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Monday, August 12, 2019

[Lecture] "Forêt Furieuse" de Sylvain Pattieu.... une fable à la langue bien pendue (et originale) !

Livre envoyé gracieusement par les Éditions du Rouergue.
Le résumé de l’éditeur :

À la Colonie, en lisière de la forêt, il y a des enfants malades, des orphelins et des estropiés, des rescapés. Ils ont des noms à rallonge, La-Petite-Elle-Veut-Tout-Faire-Toute-Seule, Destiny-Bienaimée, Mohamed-Ali, Tout-Le-Fait-Rire. Ils sont divisés en deux groupes, strongues et bitches, et les strongues tabassent, et les bitches ne se laissent pas faire. Ils sont plus habitués à la violence qu'à la tendresse, ça n’empêche pas les amitiés, les amours. Ils ont peur de la forêt, mais elle les attire, ces gamins. Pas loin, un village, enserré dans des montagnes. Comme partout, la lutte des classes règne, entre bergers, paysans, et maîtres des forges. On trouve des christian, des muslim, des supermuslim. Les vrais supermuslim menacent, ils veulent prendre le village pour leur califat. Il y a des Grands-Incendies et des Grandes-Vagues, des pluies corrosives ou du soleil qui tape dur. Dans Forêt-Furieuse, Sylvain Pattieu fait s'entrechoquer la vitalité enfantine, l'imaginaire destructeur du djihadisme, la violence des guerres contemporaines, sur fond de contes et légendes d’Ariège, de paysages des Pyrénées et de Seine-Saint-Denis. Et puis il y a son écriture, scandée par le rap et nourrie de la langue populaire d'aujourd'hui.


Le contexte de lecture :


J’ai été attirée par la couverture qui m’a rappelé le coup de cœur de l’été 2018 (La Tache Verte d’Anne Labbé)… et les Éditions du Rouergue ayant toujours une publication pointue, intéressante, et diversifiée, on n’est jamais déçus…

J’ai donc demandé un SP et je remercie cette maison d’éditions qui m’a fait, à nouveau confiance, après « Lendemain de Libération » de Daniel Crozes (à lire si vous ne connaissez pas !), paru l’été dernier (oui, j’ai enchaîné les coups de cœur en août 2018 !).
Le corps du roman :

Sylvain Pattieu signe un nouveau roman et ce dernier est vraiment un livre d'aventures mettant en scène une bande de gamins sauvages, des brigands, des extrémistes avec une langue slammée.

Il crée une société post-conflits mondiaux avec des religions qui ont pris le dessus, qui ont redéfini la vie ; les mélanges, les batailles, les bons, les méchants, les enfants, les coups bas, les arcanes, les légendes de l’Ariège, les arbres, les mystères, la nature très présente et la ville, brute… 

Tout cela fait de ce roman un petit ovni ! Rajoutée à tout ce mélange : la langue !

C’est populaire, avec des trouvailles, des moments slammés, du rap, des références pop ou rap, des moments de poésie pure ou des sentiments ou situations crus…

Un roman étonnant, détonnant, aussi vif que dense, intelligent, complexe… comme une forêt dense dans laquelle on se perd tout en étant sûr du chemin que l’on arpente… 


 Et, donc, Lisa ?

L’histoire est celle de divers personnages de La Colonie, un genre d’orphelinat, dans un contexte de post-guerres diverses ayant fait des ravages. Les enfants sont traumatisés autant dans leurs têtes que dans leurs corps… et là, à l’orée de cette forêt, de multiples personnages s’entrechoquent, se frôlent, se battent, se menacent, se détestent, s’aiment un peu ou passionnément. 


C’est une histoire accrocheuse, les noms sont incroyables drôles ou réalistes, on croise des noms connus revus et corrigés, des descriptifs bien troussés…
Une histoire ? Non, plusieurs qui s’entremêlent, qui se chevauchent, qui se font écho… C’est brut, c’est rude, c’est cru, mais c’est aussi poétique, instructif (merci pour les explications sur les différents spécimens d’arbres), écolo, religieux, politique, et avec une violence guerrière sous-jacente ou pas.

Même si l’histoire m’a emballé tout de suite, le plus important dans ce livre, est l’écriture même de l’auteur entre slam, chapitres courts, références pop, rap, et avec un mélange de langues modernes, argot ou littéraires… 

C’est un texte ciselé, pas facile à appréhender au départ mais très vite, on prend l’habitude du phrasé, des chapitres, des apartés et on saute d’un personnage et d’une situation à l’autre sans s’emmêler les pinceaux… (ou les béquilles).

