Après deux semaines d’inaction (il me fallait bien cela pour me
remettre de ma première vision du travail et surtout pour profiter de quelques
sorties « amicales » avec mon ex-camarade…) où j’en ai profité pour
traîner dans les salles obscures (au grand plaisir des ouvreuses qui ont finies
par m’adopter et me faire rentrer gratos une fois sur deux …. A 4 séances
par jour, vous imaginez le bénéfice pour mon portefeuille… et accessoirement le
manque à gagner du patron du cinéma !),
« tuveuxbosserbentantpis » me rappelle avec comme préambule un
« T’as fait très bonne impression lors de ta première mission »
(merci… pas sûre que Josiane pense la même chose !).
Ma chargée des suivis m’explique que plusieurs missions cadrent avec
mes « compétences et expériences professionnelles » (limitées
dans les deux cas) mais que cela va m’amener à changer d’entreprise tous les
jours.
Allez, soyons fous !
Allez, soyons fous !
Elle m’indique les entreprises le vendredi après-midi et me demande de
passer (après le ciné, merci !) pour récupérer les fiches détaillées des
missions évoquées.
J’observe le fiche et je me rends rapidement compte que je vais voyager
dans toute la ville. 5 missions, 5 arrondissements. Je vais à la station de
métro la plus proche et je regarde la carte du réseau. Oui, il fallait bien,
certains noms de quartier m’étaient inconnus (tout du moins dans leurs localisations
et la façon d’y accéder !).
Lundi : mission d’intérim pour une société d’import-export.
Mission propre : standardiste bilingue chargée du dispatching des
communications entre la zone pacifique et l’Europe du nord. J’ai passé 8 heures à dire « Hello. May I help you ? Roger
! Hold on, I put you through.”. J’ai bien failli m’endormir deux ou trois fois.
Le seul moment de détente fut mon retour par le bus. Je me suis trompée de sens
et je ne l’ai réalisé que lorsque j’ai vu l’autoroute qui menait à l’aéroport.
Moralité : 2 heures 45 pour rentrer chez moi…
Mardi : mission d’intérim dans un cabinet médical. Mission
propre : prise de rendez-vous téléphonique et accueil des
« malades » du jour. Et là, le florilège des « cas » fut
impressionnant, j’ai eu droit à tout ce que l’on peut imaginer : le malade
qui vous tousse dessus, celui qui se mouche dans la main et vous la tend, celle
qui arrive emmitouflée dans un manteau en fourrure et rechigne à payer la
consultation plein tarif « j’ai une mutuelle, moi, Mademoiselle »,
celle qui vous raconte sa vie avec des détails que seul le médecin doit être
habilité à entendre (on s’amusait avec le sex-toy et il est resté, comment
dirais-je, coincé ? Le docteur peut-il se déplacer
maintenant ? ), la petite vieille qui vient se faire renouveler
l’ordonnance et qui veut vous caser avec son petit-fils (« Il est si mignon
et gentil »), sans compter sur les agités du bocal qui viennent vous faire
un « bouhhh » pendant votre
pause-déjeuner !
Mercredi : mission d’intérim dans une entreprise familiale de
peinture. Mission propre : remplacer la secrétaire (et accessoirement
comptable, nounou, cuisinière) pour soulager la femme du patron qui gère les
plannings. Je suis arrivée en pleine dispute entre les époux. Elle m’a accueillie
gentiment puis a commencé à me montrer le travail quand son mari est arrivé en
hurlant qu’elle avait noté la mauvaise adresse. Les reproches professionnels se
sont faits de plus en plus personnels (Tu m’as trompé ? hein, tu m’as
trompé, salope !). Je suis restée d’une neutralité incroyablement passive
mais comme ils étaient trop occupés à s’engueuler, je n’ai rien eu à faire de
la journée. Madame s’est excusée platement dix fois lors de mon départ et j’ai
eu droit à un pot de peinture gratuit.
Jeudi : mission d’intérim dans un cabinet d’avocat. Mission
propre : standardiste (orientation vers les secrétaires en fonction de la
demande). 8 heures d’écoute avec toutes les histoires du monde (du divorce à un
détournement d’argent, d’un licenciement abusif à un cas de maltraitance sur
enfant). J’ai mis 2 heures le soir à me remettre de la misère du monde et du
cynisme de certains avocats. Au demeurant, j’en ai profité pour faire
ami-ami avec un avocat à la retraite qui retapait « par amitié » et
qui m’a pistonnée pour un CDI quelques mois plus tard.
Vendredi : le pompom !!! Mission d’intérim chez une agence de
« tuveuxbosserbentantpis » ! Mission : accueillir les
débiles comme moi…. Le boulot le plus hallucinant de la semaine. J’ai pompé mon
attitude sur la fille de l’accueil de ma propre agence en dédaignant les
nouveaux arrivants (des concurrents potentiels pour de futures missions,
dois-je le signaler ?!!). A 16h, tout le monde dehors et j’ai mérité ma
semaine de congés (ciné, me revoilà !).
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