Monday, June 13, 2016

[Musique] Wonder.land : L’Alice 2.0 version Damon Albarn : féerique mais classiquement moderne !



La première de la comédie musicale Wonder.land avait lieu le mardi 7 juin dernier au théâtre du Chatelet, dernière création du musicien britannique, Damon Albarn, et du metteur en scène Rufus Norris.


Après avoir été présentée sur les scènes de Manchester et Londres, avec plus ou moins de succès, le théâtre du Chatelet accueillait donc le musical conçu par Damon Albarn, Moira Buffini et Rufus Norris. 


Inspiré par Alice aux Pays des Merveilles et De l’autre côté du miroir de Lewis Carroll, cette co-production du Manchester International Festival et du National Theatre of Great Britain, revisite l’histoire d’Alice en la propulsant dans le 21e siècle et l’ère virtuelle. 


On découvre alors Aly, jeune fille mal dans sa peau, en plein désarroi suite à la séparation de ses parents et à la naissance d’un petit frère, qui la pousse à se sentir délaissée, et qui se sent isolée à l’école. Harcelée par trois camarades de classe, en rupture avec sa vie réelle, elle se réfugie dans le monde virtuel, grâce à son Smartphone, du site Wonder.land, site qui vante de vous transformer en « exactement qui vous voulez être » ; Son avatar créé à l’opposé de ce qu’elle pense être  - son Alice est grande, mince, blanche, blonde, sûre d’elle –, Aly plonge dans cet univers parallèle pour s’échapper de ses problèmes. Là, dans ce wonder.land, elle croise le lapin blanc, un Dodo, des jumeaux, une chenille, un chat et la reine de cœur, qui dans la vie réelle est le tyrannique proviseur de son école, et dans le virtuel est une reine de cœur complétement barrée. 

L’histoire oscille entre le virtuel, ses bienfaits, ses pièges mais aussi la possibilité de création infinie, et la réalité d’une vie ordinaire, rythmée par les disputes des parents, des brimades de ses camarades, du mal-être d’une adolescente, mais toujours de l’amour et de la solidarité etc. 


Cette comédie pop se base sur cette phrase importante « qui es-tu ? » qui pourrait ouvrir la discussion sur cette réflexion de Montaigne qui expliquait qu’il fallait se connaître soi-même. 


Cet univers se crée autant musicalement, par les arrangements pop enjoués de Damon Albarn, que visuellement avec, tout d’abord, les costumes mêlant la Renaissance pour la fraise inversée de la jupette d’Alice à la technologie moderne des oreilles « gélules » du lapin. 


Pourtant, le point fort est, sans aucun doute, la scénographie et les hologrammes : l’apparition du chat, d’une Alice suspendue, dansante, dans un décor coloré, tourbillonnant, fluo, pop et grandement féérique.  Chaque tableau, même les plus sombres, est imaginatif, envoûtant et intelligent, appuyé par un propos habile qui ne dénonce rien mais constate justement la société actuelle.


C’est bourré d’idées et tout se finit dans un combat à la manière d’un jeu vidéo. Les uns gagnant la maturité, les autres perdant la tête. 


Malgré une ou deux scènes en deçà, les répliques sont piquantes, percutantes, avec une pointe en français, petit clin d’œil de la troupe, avec un humour délirant et une joie communicative. En effet, la troupe est survoltée ; ça danse, chante, court à une vitesse jouissive. Les décors s’alternent sans temps mort, toujours promptement amené par d’habiles montages et trucages. 


Rien ne vient assombrir la magie de ce musical qui tient plus du music-hall que de l'opéra rock !


En effet, il faut souligner que le terme « rock » apposé sur la promotion peut être trompeuse car certains spectateurs s’attendaient à plus de guitares ! Ici, tout est pop, classique, très britannique.


En sus, le théâtre du Chatelet a offert un quatuor de cordes à l’ensemble qui n’était pas présent en Angleterre ! Un plus non négligeable. 


Encore une production du divin anglais, Damon Albarn, venu saluer le public en fin de spectacle, lequel s’est levé comme un seul homme pour ovationner l’ensemble de la troupe et le musicien, ému.



Petit conseil : N’oubliez pas de regarder ce spectacle avec des yeux d’enfant et avec la première impression de lecture que l’on a eue pour Lewis Carroll.





Casting : Hal Fowler, Lois Chimimba, Golda Rosheuvel, Paul Hilton, Abigail Rose, Carly Bawden, Anna Francolini, etc.

Musique et orchestration : Damon Albarn

Livrets et paroles : Moira Buffini

Mise en scène : Rufus Norris

Décors : Rae Smith

Représentations : 7,8, 9, 10,11, 14, 15 et 16 juin à 20h / 11 et 12 juin à 15h et 16h

Durée du spectacle : 2h20 (dont 20 minutes d’entracte).

Exposition « pop-ups in Wonderland » : visible à l’entracte proposant des livres animés issus de collections privées, au niveau de l’orchestre, de la corbeille et du 1er balcon.

Lieu : Théâtre du Chatelet, Paris. 















Crédits photos : Raymond Delalande/SIPA - wonder.land © Brinkhoff Mögenburg /Bitchimj et clemitraillette pour les photos de Damon sur scène (l'auteur de ce papier étant trop occupée à soutenir vocalement la standing ovation ! On ne se refait pas !).

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