Au final, le gros pavé est envoûtant comme une forêt mystérieuse et on a vraiment envie de savoir comme les enfants, les bergers, les voyous, les mauvais politiciens et les allumeuses vont s’en sortir, comment vont grandir ces enfants qui doivent partir de la Colonie.


On s’attache à eux comme de la grue, on s’amuse de les voir s’ouvrir à la vie et l’amour. On tremble pour tout le monde y compris les mauvais garçons (et filles).

C’est vraiment une belle découverte et le format du texte, certes original, est un atout majeur pour vous recommander cette histoire pas banale !



* * * *

Titre Forêt-Furieuse
Éditions du Rouergue (collection : Brune au Rouergue)
Parution : 21 août 2019
ISBN : 978-2-8126-1833-8
Nombres de pages : 656
Prix (à la sortie) : 23€uros 

 


Monday, August 05, 2019

[Lecture] "La petite sonneuse de cloches" de Jérôme Attal... du romanesque pur jus !



Livre envoyé gracieusement par les Éditions Robert Laffont .

Le résumé de l’éditeur :
Deux époques entrelacées, deux histoires d’amour qui se confondent en une chasse au trésor fiévreuse et romantique dans les rues de Londres.
1793. Le jeune Chateaubriand s’est exilé à Londres pour échapper à la Terreur. Sans argent, l’estomac vide, il tente de survivre tout en poursuivant son rêve de devenir écrivain. Un soir, tandis qu’il visite l’abbaye de Westminster, il se retrouve enfermé parmi les sépultures royales. Il y fera une rencontre inattendue : une jeune fille venue sonner les cloches de l’abbaye. Des décennies plus tard, dans ses Mémoires d’outre-tombe, il évoquera le tintement d’un baiser.
De nos jours, le vénérable professeur de littérature française Joe J. Stockholm travaille à l’écriture d’un livre sur les amours de l’écrivain. Quand il meurt, il laisse en friche un chapitre consacré à cette petite sonneuse de cloches. Joachim, son fils, décide alors de partir à Londres afin de poursuivre ses investigations.
Qui est la petite sonneuse de cloches ? A-t-elle laissé dans la vie du grand homme une empreinte plus profonde que les quelques lignes énigmatiques qu’il lui a consacrées ? Quelles amours plus fortes que tout se terrent dans les livres, qui brûlent d’un feu inextinguible le cœur de ceux qui les écrivent ?


Le contexte de lecture : 
Cette phrase : « Deux époques entrelacées, deux histoires d’amour qui se confondent en une chasse au trésor fiévreuse et romantique dans les rues de Londres. »
Sans savoir que Chateaubriand était impliqué, j’ai été happée et j’ai demandé un service de presse. Robert Laffont m’a fait l’honneur d’accepter et j’ai reçu le livre début juillet. 
Bien sûr, en raison de la date de sortie (22 août), je l’ai commencé tranquillement mais je voulais le finir bien avant la date pour pouvoir en parler tranquillement sur mes plateformes… En sus, dès la fin, j’ai tellement aimé la poésie et le côté romanesque de ce livre qu’il était nécessaire d’en faire la promotion !
Merci à Robert Laffont pour leur confiance !

Le corps du roman : 
Jérôme Attal nous offre un livre à deux histoires enlacées et mêle une quête à une histoire mystérieuse.
Nous faisons la connaissance, avec poésie, avec un pan de la vie de François-René de Chateaubriand, exilé à Londres entre Révolution et Terreur. Il vit chichement, ressent le froid mordant,  ne sachant pas comment s’en sortir, errant çà et là… Un soir, il se fait enfermer dans l’Abbaye de Westminster, et rencontre une jeune femme…

A partir de ce minuscule passage dans l’œuvre de Chateaubriand (Les Mémoires d’Outre-Tombe), Jérôme Attal développe une histoire près ce baiser fugace, de celui qui marque une vie. Le jeune Chevalier (il n’a que 25 ans à l’époque) a-t-il rêvé ? Qui est-elle, cette petite sonneuse de cloches à Westminster ?


Parallèlement, l’auteur nous présente l’histoire de Joachim Stockholm dont le père, universitaire émérite, laisse, à sa mort, parmi ses papiers, un brouillon sur cette partie de la vie de Chateaubriand. Il a établi la liste des femmes aimées et connues… et il y a une interrogation sur la petite sonneuse de cloches. Son fils part dans une sorte de quête autant pour résoudre cette énigme que pour suivre les traces de ce père érudit et un brin secret. 
Joachim part alors à Londres sur les traces de l’écrivain avec l’aide précieuse de Marin Maret, vieux collègue de son paternel… il n’est pas au bout de ses propres surprises et rencontres.

