Bref, le soir même, j’ai largement pris connaissance de la vie de Big Boss en dînant avec son rejeton (et accessoirement coursier à mi-temps, compte tenu de ses horaires de travail ultra light !) et en finissant la soirée avec ses potes sur la plage.
Le lendemain, de retour à ma place d’intérimaire, je croise la standardiste, peu aimable et toujours focalisée sur sa partie de cartes virtuelle, qui m’interpelle sans me regarder en me précisant que « Josiane veut [te] voir immédiatement ». Allons bon ! Que me veut-elle encore ? Je subodore en montant les escaliers (oui, je fais comme tout le monde, je n’utilise l’ascenseur qu’en descente) qu’elle va me faire signer quelques documents pour mes indemnités d’intérimaire. Las, à peine arrivée à la DRH, je la vois déboulée vers moi, les cheveux en bataille et la bave aux lèvres. Elle me regarde, me sourit (me gratifiant au passage d’une vue imprenable et insoutenable sur ses amygdales) et me dit que je dois « absolument la suivre en salle de réunion » en expliquant que « la démonstratrice est déjà là ».
- On a pensé que tu pourrais venir, malgré tout !
« Malgré tout, quoi ? » … Ah, oui, j’imagine que le coup du dîner avec « notre coursier préféré » (dixit Josiane) n’a pas aidé à augmenter mon taux de popularité.
Je la suis donc dans la salle de réunion et tombe nez-à-nez avec la perche du 6e étage, 1m80 sans talon (chef de bureau d’après ce que j’en sais) en petite culotte rose à pois blanc et sans soutien-gorge. Ça fait un choc ! J’ai vite compris que l’ambiance poulailler allait être grandiose. La démonstratrice de sous-vêtements était l’archétype de la cagole marseillaise (cf. google pour vous renseigner si vous n’avez jamais croisé un oiseau pareil !) et les « invitées » étaient de la même trempe. C’était à celle qui affichait la culotte la plus échancrée version fatiguée. En sus, il fallait être en culotte et soutien-gorge pour « participer » au jeu, à savoir gagner deux parures de la marque proposée (dont je ne me souviens plus le nom). Autant dire qu’avec ma culotte en dentelle noire et mon balconnet assorti, j’étais de loin la plus « simple » (simplette ?) de la salle.
Alors, honnêtement, passer 15 minutes dans une salle surchauffée (oui, il ne faut pas non plus que les dames en question attrapent froid aux fesses !), avec 15 filles en folie devant des sous-vêtements un brin vulgaire en sirotant un café « light » et commentant la « cellulite et la graisse » (et là, j’ai regardé et bien, non… Pas de cellulite ! Et la graisse c’était sûrement celle qui maintenait leurs cheveux en place !) accumulées depuis des décennies (moyenne d’âge 30 ans…), j’ai failli tourner de l’œil.
Le pire était à venir. Josiane ayant entrepris de me voir « absolument » dans la guêpière violette « trop belle » a commencé à taper des mains devant tout le monde et m’a tendu la guêpière en question. J’ai esquivé deux fois puis j’ai jeté mon dévolu sur un ensemble transparent minimaliste (autant dire que je ne portais rien sur moi). Au moment où j’agrafais le soutien-gorge, le DRH débarque en demandant à Josiane « si cela va durer longtemps ! ». Josiane, hilare, lui demande encore « dix minutes ! On finalise les ventes ». Il me regarde, siffle et me dit « Vous passerez dans mon bureau pour finaliser votre contrat ». Son air lubrique n’a fait rire personne et surtout pas Josiane qui m’a détestée à nouveau. Je l’ai lue dans ses yeux : son envie de m’étouffer avec ma culotte !
Dix minutes plus tard, j’étais à mon poste, rouge écrevisse (tant par la chaleur, l’essayage et l’entrée tonitruante du DRH dans la salle de réunion). Big Boss arrive et me demande de mes nouvelles et m’explique que son « assistante, cette perle » manquera encore une journée et que je suis donc prolongée d’autant. Il m’indique que cet après-midi, je vais le suivre en réunion avec l’ensemble des directeurs, chefs de services et autres chefs de bureau pour prendre « quelques notes ». Me voilà promue « Assistante remplaçante en chef », comme le dit Big Boss en commençant la réunion. Le DRH s’étouffe, le chef de la comptabilité manque de s’ouvrir les veines et Big boss adjoint (surnommé Iznogoudbis) me demande si « je suis parente » avec l’assistante de Big Boss. Je réponds poliment « heu, non, Monsieur, je suis intérimaire ». « Ah ! » me répond-il dans l’oreille « On recrute des intérimaires maintenant ! Encore une lubie de Big Boss ! ».
Je comprends vite que Big Boss a encore innové avec moi et que le DRH n’a toujours pas oublié la vision de mon ensemble transparent de tout à l’heure, compte tenu de ses regards appuyés sur ma poitrine.
La réunion dure plus de deux heures pendant lesquelles :
1° Je n’ai pas pris de notes trop occupée à contrecarrer les questions débiles du chef de la comptabilité (« vous faites quoi dans la vie ? », « et vous savez prendre en sténo ? »…. Voyez un peu le niveau !)
2° Je n’ai rien écouté trop occupée également à dresser la liste des courses pour la fiesta du weekend
3° J’ai ri intérieurement régulièrement à cause de la propension qu’avait Iznogoudbis à se faire reprendre de volée par un Big Boss impérial et un Chef de la Logistique aiguisé comme un couperet.
4° j’ai observé le manège de « notre coursier » qui bavait d’admiration devant le modèle que j’avais essayé dûment exposé par la standardiste ! J’ai carrément viré cramoisie lorsqu’il a regardé dans ma direction en secouant la culotte.
Lorsqu’un autre élément de la société a fait son apparition en s’excusant de son retard dû au fait qu’il avait « encore » embouti sa voiture en sortant de ce « putain de parking, que fait le service compétent » (cf. la logistique !). J’ai soupiré de plaisir…
No comments:
Post a Comment
N'hésitez pas... tous les auteurs aiment les commentaires....