Me voici dans le bus pour me rendre à l’entreprise XYZ. Pour faire court, j’ai dû prendre trois bus différents pour arriver au siège de la société dans un quartier inconnu et avec des situations cocasses dans les bus (le chauffeur s’arrêtant pour acheter un pain au chocolat, un enfant vomissant à mes pieds, mauvais arrêt indiqué par l’autre chauffeur et donc l’obligation de traverser une cité un brin craignos pour reprendre le bus dans le sens contraire, etc.).
J’arrive, enfin, dans le hall d’accueil de la société et je me présente à l’agent de sécurité.
- bonjour Monsieur, je viens de la part de l’agence « tuveuxbosserbentantpis » pour une mission d’intérim.
- Pour quoi faire ?
- standardiste.
- On n’a pas de standardiste absente !
- Mais Monsieur, je vous assure que j’ai un rendez-vous avec la DRH.
- ouais, 2ème étage, mais je vais vous accompagner !
Je me suis sentie un peu dans la peau d’un criminel mais c’était assez drôle finalement. La fille de l’accueil jouait visiblement aux cartes sur l’ordinateur et n’a pas levé un cil. Le vigile m’a donc accompagné au 2ème étage et là, après une montée par les escaliers, il ouvre la porte du service en claironnant « Mais qui a demandé une intérimaire dans cette boîte sans avertir l’accueil ? ».
Une petite bonne femme lui répond un « je sais pas, moi ! Elle a qu’à voir avec Josiane » (prénom modifié !). Le vigile m’escorte donc vers « Josiane » et la Josiane en question était, je l’ai vite compris, l’assistante particulière (trop ?) du DRH qui, lui non plus, n’était pas au courant.
J’ai bien senti le moment de panique et d’affolement général au nombre d’appels passés par « Josiane » en secouant la tête négativement vers son DRH. Ce dernier consent à me rencontrer « on sait jamais pour une future mission » et je m’installe dans son bureau. Il me propose un café, un biscuit, et on commence à papoter comme deux vieux amis de faculté, limite « qu’est-ce que tu as fait pour les vacances ? ». A ce moment là, je me dis que chez « Tuveuxbosserbentantpis » c’est l’apogée de l’incompétence et qu’ils ont sûrement dû confondre cette mission avec une autre. Bref, au bout de quinze minutes de discussions, le DRH me raccompagne gentiment à l’ascenseur, sous l’œil amusé de tout le service, et me souhaite un « bon retour chez moi ». Je souris et prends l’ascenseur. Arrivée à l’accueil, je prends congé poliment et sors, lorsque j’entends un :
- Et Mademoiselle, revenez ! C’est pas la DRH qui a demandé une intérimaire, c’est la Direction Générale !
- Ah oui ?
- Oui, oui, le DRH est vert. C’est le PDG qui veut quelqu’un pour remplacer son assistante. Uniquement pour ne pas manquer un appel cet après-midi.
Me voilà donc, repartie par l’escalier de service (dans cette boîte, ils n’utilisent l’ascenseur qu’en descente, ou quoi ?) et j’atterris au 6e étage (oui, oui, en sueur… parfait pour une présentation au PDG !). Le vigile s’engouffre dans un bureau, je l’entends expliquer que le DRH « ne sait rien et que la demoiselle allait repartir ». La seule chose que j’ai entendue distinctement c’est un tonitruant : « Mais qu’est-ce qu’il est con ce mec ! ». J’ai supposé que l’homme parlait du DRH.
Le vigile me fait rentrer dans un bureau spacieux, avec des peintures contemporaines au mur et un homme d’une cinquantaine d’années, portant un costume bien taillé (et visiblement un Armani) avec de grands yeux tous ronds. Il se lève, me tend la main et s’excuse de l’accueil « pathétique du 2ème étage ». il m’explique la mission rapidement (prendre et noter tous les appels et les lui remettre toutes les trente minutes, sauf « urgence absolue, comme ma femme »). Il m’installe au poste de son assistante avec un crayon à papier tout mâché et un bloc sténo largement entamé.
Comme il ne sait pas comment marche le téléphone (10 lignes), il fait appeler par le vigile « Josiane » chargée de me « briefer rapidement sur le maniement de cet ustensile ». « Josiane » soupire mais s’exécute à la vitesse d’un éclair. 2 minutes chrono et elle s’en va. Je guette alors mon premier appel.
Pendant les trois prochaines minutes, je vais regarder le téléphone comme une vache regarde passer un train, puis je vais désespérer sur une hypothétique sonnerie pour m’apercevoir que « Josiane » a fait un renvoi sur l’accueil. Intérimaire, mais pas idiote, je fais mon premier rapport au PDG avec un aimable mais ferme « RAS, mais il semble que l’accueil dispatche les communications directement ». le PDG se saisit de son téléphone et hurle un génial « Josiaaaaaaaaaaaaaaaaaaane, dans mon bureauuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu ». Elle rapplique aussi vite que la lumière et annule le transfert des lignes. Elle s’excuse et me regarde d’un œil noir. Je peux repasser pour manger à la cantine de l’entreprise avec les autres !
Le PDG est ravi de ma première prise de note (1er appel de Madame son épouse pour savoir la marque de pâtes qu’il souhaite pour le dîner du lendemain) et me félicite de ma rapidité (ça, ça va, je gère !).
A midi trente, le PDG m’informe que je peux aller déjeuner (trente minutes) au restaurant du 3ème avec sa carte. Je lui indique que je ne sais pas où cela se trouve et que j’ai apporté un tupperware pour déjeuner sur place (comme me l’avait indiqué mon chargé des suivis). Il m’invite donc à déjeuner ! Je suis sidérée. Le PDG déjeune avec un intérimaire. Je vais me faire encore des copines, je le sens.
Episode 3 : « Le PDG me raconte les ragots du jour entre le fromage et la crème brûlée » !
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