Livre
envoyé gracieusement par les Éditions Rue de l’Échiquier.
Le
résumé de l’éditeur :
Lassée
de son mari, Rachel Clayborne, trente-deux ans, fuit l’Illinois en pleine nuit
avec son bébé, pour rejoindre le seul endroit qu’elle considère comme un refuge
possible : la ferme de sa grand-mère, Maddy, dans le Wisconsin. Mais cette
dernière, mourante, veut léguer la maison à son auxiliaire de vie, Diane
Bishop, membre de la tribu amérindienne des Ojibwés, expropriée de sa terre par
un barrage dont la construction a été imposée par… la famille Clayborne.
Bouleversée
par la beauté saisissante du lieu et ses retrouvailles avec son premier amour,
Rachel est emportée dans un tourbillon existentiel : doit-elle se battre pour
garder la maison de son enfance ? Ou la restituer aux Bishop par souci de
justice, comme l’y incitent ses valeurs et sa morale ?
Le
contexte de lecture :
Allez, encore une découverte par ricochet ! Je
ne connaissais pas cette maison d’édition mais j’ai aperçu une autre parution
et j’ai jeté un œil.
Etant que fan de Louise Erdrich, et donc sensible
aux romans sur la culture amérindienne, j’ai levé le sourcil en lisant la 4e
de couverture du roman d’Amy Hassinger.
Rue de l’Échiquier a gentiment accepté de me le
transmettre et dès la première phrase, j’ai su…
Le
corps du roman :
Amy Hassinger nous plonge dans un roman à plusieurs facettes
et niveaux. A partir de l’histoire de Rachel, cette jeune femme, jeune maman,
qui décide d’aller rendre visite à sa grand-mère, dans la propriété familiale,
elle déroule une intrigue qui entremêle l’Histoire, l’écologie, l’héritage, les
secrets familiaux et, notamment, la position des femmes dans la société.
Ces trois femmes, Rachel, Maddy, sa grand-mère et
Diane, sa garde-malade de la tribu Ojibwés, sont confrontées à l’Histoire
américaine de façon à la fois subtile et brutale. On découvre petit à petit,
avec une écriture fluide, lumineuse, poétique, l’implication de personnages qui
font face comme ils le peuvent.
Le point de l’héritage (propriété ou intellectuel)
est très présent dans le récit ; que cela soit entre Maddy qui perd progressivement
la tête et Diane dont la famille a été spoliée de ses terres et de son domaine,
Maddy et Rachel qui, elle, subit les décisions des hommes, ou Rachel elle-même
qui lutte contre ses propres démons.
Ces trois femmes sont à un tournant de leurs vies, agissent selon leurs cœurs et leurs devoirs, ce qu’elles croient juste et qu’elles pensent pouvoir accomplir.
Amy Hassinger pose, à partir de la fuite de Rachel
chez sa grand-mère, des strates dans l’histoire, développe des idées sur
l’appartenance à un lieu, à la réparation des erreurs passées ou à renouer avec
sa jeunesse. Elle dresse devant Rachel des obstacles, des actes et conséquences
qui lui arrachent le peu de bonheur qu’elle croit avoir, surtout quand elle voit
surgir son amour de jeunesse, le fils de Diane, Joe. Lui aussi a eu son lot
d’actes manqués, de douleurs, de poids sur les épaules.
Alors que l’eau stagne tranquillement près du
barrage, que les oiseaux chantent, que la vie s’écoule dans le Wisconsin et que
Rachel allaite, les souvenirs rejaillissent et attrapent le cœur… l’affrontement
est là, tapi dans les replis des cœurs, des âmes, des regrets et des secrets. Tous
sont à fleur de peau comme les lecteurs.
Et,
donc, Lisa ?
Dès que j'ai lu les premières lignes, j'ai su.
J'ai su que ce roman me bouleverserait doucement.
Étant un fan de Louise Erdrich, je dois avouer que
j'ai choisi ce roman pour le contexte amérindien.
Amy Hassinger signe là un roman à la fois puissant,
délicat et subtil avec trois femmes fortes ; trois personnalités liés à des
hommes et un morceau de terre qui ont bouleversé leurs vies et continuent à impacter
les décisions.
Ce
roman se lit facilement. Amy
Hassinger a une plume agréable, aisée, simple mais belle et la poésie qui ressort de ce
roman, est un atout indéniable pour moi... On ressent la terre, on hume les
odeurs, on palpite lors des effleurements, et l'histoire de Rachel et Joe peut
parler à beaucoup (elle résonne en moi à titre personnel).
C'est sensible, c'est ancré dans cette terre, dans ce
passé et un avenir.
Cela parle d'héritage, de lutte, de réparation du
passé, de devoir de mémoire, de féministe, de conditions sociales (et
sociétales), de relations humaines, d'amour, de sentiments cachés, de secret, de
résistance et… de pardon.
J'ai été
soulevée par cette histoire, par ces femmes, par leurs destins, l'amitié, leur
devoir envers la mémoire et le passé troublé de l’Histoire des Etats-Unis,
l'héritage, les difficultés des Natives et de cette reconnaissance difficile de
la spoliation de leurs terres. Je connais cette histoire de part une de mes copines
américaines et par passion pour les romans d'Erdrich...
Donc, j'ai
été sensible à la beauté de l'écriture, au thème et à la façon de conter cette
histoire de famille ; tout est fin, doux mais fort, intense mais léger à
la manière de l’eau qui d’un calme olympien qui peut se déchaîner et renverser
tout sur son passage, telle une crue !
J'ai adoré ma lecture, j'ai été émue aux larmes à la fin et cela, croyez-moi, c'est peu souvent le cas quand je lis !
Je vous le recommande grandement !
Il est à noter le toujours excellent travail de
traduction par Brice Matthieussent !
Merci, donc, à Rue de l’Échiquier pour son envoi et
la confiance qu'ils m'ont accordée.
***
Titre La Crue
Parution : 25 avril 2019
ISBN : 978-2-37425-130-1
Nombres de pages : 480
Prix (à la sortie) : 24€
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