Et, donc, Lisa ?
Au-delà des deux histoires contées par Jérôme Attal, il émane une poésie et un air romanesque incroyables dans ce roman. 
On est happés immédiatement par cette jeune femme qui a volé un baiser à l’écrivain qui nous faisait frissonner en classe… principalement car on avait tous peur d’avoir à argumenter sur un passage de ses Mémoires.
Entre Chabeaubriand qui relate sa vie londonienne en exil, entre pauvreté, angoisse, faim et désespoir et Joachim qui s’échine à trouver qui est la petite sonneuse, qui rencontre une jeune femme, lui aussi, qui travaille sur le même sujet, Attal nous promène dans le Londres des deux époques mêlant amour, espoir, surprise, romanesque et deuil, celui que Joachim accomplit pas après pas. 
D’une simple phrase page 118 des Mémoires d’Outre-Tombe (« [...] : c’était la petite sonneuse de cloches. J’entendis le bruit d’un baiser, et la cloche tinta le point du jour. […] »), l’auteur nous offre un beau moment de romantisme que Chateaubriand aurait aimé, sans aucun doute.
L’élan enthousiaste qui a saisi la lectrice que je suis, fut bouleversant et empreint de cette soif de savoir qui était cette fille qui osa embrasser un inconnu dans la glaciale abbaye… et comment un simple baiser, furtif, s’est imprimé dans la mémoire de cet illustre écrivain.
La liberté que possèdent les auteurs est là magnifiée. On peut tout inventer, broder à partir un mot, d’une phrase, et en tirer une double histoire, douce, amère, émouvante, romanesque, pleine d’espoir, d’amour, d’amitié et de fidélité. 
J’ai passé un excellent moment avec ces personnages, aux côtés de Joachim, à espérer, à m’exalter pour le moindre indice, le moindre souffle… et que dire de la scène finale… elle a fini par achever mon souffle romanesque (et m’a serré le cœur). 
Si vous êtes sensible à ce sentiment d’inachevé, de possible impossible et à Chateaubriand, « La petite sonneuse de Cloches » est fait pour vous et vous pourrait, comme moi, remercier Jérôme Attal pour ce délicieux roman et à l’attente qu’il a suscitée !
***

Éditions Robert Laffont 
Parution : 22 août 2019
EAN : 978-2221241660
Nombres de pages : 270
Prix (à la sortie) : 19€




Tuesday, September 18, 2018

[Lecture] La Tache Verte d'Anne Labbé... Un futur vert forêt inquiétant mais plein d'espoirs !



Livre envoyé gracieusement par les Éditions Alice Lyner.


Le résumé de l’éditeur :

« An 2150. L’humanité a rejeté tout l’aléatoire et toute la cruauté de la nature. Elle vit paisiblement dans des villes-pyramides. Elle se nourrit exclusivement de plantes génétiquement modifiées, cultivées hors-sol dans des « fermes-tours ». Tout autour de ces villes, la terre est déserte. Il ne subsiste plus aucune plante ni aucun animal. Cependant, un grave danger menace ce monde d’où toute violence semble avoir été exclue : une immense « tache verte » dont l’existence (connue seulement du Gouvernement Mondial) est soigneusement cachée à la population afin d’éviter toute panique. Célio, un jeune et brillant botaniste, doit se rendre dans ce lieu inquiétant. Il est chargé par le Gouvernement Mondial de prélever des échantillons végétaux qui devraient permettre de découvrir une substance capable d’éradiquer cette menaçante « tache verte ». Là, Célio découvre avec stupeur que ce monde qu’il croyait exclusivement végétal abrite aussi d’autres formes de vie : des animaux, une petite communauté humaine survivant dans des conditions stupéfiantes, et d’inquiétantes « Intelligences Magiciennes »… »



Le contexte de lecture :

J’ai découvert ce livre parce qu’il apparaissait référencé « Berry », « Contes » et « écologie ». Je dois avouer que j’avais déjà vu le nom d’Anne Labbé au sujet de contes de ce joli coin de France (La Brenne).

Attention, il date de 2013, mais comme je ne connaissais pas cette maison d’édition, je n’avais aucune visu sur leurs parutions. Maintenant, je vais regarder cela de plus près !

Évidemment, de par mes racines familiales qui ont souvent posé leurs valises vers La Guerche, j’ai entendu des histoires sur la magie du Berry, les croyances et sur les fées, et autres joyeusetés qui font le bonheur des enfants curieux.

A la lecture du résumé, je n’ai pas hésité. J’ai joint le service de presse d’Alice Lyner Éditions et ils ont été sensibles à ma demande.

En outre il était indiqué sur la quatrième de couverture que l’auteur(e) apportait là « une vision sur les dérives de la société notamment sur le progrès, l’industrie alimentaire, la place des handicapés et des personnes âgées ».

