand
j’évoque quelqu’un souvent, c’est que je ne ressens rien ? Pas sûr. Il se
peut que quelqu’un m’intrigue et que, tant que je n’ai pas trouvé ma réponse
(et je dis bien MA réponse, pas LA réponse) à mon interrogation, j’y pense.
Par contre, être amoureuse,
c’est un autre concept. C’est plus dans le côté émotion et trouble que cela se
produit. Je n’affiche généralement pas les envolées que la plupart de mes
copines ont quand elles sont amoureuses -en tous les cas en public- (elles sont collées à leur
moitié ; elles en parlent au présent et futur ; elles disent nous à
tout bout de champ ; elles ne se concentrent plus sur rien, même pas sur
les soldes ; elles soupirent toute la journée ; elles ne répondent
plus à vos appels, etc.), je suis même à la limite du froid polaire et joue à la (belle ?) indifférente. Mais tout
se passe à l’intérieur.
Le premier symptôme qui apparaît
(et lors duquel, en général, je me dis « oh merdus ! »), c’est la fragilité. Je me sens vulnérable
en la présence de l’autre et je n’aime pas cela, mais j’apprécie quand même.
Paradoxal, je sais.
Lila m’a alors rassurée en me disant que finalement « elle ressentait aussi cette vulnérabilité quand Choupinet ne lui parlait pas et qu’il semblait ailleurs ».
Le deuxième ? Je deviens
particulièrement lunatique. Une heure ça va (heure ? Minute, oui !),
l’autre moins. Je ne le montre pas, mais je le sais. Je m’emmerde copieusement et
personnellement, je me suis insupportable.
Le troisième ? Je deviens limite niaise quand je m'explique essayant de me concentrer sur les mots pour ne pas faire de lapsus (ma spécialité !) et les silences s'accumulent ; Ou je ne dis pas la bonne phrase au bon moment alors que je l'entends dans ma tête !
Alors, j’ai expliqué à Lila que
Barbie était un peu celle que l’on redoute toutes : la fille qu’on
voudrait être ; Mais il faut savoir aussi que « Choupinet » ne l’a pas courtisée, il a déclaré sa flamme à
Lila.
Cela n’a pas rassuré ma Lila et
elle m’a dit que j’étais « étrange mais
raisonnable ». Elle m’a dit se sentir « pas assez belle pour Choupinet et qu’un garçon comme lui allait
sûrement préférer la Barbie, parfaite, elle ! ». Je lui ai argué
que les filles sont généralement plus dures envers elles-mêmes que le type qui déjeune
en face d’elles.
Je lui ai alors expliqué que les
garçons n’étaient pas des « filles comme
les autres » (ça l’a fait rire et elle a oublié de récupérer la méduse
pour Barbie) et qu’ils n’étaient pas bavards en général, et sur leurs
sentiments en particulier.
Que déjà (pour la plupart des
garçons, j’exclus ici les spécimens crétins qui pullulent dans ma ville de
résidence) le fait qu’il ait fait le premier pas en l’invitant, à être son
petit copain, c’était déjà un grand signe de son attachement.
Parce qu’il ne faut pas croire,
mais pour avoir côtoyé quelques garçons (qui me considéraient au même âge que
Lila « pas comme une fille »… ;
ceci est autre histoire), qu’ils sont moins sûrs d’eux qu’ils ne veulent bien
le dire. La peur de se ramasser un « non »
les paralysent ou les freinent plus souvent que nous.
Nous, les filles, n’y allons pas
à cause de ce concept inculqué depuis la nuit des temps : les filles « bien » ne font pas le premier pas ;
« ce n’est pas une attitude correcte
pour une fille », j’ai entendu cette phrase des milliers de fois.
On attend (un peu comme la
débile au Moyen-Âge dans sa tour qui attendait le retour du chevalier de son cœur
de croisade) que celui qui nous plaît daigne nous dire clairement (pas avec une
allusion tellement éloignée de la demande initiale qu’il faudrait qu’on google « la pensée masculine pour les nuls »
pour avoir la traduction simultanée !) : « et si on allait discuter de ça chez XXXX, demain soir ? ça irait ? » ;
XXX correspondant généralement à un café/bar/salon de thé le moins en vue de la
ville, histoire que si ça foire, personne ne soit présent.
Lila a alors éclaté de rire et m’a
raconté comment Choupinet lui avait demandé d’être « sa copine » après trois mois de « ça va ? oui. Et Toi ? oui. Merci » : « un mélange de crétinerie et de naufrage…
avec un – « heu, tu veux un coca ou un pepsi ? » en plein cours !
Il croyait quoi ? j’ai répondu « heu, maintenant ? » et il
a dit en rosissant bêtement « heu, non, après la classe ». J’ai cru
qu’il passait l’oral du bac ! ».
Pas faux.
Après cet échange, Lila est partie
au ciné « avec Choupi » et
m’a assuré ne plus « se démonter la
tête à cause de Barbie » et de prendre l’histoire avec Choupi au jour le jour.
Mais elle a 17 ans…. Et on n’est
pas sérieux quand on a 17 ans (ah... Arthur*) !
Ni après d'ailleurs !
* Arthur Rimbaud, au cas où.....
Ni après d'ailleurs !
* Arthur Rimbaud, au cas où.....
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