Ce petit organe est
dernièrement soumis à rude épreuve. Il fonctionne d’ordinaire plutôt pas mal et
n’a, généralement, aucun problème à ne pas bouger d’une once là où le commun
des mortels s’emballerait trop vite.
Mais, il arrive que mon
petit cœur, puisque c’est de lui dont je parle, soit soumis à un stress et une
pression tels qu’il ne réagisse pas aussi bien qu’à l’accoutumée et qu’il lâche
prise. Dans ce cas-là, mon cerveau (toujours à l’affût d’un mauvais coup
celui-là) reprend le pouvoir et impose des mesures drastiques.
Dernièrement, alors que
mon cœur affichait allégrement un tempérament idyllique et largement épanoui,
un léger coup de blizzard a gelé les rouages et le cerveau s’est engouffré dans
la faille.
Inutile de vous dire
que la discussion a été particulièrement peu amicale entre deux éléments
indisciplinés et incapables de s’entendre…
Cœur : Eh, ho, tu
vas me gonfler longtemps, toi ? Je te dis que je gère !
Cerveau : Y’a du
mou dans les rouages ! Tu vas m’obéir, oui !
Cœur : Non.
Jamais !
Cerveau : Tiens,
pour le coup, je demande à mes services de ne plus t’alimenter en
oxygène ! Tu vas bien finir par céder !
Cœur : Jamais !
(oh, merdus, il ne plaisante pas ! Je commence à manquer d’air !).
Cerveau : Tu te
rends bien compte que tu fais une erreur monumentale à être gentil comme cela.
Tu dois être plus intransigeant. Ne rien céder. Ne jamais rien montrer. Réfléchir !
Réfléchir ! Réfléchir ! Et trancher dans le vif, nom de Dieu !
Cœur : Pas la
peine d’être grossier ! Si je veux être gentil et tout Amour, moi !
Cerveau : Ne fais
pas ton crétin ! L’amour ! Mais qu’est-ce que tu y connais ?
Hein ? Tu t’emballes, tu exaltes, tu soupires, tu pleures et tu te
brises ! Ah, bravo, Monsieur le grand amoureux ! Reste dans ton
domaine de compétence : fais marcher la mécanique, je m’occupe du
reste !
Cœur : Ah,
oui ! On peut compter sur toi et ta logique froide ! Pas de sentiment,
pas d’émotion, tout cacher ; Et je te le demande, où caches-tu tes
émotions ? Dans un de mes tiroirs ! C’est pratique d’accuser les gens
quand on planque des choses pas très nettes chez un voisin !
Cerveau : Cette
discussion est stérile, tu ne comprends rien. A quoi cela te sert de te faire
souffrir comme cela ? Tu ne serais pas mieux, toujours heureux, sans
d’émotion forte ? Après, tu pleures et tu emmerdes tout le monde avec tes
états d’âme ! Même l’aorte se plaint de ta mauvaise humeur !
Cœur : L’aorte, je
l’emmerde ! Elle n’y comprend rien à l’Amour…
Cerveau : L’amour
est une invention ! Une chimère pour éviter que les hommes se foutent en
l’air dès leur premier jour de réflexion ! Et arrêtes de mettre un A à
amour, c’est ridicule !
Cœur : Je gère, je
te dis !
Cerveau : Tu ne gères
rien du tout ! Bon, écoutes, c’est simple. Tu oublies ton coup de cœur du
moment, tu prends des vacances, tu penses « noël, sapin, guirlandes,
boules et foie gras », tu t’enveloppes dans du papier cadeau et tu joues
au lutin… Moi je m’occupe de zigouiller ce coup de cœur à grand renfort
d’arguments logiques et imparables. T’aimes pas Noël, toi ?
Cœur : OH
OUI !!! Beaucoup !
Cerveau : Allez,
hop, c’est parti ! Tu gères Noël, moi le reste !
Du coup, mon cœur s’est
encore fait avoir par mon cerveau…. Et il continue à soupirer malgré son
affolement à la vue d’un sapin de noël…
"L'aorte, je l'emmerde !" Aussi improbable que délicieux à lire !
ReplyDeleteImprobablement, quelqu'un (vous) a aimé mon texte ! Merci :) Beaucoup.
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