Wednesday, August 15, 2012

J-24 avant les vacances :)



Immanquablement, la dernière journée au bureau avant les grandes vacances se passe presque toujours dans l’agitation et l’hystérie collective pour clôturer au mieux les dossiers et passer la main à ses collègues.

Cependant, lors d’un autre siècle et d’un autre poste que celui que j’occupe désormais, j’ai vécu une dernière journée particulièrement bizarre, à la limite de l’ennui mortel. J’avais pris quelques notes à l’époque…

8h : Arrivée au Cabinet. Personne. Mais où diable sont-ils ?

8h10 : Toujours personne. Me suis-je trompée de lieu ? D’heure ? De date ?

8h11 : Le coursier arrive, essoufflé, en me demandant de lui photocopier un document (oh, tout doux, je n’ai toujours pas allumé la photocopieuse !).

8h13 : La copie faite, il repart et je ne le reverrai plus.

9h : J’entame mon quatrième café et j’essaye, en vain, de joindre mon boss.

9h30 : Arrive la secrétaire principale qui me dit ne pas s’être réveillée et qui, aussitôt, m’indique qu’elle a pris l’après-midi pour faire les soldes.

10h : Ayant regagné mon bureau avec un courage mirifique, j’entreprends de classer, trier et broyer la pile de papiers entreposés depuis trois mois.

10h30 : Ce broyeur est formidable. J’ai fini. Je regarde ma montre. J’ai faim.

11h : La secrétaire principale m’informe que les deux chefs ne passeront pas aujourd’hui mais qu’ils appelleront vers 15h pour « prendre le pouls » (récupérer les messages, donner les instructions, engueuler le chauffeur, faire pleurer la standardiste…).

11h15 : Elle s’en va et me laisse les clés du Cabinet en me demandant de bien vérifier les fax dans son bureau.

11h20 : Par acquis de connaissance, je vérifie le fax.

11h22 : Je regagne mon bureau. Je n’ai plus rien à faire (ayant clôturé tous mes dossiers la veille) et je m’ennuie.

11h25 : Je surfe sur Internet et repère une jolie petite robe mais il n’y a pas ma taille.

11h36 : J’abandonne Internet pour me recentrer sur le boulot et cherche, vainement, de l’intérêt pour le Droit.

11h46 : N’ayant pas trouvé un quelconque appel dans les Codes, je reprends ma recherche de robes.

12h10 : J’ai faim. Ah ! Il est l’heure. A table !

12h11 : J’ai beau m’égosiller, personne ne répond. Je suis seule.

12h15 : Finalement, je n’ai pas vraiment faim, mais j’entame ma tartine de St Moret.

13h : J’ai encore faim. Allez, au diable les kilos, je mange deux « Palmito ».

13h02 : J’ai encore faim. J’entame le troisième Palmito et j’emprunte un yaourt à ma collègue en lui laissant un post-it « Bon pour un yaourt ».

13h10 : J’ai besoin d’un café (voire de deux, trois, quatre ou cinq) afin de palier toute idée de sieste.

13h12 : Au moment précis où je trempe mes lèvres dans mon café brûlant, le téléphone résonne et je me précipite (oui, depuis le temps que j’attendais un appel désespérément, vous pensez bien que je me suis ruée sur le combiné !), je renverse la tasse sur la table, je me brûle et me voilà à jurer comme un charretier avant de décrocher. C’est mon patron qui se renseigne sur les « évènements de la matinée ». Dois-je vraiment lui préciser que je m’ennuie ? Il me parle de ses velléités de « ne rien faire aujourd’hui » (je cite) et de la « prendre cool ». Il m’indique que je pourrais partir plus tôt « vers 19h30 » au lieu de mon heure habituelle (20h30) et je me retiens de dire « Vous êtes trop bon ».

13h30 : L’air de rien, il m’a tenu presque vingt minutes et j’ai oublié mon café.

13h50 : Le chauffeur arrive en disant qu’il prend l’après-midi et reviendra demain matin pour « récupérer le boss ». Il s’attarde avec moi autour d’un café et nous papotons tranquillement de nos projets de vacances. On s’ennuie malgré tout et il me suggère de partir plus tôt. « Malheur ! Il est capable d’appeler pile à 19h30 pour être sûr que je sois encore là ! ».

14h30 : Le chauffeur s’en va et avec lui mes derniers espoirs de croiser une personne en chair et en os avant de partir en vacances.

14h59 : Un client appelle pour savoir à quelle date est reporté son dossier devant le Tribunal Administratif. N’ayant pas le temps matériel de lui répondre (je fais sécher mon vernis), je lui propose de le rappeler d’ici « vingt minutes ». Il s’excuse presque de me déranger et me remercie de prendre le temps de le renseigner !

15h : J’ai honte et je regarde dans le fichier.

