Wednesday, May 27, 2015

Commentaire sur un match étrange ou comment louper quelqu’un......

Lors d’une discussion avec celle que je considère comme ma « grande petite sœur », j’ai réalisé que l’on peut « louper quelqu’un » volontairement pour éviter une déception à soi-même et/ou à l’autre. 

Rencontrer quelqu’un avec qui vous partagiez, dès la première discussion sérieuse, non seulement des valeurs, des principes, mais aussi les goûts de tous les jours, des blagues idiotes, des références culturelles et qui vous fait vous sentir à la fois en sécurité et fébrile, sans ce sentiment d’alerte générale, c’est rare. 

Quelque fois, cela arrive à l’adolescence, dans vos premières années d’adultes, rarement quand vous comptez les heures de vol et que vous approchez nettement de l’âge qui se rapproche de la descente vers la retraite. 

Quand cela arrive, vous êtes bien souvent ni dans l’état d’esprit de « recherche de l’autre » et encore moins dans celui qui vous fait penser que vous puissiez décrocher une telle timbale (que vous estimez hors de votre ligue). 

Dès le début, vous le sentez, arrivez à capter les humeurs, l’humour et même les micros moments où l’autre est déstabilisé ou euphorique, sans même qu’il ait à bouger un seul muscle de son visage. 

Juste par un ressenti, un regard ou même un imperceptible soupir. 

Plus vous vous approchez, en tout bien, tout honneur, plus vous le sentez. L’autre est quelqu’un qui doit être dans votre vie, d’une façon ou d’autre, amoureuse ou amicale, brièvement ou à long terme, mais c’est inévitable. C’est la logique d’une telle rencontre. 

Puis, vient le pire dans toute relation naissance : l’incertitude. 

Vous comprenez bien que vous êtes plus que la voisine d’à côté ou la bonne copine de la bande ; vous êtes l’évidence même pour ceux qui vous regardent ensemble. 

Mais il reste ces non-dits car l’un des deux, par timidité, par peur de se tromper ou par inexpérience, renvoie la balle sans cesse au centre du terrain quand il suffirait de faire une longue transversale pour arriver pile au point de pénalty. 

Oui, je vous l’accorde, la métaphore footballistique est un brin simpliste, mais à se renvoyer la balle sur la ligne médiane, l’un des deux joueurs finit par se dire que l’immobilisme ne lui sied pas. 

Alors, là, bien souvent, il se fend d’une passe en retrait, histoire d’amener l’autre joueur dans son camp et espère que celui-ci restera un peu plus longtemps. 

Pourtant, à ce moment de la partie, l’autre ne bouge pas et regarde la balle avec deux questions essentielles dans la tête : 

« Quand va-t-elle/il me convier à franchir la ligne ? » 

et 

« Si j’y vais, ne vais-je pas me faire tacler ? ». 


Evidemment, le temps de réfléchir à ces questions, le joueur a récupéré la balle et l’a remise au centre car il a été saisi d’un doute sur la sincérité de la partie adverse. 

Là, la partie adverse sent que l’on s’achemine vers les arrêts de jeu et tente d’en venir à la prolongation. 

Si prolongation est accordée, le joueur initial, et à l’initiative première, entend bien que la partie adverse n’avance pas masquée et définisse clairement les règles : « Si je viens dans ton camp, tu ne me tacles pas, n’est-ce pas ? ». 

La réponse sera clairement : « Non, bien sûr que non, viens dans mon camp ». 

Mais le doute est là, tapi, et la partie adverse aperçoit soudain un autre terrain où un troisième joueur court partout, dans tous les sens, ne s’attarde pas à respecter les règles et bafoue tous les principes de base. 

« Merdus, ça m’a l’air plus drôle et simple de ce côté-là ! Il prend tout en charge ! » Se dit-il. 

Et le voilà parti vers le troisième joueur, laissant en plan le joueur initial avec la balle au centre et le cerveau en compote. 

Alors, louper quelqu’un c’est facile. Il suffit de sentir que la personne en face, même sincère, n’est pas prête à assumer cette attirance ouvertement et la peur de l’abandon surgit. 

Dans ce cas précis, il a suffi d’une discussion sur l’amour en général pour jeter le trouble dans mon ressenti. 

Pourquoi mentir sur un tel sujet, alors qu’il est tellement plus facile de dire que l’on n’est pas prêt à se confier entre deux portes, mais plutôt, dans un endroit tranquille et à l’abri. 

On ment cyniquement sur le sujet ce qui permet de se retirer du jeu tout en gardant le contrôle et qui fait penser à l’autre qu’on est soit « cynique et aigrie » ou, au pire, « pas intéressante ». 

Pourtant, toutes les situations cumulées pendant le match étaient limpides et franchement pas sujettes à interprétation autre que « notre complémentarité est évidente, on joue ensemble ? ». 

Au bout du compte, le joueur initial a laissé le champ libre au troisième joueur ne se sentant ni à la hauteur de la partie adverse, ni soutenu par cette dernière. 

Il a continué à jouer tout seul dans sa partie de terrain jusqu’à ce que le stade ferme les portes et qu’il disparaisse de la vue de tous, avec son ballon sous le bras. 

Dès lors, il se dit qu’il a bien loupé le match et qu’il aurait fallu un arbitre pour convier les deux parties au centre du terrain et leur expliquer que le premier qui nie l’évidence, se prend un carton rouge immédiatement. 

Force est de constater qu’il n’y avait aucun arbitre disponible lors de cette étrange partie.



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