Friday, May 25, 2012

Feuilleton "Au boulot, Lisa !" - Episode 6 "Un baiser dans l'ascenseur"


Bon, il faut que je vous explique tout de suite. L’élément nouveau et moi, nous nous étions déjà croisés dans cette vie. Au lycée, pour être plus précise (autre précision, il était accessoirement mon meilleur pote et mon chevalier pour les boums – oui, bon, les soirées… A l’époque, on appelait cela des boums… Années 80… quand tu nous tiens !).

Alors quand je l’ai vu débouler dans la salle, j’ai failli m’évanouir. Il avait quitté le lycée juste après le bac et moi j’avais suivi un autre chemin que les classes prépa de mes petits camarades (oui, je n’allais pas faire comme tout le monde non plus !)…

Bref, nous avons attendu la fin de réunion pour tomber dans les bras l’un de l’autre sous le regard amusé mais étonné du DRH (qui tenait toujours mon contrat non signé en sa possession). Big Boss lui a demandé une explication à « tant de démonstration d’affection » et je l’ai entendu dire un touchant "C’était mon ange gardien au lycée, sans elle, je n’aurais été qu’un souffre douleur de plus."

Mon petit cœur a bondi dans sa cage…. Il faut dire aussi que nous avions toujours été à deux doigts de « concrétiser » (comme disaient mes potes) mais qu’il fuyait (ou que je le faisais fuir ?) au moment M.

Alors, mon ex-camarade de jeu était là, en tant que Directeur Délégué aux projets architecturaux et nous avons évidemment pris rendez-vous après le travail pour « boire un coup et se remémorer le bon vieux –surtout- temps ».

J’ai vu défiler pratiquement toutes les filles de la société dans mon bureau en cette fin d’après-midi. Mon ex-camarade avait la côte auprès des donzelles et ne semblait pas s’être montré si « chaleureux » depuis « plus de cinq ans et son entrée dans la boîte » (dixit la Perche du 6e). Je vous passe les détails sur son supposé « caractère de chien », son « humeur de dogue » et sa propension à être « un chieur » qui étaient largement contrebalancés par son « charisme et son côté beau gosse » (dixit toujours la Perche du 6e). J’ai évidemment fait des envieuses et j’ai eu droit à un peu aimable (mais justifié) commentaire de Josiane

- Ça alors, après le coursier, le directeur… en deux jours, bravo !

Notre soirée a été un revival des années lycées et de tout ce que nous avions fait pendant les cours. Un vrai retour en arrière.

Le lendemain (pour mon dernier jour), je l’ai vu débarquer dans mon bureau à 9 heures avec une invitation à déjeuner et un « café » dans son bureau d’ici « dix minutes ». Big Boss m’a donné sa bénédiction pour ma pause-déjeuner (« prenez votre temps ! C’est mon directeur préféré ») et ma pause café.

Au moment, où je sortais du bureau pour le rejoindre, « notre coursier préféré » est arrivé et m’a demandé une « petite explication » sur ma « relation » avec le « casse-couille » du 5e. Il m’a demandé si je ne préférerais pas déjeuner avec lui (l’information avait déjà fait le tour !) au bord de mer « tous les deux, seuls ». Je n’ai pas répondu, même si, je dois l’avouer, l’idée de déjeuner avec vue sur mer et sur ce bellâtre me plaisait bien. J’ai décliné poliment et lui ai proposé un café vers 16h « avant mon départ définitif ». Il a accepté mais a filé chez Josiane pour tout lui dire (je le sais, elle m’a appelé juste après !).

Bref, la dernière journée s’est passée normalement. Je n’ai eu qu’un appel téléphonique et deux fax à remettre à Big Boss (mais que fait Simone « la perle » toute la journée !???), je me suis ennuyée ferme, hormis lors du café, du déjeuner et de ma pause « coursier ».

A 18 heures, je fais donc mes adieux à Big Boss (« La prochaine fois que Simone s’absente, je rappelle votre agence et je vous demande ! »), à Josiane (« Bonne continuation », autant dire casses-toi et ne reviens plus jamais !), au vigile (qui était monté pour me récupérer mon badge d’accès), la perche du 6e (« Bonne continuation » … c’était visiblement le mot d’ordre) et « notre coursier préféré » qui en a profité pour me donner son numéro de téléphone « maison ».

J’ai même eu droit à un « A bientôt, nous l’espérons tous » du DRH lui-même… mais la surprise la plus agréable fut sans aucun doute mon raccompagnement jusqu’à la porte de la société par mon ex-camarade et par l’ascenseur (je le rappelle, toujours en descente !). Lui, moi, seuls entre le 6e et le rez-de-chaussée. Au niveau du 4e, j’ai tout de suite compris ce qu’il voulait : un baiser.

- On rattrape nos années lycée parce que j’ai toujours eu envie de le faire à l’époque ? M’a-t-il dit en guise de préliminaire.

Honnêtement, pas le baiser le plus mémorable, mais le plus transgressif, sûrement ! Le mot d’ordre est « jamais sur son lieu de travail » (dixit mon papounet, intransigeant quand il s'agit du boulot !). C’est une leçon importante à retenir, cela finit toujours assez mal. Mais là, c’était différent, c’était juste deux vieux copains. Enfin, c’est le vigile qui a dû trouver cela « inconvenant » car quand la porte s’est ouverte, nous étions toujours collés l’un à l’autre. Il m’a souri et m’a dit « Ravi d’avoir eu une intérimaire, finalement ! ».

Bon, évidemment, sur ma fiche de retour chez « tuveuxbosserbentantpis », j’ai largement omis ce détail dans la case « conditions de travail et relations avec le personnel » !

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