15h01 : J’ai l’info. J’en fais quoi ? Si je rappelle si vite, il y a de fortes chances qu’il pense que je me foutais de lui ! En outre, mon vernis n’est pas encore sec.

15h02 : Rongée par les remords (oui, enfin tout est relatif !), je me décide à le rappeler.

15h03 : Il ne répond pas. Je laisse tomber. Je le rappellerai d’ici vingt minutes comme prévu.

15h23 : Après un café, une cigarette et une pause pipi (c’est dire l’occupation !), je rappelle le client qui me voue un amour démesuré pour l’information que je lui donne « si rapidement ».

15h24 : Culpabilité, mon amour !

15h25 : Deuxième cigarette en moins de trente minutes, la fumée masque ma honteuse existence.

15h29 : J’ai sommeil.

18h01 : Je me réveille en sursaut à cause d’un fax. La honte, j’ai dormi au bureau, la tête sur les dossiers du chef, avec les téléphones actifs (et donc la possibilité de louper un appel) et surtout avec les portes non verrouillées (et donc la possibilité de voir débarquer quelqu’un sans m’en apercevoir !).

18h02 : Je fonce dans la salle de bains privative de mon patron et je retape tout ce qui ne va pas (le mascara fait de bien jolies traces sous mes yeux… loin d’un smoky parfait !) et je repars à mon poste.

18h10 : Chéri m’appelle pour me dire qu’il rentrera plus tard car il est débordé avant le départ en vacances.

18h11 : J’acquiesce non sans penser qu’il se moque de moi et qu’il doit être en train de préparer sa sieste lui aussi (au mieux… Je préfère ne pas imaginer le pire…).

18h12 : Je rappelle Chéri qui me dit un peu aimable « Merde, je suis overbooké, là ! T’as rien à faire, toi ? ». Heu, ben, non…. Mais je réponds un peu énervée « mais, si, mais qu’est-ce que tu veux manger ? ». Il ne daigne même pas me répondre. Ça promet pour le trajet en voiture demain !

18h20 : Je note tout ce que je pourrais préparer pour dîner sans vraiment avoir envie de cuisiner.

18h30 : Le chauffeur m’appelle pour me dire que le chef « doit passer d’ici dix minutes pour récupérer la valise cabine ».

18h31 : Même pas le temps de me retourner que le chef débarque, tout bronzé, en short et tongs et me dit : « ma femme m’attend en bas ! Bonnes vacances, et surtout n’oubliez pas, partez plus tôt, vers 19h30 ! ». Il claque la porte derrière lui.

18h37 : A-t-il remarqué mon vernis en vue sur mon bureau avec la masse de coton dans la poubelle ?

18h38 : Et l’odeur de dissolvant ?

18h41 : Je stresse et je refume une cigarette.

19h : Après une autre cigarette, je décide de boire un coup pour faire passer le tout et je me sers un martini on the rocks !

19h15 : Je fais le tour du Cabinet et je ferme toutes les portes, fenêtres, et autres placards, puis éteins les imprimantes, fax et autres climatiseurs.

19h28 : Je prends mon sac, je ferme les volets roulants et je me refais une beauté.

19h29 : Le téléphone sonne. Merdus !

19h30 : C’est le boss (évidemment !). Il souhaite me dicter un courrier « urgent » qu’il compte signer demain matin et qu’il « enverra lui-même » à condition que je lui prépare l’enveloppe libellée.

19h32 : Mais c’est un roman ou quoi ?

19h35 : Il hésite sur un mot. Je veux le tuer.

19h36 : Il renonce au mot et me fais changer tout le paragraphe.

19h40 : Il m’annonce fièrement que « non finalement, on annule la lettre ».

19h45 : Je peste tellement que j’en ai oublié l’heure.

19h46 : Il rappelle pour m’expliquer qu’il lui faut un nom dans le dossier « Machin contre Truc ».

19h47 : Je ne trouve rien dans son bureau où c’est carrément le « bordel ».

19h49 : Je le rappelle en lui disant que dans tout son « foutoir », c’est difficile de s’y retrouver. Il convient que, finalement, il sera le seul à trouver le nom de ce « con ».

19h50 : Il me souhaite de bonnes vacances (de nouveau) en me précisant qu’à la rentrée « il faudra s’y mettre à ce classement ! ».  J’espère qu’il plaisante !

19h52 : Mon sac sur l’épaule, je mets la clé dans la serrure et je m’en vais.

19h55 : Je n’ai pas atteint le coin de la rue que je réalise que j’ai oublié de mettre l’alarme.

19h58 : Je suis de retour !

20h01 : Cette alarme est un boulet !

20h02 : C’est bon, j’ai résolu le problème. Je pars.

Sur le chemin du retour, Chéri m’appelle pour me dire qu’il arrive à la maison (hum…) et le boss pour vérifier « si j’ai bien branché l’alarme ».

Entre chéri et le boss, je me demande qui m’insupporte le plus !



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