Lee Gates, présentateur star
d’une émission de conseils en investissements boursiers (Money Monster),
secondé en régie par son impeccable productrice Patty Fenn, fait l’article, sans prendre la peine d’en vérifier les
sources, pour les valeurs les plus rutilantes du marché, jusqu’au jour où un
petit actionnaire, ruiné pour l’avoir aveuglément suivi, débarque armé sur le
plateau et le prend en otage. Le présentateur et sa productrice décident de
garder l’antenne, afin d’élucider ce qui se trame sous la chute récente de
certaines actions en bourse et la « disparition » de 800 millions
de dollars.
Jodie Foster revient avec son
quatrième long-métrage dont le thème est largement axé sur la colère. On peut
qualifier ce film comme un thriller post-crise financière dans l’univers de la
télévision.
Clooney joue à merveille ce
présentateur vedette, bouffon télévisuel, qui a perdu le lien avec la réalité
mais pas avec l’audience et la starification. Ce gourou cathodique ne recule
devant rien pour amener ses disciplines à investir dans des actions plus ou
moins recommandables.
Son personnage a perdu son âme
pour l’audimat et son narcissisme ne connaît rien d’autre que la façade bling
bling de son plateau.
Derrière l’écran et aux manettes,
sa productrice, sorte de Jiminy Cricket, interprétée par la toujours juste
Julia Roberts, apporte sa force à cette femme de l’ombre qui ne se fait pas
éclipser par son présentateur vedette.
Le duo est à la tête de l’émission
star et ne lésine devant rien. L’irruption
de Kyle Budwell, monsieur-tout-le-monde, ruiné par l’un des « précieux »
conseils de Lee Gates change soudain la donne. Arme à la main, Budwell a tout
du méchant et mauvais garçon de l’histoire. Pourtant, ce type ordinaire se
révèle être plus désespéré que menaçant ; Il est interprété par le
brillant Jack O’Connell, pourtant pas le premier choix de Foster… Comme quoi !
Le film bifurque alors pour voir le
trio enquêter contre les « puissants » et le pouvoir de l’argent.
La force de Money Monster est sans aucun doute le jeu des acteurs et le scénario
qui fournit, en définitive, un constat simple : nous sommes tous dans le
système, râlant mais regardant, hypnotisés, ce petit écran et son univers
impitoyable, pour reprendre le cours de notre vie comme si de rien n’était.
Cela dénonce aussi notre
fascination pour cet univers télévisuelle, cet côté instantané superficiel qui
retombe comme un soufflé dès qu’une autre information apparaît. Le côté
consommation rapide qui donne de nombreuses informations, jetables, alors que,
parmi elles, se cachent des sujets cruciaux qui finissent noyés dans la masse.
Le sujet porte aussi sur le
mécontentement envers un système financier d’actualité avec une colère
sous-jacente mais qui n’explose pas comme il le devrait.
Par moment, on peut penser à
Frank Capra et son humanisme face au cynisme mondial.
Alors, oui, par-ci, par-là, il y
a des défauts de raccords et le manque d’originalité (l’histoire de base a été
abordée dans d’autres films, situés dans des milieux différents) et quelques
propos manichéens nuisent un peu au
message que Jodie Foster entend nous énoncer !
La mise en scène classique (trop ?)
peut paraître affadir l’ensemble du propos qui pourrait être plus fort mais le
scénario rodé et le professionnalisme de Foster (et son talent !) font que
le film fonctionne fort bien et nous pousse à vouloir savoir le mot de la fin.
Reste à signaler : le couple
Clooney/Roberts qui joue à l’unisson, Jack O’Connell confirme film après film
son potentiel dramatique (et pas seulement comme le mauvais garçon du coin !),
le bien trop rare Dominic West incarne le méchant patron que l’on déteste
immédiatement et les pointes d’humour qui désamorcent le côté oppressant.
Alors, n’hésitez pas devant ce
film qui, sans être une totale réussite, il est à la hauteur de la
réputation de sa réalisatrice : juste et intelligent(e) !
Pour la petite histoire, ce film
n’aurait jamais dû voir le jour étant donné que son scénario était un brin back
listé et que, sans la casquette producteur de George Clooney et l’accord de
Sony, Jodie Foster aurait eu du mal à monter le financement de son film.
Réalisateur : Jodie Foster
Acteurs :
George Clooney, Julia Roberts, Jack O’Connell, Dominic West, Caitriona Balfe,
etc.
Durée : 1h39
Sortie : 12 mai 2016
Présenté hors compétition au festival de Cannes
En association avec
Une bonne surprise ! Certes, on est d'accord pour dire que ce n'est pas le film le plus original que j'ai vu, que c'est même manichéen, mais il s'agit d'un thriller efficace, honnête, divertissant, qui réussit à nous tenir en haleine du début jusqu'à la fin alors que l'exercice ("huis clos" et temps réel) n'était pas simple à relever. Un film qui donne aussi du pouvoir aux femmes. L'ensemble est très bien interprété :)
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