Avant l’autre repas festif et campagnard qui nous tendait les bras le vendredi suivant l’agonie éthylique de la semaine précédente, nous avions la ballade organisée par l’office du Tourisme du coin ! Et là, ce fut également épique.
Déjà, pour vous situer le niveau de groupe de marcheurs que nous sommes, il a fallu environ deux heures pour que chacun trouve la tenue adéquate et s’équipe du matériel nécessaire pour sa survie.
Un était à la limite du dandy anglais (ou d’Indiana Jones au choix) avec gourde en fer blanc, panama, appareil photo en bandoulière, boussole et iPhone (toujours utile en rase campagne, surtout quand la campagne en question n’a aucun réseau desservi par l’opérateur souscrit) ; Deux avait opté pour l’ensemble robe bustier aux fesses-tropéziennes-smartphone-monoï (et attirait donc les mouches, moustiques, guêpes, abeilles, hommes en rut… rayez la mention inutile) ; Trois était le clone d’un scout (le sac à dos avec le petit drapeau compris) ; Quatre dégoulinait toujours mais avait rechargé tous son « matos, au cas où » (iPhone, MP4, iPad) pour le trimballer dans les poches de son pantalon (sauf iPad collé à son buste !) ; Quant à moi, j’avais revêtu l’habituel équipement : jean-converse-t-shirt(noir)-queue-de-cheval-bouteille-d’eau-Lumix-MP3 (au cas où idem).
Quand nous sommes arrivés devant l’Office du Tourisme, il y avait une bonne centaine de personnes, toutes équipées pour marcher des heures et qui avaient eu l’idée intelligente de prendre de bonnes chaussures de marche.
La première demi-heure fut agréable et ce, malgré la cadence imposée par les marcheurs de tête (moyenne d’âge soixante-dix ans !). Trois s’étant fait une copine, cela chantonnait du Johnny en canon.
Deux commença à se faire remarquer quand, au bout de trois-quarts d’heure, elle demanda si on avait prévu « un arrêt pipi ». Quatre soupira et monta le son de son MP4. Il marchait à une cadence militaire.
Un et Bibi étions déjà à l’agonie. Un à cause du poids de l’appareil photo (argentique, Oui, Madame !) et de la gourde ; Bibi par manque d’enthousiasme et d’entraînement (du sport, voyons pas de sport… Winston Churchill, je vous remercie !).
Quand notre troupe attaqua la partie « en montée » de la promenade, Deux et Un commencèrent à faire sécession et entreprirent de marcher à leurs rythmes respectifs (la limace et l’escargot). En sus, Deux développa des ampoules par le frottement de ses tropéziennes « hyper mode, merdus ». Un refusa de la porter sur ses épaules (« et puis, quoi encore ! Je vais aussi lui prêter ma gourde, à la gourde ? ») ce qui fit gémir Deux.
Quatre avançait toujours à la vitesse d’une troupe d’élite et faisait l’admiration des marcheurs. On entendait sans arrêt des « Ah, mais qu’il est sportif ce petit » ou des « Je suis épaté(e) par l’endurance du gaillard ». Il recueillit l’ensemble des suffrages et aurait pu, sans problème, briguer la Présidence (du club des marcheurs, s’entend !).
Trois entamait le live du Stade de France de Johnny en duo avec sa « nouvelle copine » et ne se rendait compte de rien (ni de la pente, ni de la chaleur, ni de la déshydratation !).
Quant à Bibi, je m’occupais comme je pouvais et dégainait mon Lumix à la vitesse de la lumière. Toute pause était bonne à prendre pour respirer normalement. J’ai même hululé deux fois dans la montée en prétextant avoir vu « une espèce inconnue de coccinelle » (tu parles, en fait, rien du tout, oui, fainéante !).
Après deux heures de marche à ce rythme de combat, on pouvait observer le classement suivant :
- Quatre menait la troupe et avait rangé ses iPad, MP4 et iPhone (ce qui rendra directement dans le top 5 de l’Histoire familiale !). Il débattait avec les « vieux » des bienfaits de la « technologie de pointe » et se sentait important (et nous a rabattu les oreilles avec cette sortie pendant des heures !).
- Un se trouvait en milieu de peloton, haletant comme un bœuf, rouge comme une tomate et ne trouvait plus du tout cela « une sympathique petite promenade de santé » (dixit Un au réveil !). Il avait même vidé la moitié de la gourde quand il avait réalisé qu’une voiture balai nous suivait à bonne distance pour ravitailler les troupes en petites bouteilles d’eau fraîche !
- Trois formait avec sa copine « Johnny » un petit noyau où s’étaient agglutinées cinq personnes qui ne marchaient pas suffisamment vite pour fuir le canon infernal. Trois trouvait le temps « délicieux », les chansons « adaptées » et la marche « vivifiante ».
- Je formais avec l’appui de « Voici-Gala-Point de Vue » (tel était son surnom depuis une heure) un duo d’enfer. Elle parlait sans cesse et me tenait au courant de ses lectures hautement philosophiques (« ça, alors, Vanessa n’est plus avec Johnny… J’en suis malaaaade », « Et dire que la Duchesse de Cambridge n’est pas encore enceinte, que font-ils donc ? », « Vous avez vu Victoria et son tailleur strict ? ») et je prétextais LA photo du siècle pour m’échapper de dix mètres. Malheureusement pour moi, elle m’attendait gentiment pour que je ne me perde pas « dans les bois » (trois arbres au mètre carré).
- Deux occupait les profondeurs du classement avec ses tropéziennes en bandoulière, sa démarche de canard boitant légèrement du pied droit (ampoules) et traînant le pied gauche (cailloux). Elle souffrait autant physiquement que moralement, ne trouvant aucun réconfort parmi les derniers de la classe, qui malgré leurs allures, étaient des habitués. La voiture balai eut pitié d’elle à moins de deux kilomètres de l’arrivée.
Quand nous arrivâmes sur la place du village hôte, Quatre jubilait et demandait quand était prévue la prochaine, Un refusait de manger sur place (« Je veux rentrer, maintenant, ****** ! »), Trois demandait son numéro de téléphone à son Johnny de service et Deux pleurait à l’arrière de notre voiture.
J’étais, quant à moi, trop épuisée pour réaliser que je venais de faire neuf kilomètres au côté du bel hollandais que j’admirais depuis plus de deux semaines lors qu’il passait devant chez nous en courant. Même quand il m’a salué d’un « A jeudi prochain ? », j’ai tourné les talons et me suis affalée sur le siège passager.
Chez nous, le sport se pratique devant la télévision, devant un écran d’ordinateur ou en chambre (ah, quand même !).
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