Comment ne pas être interpelé ? 



Le corps du roman :

Anne Labbé est une conteuse, du genre dont l’héritage coule dans ses veines depuis des générations. On le sent lors de la lecture.

C’est fluide, avec des descriptions imagées, pleines de poésie, de détails flamboyants, des jolies phrases et des moments de réflexions.

Ce roman d’anticipation s’étale sur 488 pages sans un seul moment de répit.

C’est comme les longues soirées contées au coin du feu, avec des histoires de fées, d’animaux, de surnaturel et de chaleur humaine.

Dès l’entame, Anne Labbé nous plonge dans ce futur uniforme, aseptisé, contrôlé, millimétré et ultra-sécurisé. Rien ne dépasse dans ces villes-pyramides et Célio, ce jeune botaniste, est l’archétype de la politique de ce Gouvernement Mondial : brillant mais lisse, sous contrôle et plein de certitudes.

Dès que Célio arrive à l’orée de cette tache verte, l’histoire s’accélère, s’approfondit et la vision sur certains problèmes de notre société actuelle.

Sous couvert de cette petite communauté d’humains vivants en marge, cachés, dans cette partie de la Brenne, la place des personnes âgées, des handicapés, ou de l’éducation des enfants.

A partir de ce moment, Célio plonge dans ce monde si différent du sien, avec la bienveillante Angeline, petite fille débrouillarde et intelligente, qui entretient une liaison magique avec une cocadrille (ou cocatrix) !

S’en suivent une initiation, une découverte, une éducation différente que Célio, au début, a du mal à comprendre, à appréhender, à ingérer. Il faut dire qu’il est confronté à tout le contraire de ce qu’on lui a inculqué pendant des années.

Ce botaniste se crée alors une nouvelle sphère, découvre des croyances, des us et coutumes ainsi qu’une nouvelle vision d’un avenir plus en adéquate avec l’ensemble des habitants de la planète, y compris végétaux, et magiques !

Cette tache verte s’étend et prend une ampleur dans notre cerveau ; nous pousse à réfléchir, à entrevoir un avenir peu radieux et des solutions éventuelles.


Et, donc, Lisa ?

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre, dense, réfléchi, intelligent, intéressant et surtout d’une acuité sur notre société et notre futur.

Bien sûr, Anne Labbé pousse le lecteur à la réflexion, à la compréhension, à l’évidente révélation de nos envies profondes, de notre destinée tracée (ou pas). Elle sait conter cette histoire avec des mots simples mais poétiques, une ambiance naturellement magique et profondément humaine.

C’est évidemment un roman d’anticipation mais l’An 2150 pourrait être demain pour nous tous, et malgré que nous soyons habitués à nos vies, nos outils de communication et notre confort, sans, bien souvent, tenir compte de la nature que l’on piétine allégrement, la vie de ces habitants de la Tache Verte fait envie ; Une vie simple, tranquille, à la fois intelligente et ouverte vers l’innovation et la technique, tout en étant en harmonie avec la nature, les animaux et la Terre.

Comme je l’ai dit, j’ai vraiment apprécié mes heures de lecture ; j’ai été happée, envoûtée par cette histoire et les mots de l’auteur(e). 


Le déroulé de l’histoire est conforme à ce que j’espérais, ou imaginais…

Pourtant, si je devais mettre un bémol aux dernières pages, cela serait l’absence de quelques paragraphes entre Célio et Angeline.

J’ai trouvé la fin assez évidente, mais belle, pleine d’espoir, tout en étant un peu abrupte, trop rapide par rapport au passé récent de Célio et aux aventures d’Angeline.

Ce roman aurait gagné à une réflexion de part et d’autre sur leurs apprentissages, leurs peurs et leurs espoirs.

Néanmoins, cela n’enlève en rien, absolument rien, la beauté de conteuse d’Anne Labbé et à ce roman d’anticipation fascinant.


***

Titre « La Tache Verte »
Éditions Alice Lyner
Parution : 10 avril 2013
ISBN : 978-2918352440
Nombres de pages : 488
Prix (à la sortie) : 23euros 





Friday, July 20, 2018

[Livres] Smile de Roddy Doyle - Dernière un sourire, il y a souvent une larme...

JOELLE LOSFELD

Livre envoyé gracieusement par les Éditions Joëlle LOSFELD.


Le résumé de l’éditeur :

Victor Forde vient de se séparer de sa compagne, Rachel Carey, le grand amour de sa vie. Il retourne vivre dans le quartier dublinois de son enfance, près de la mer, où il s’installe dans un immeuble moderne abritant essentiellement des émigrés d’Europe de l’Est. Il se force à se rendre tous les soirs dans le même pub, comme «on irait à la salle de sport ou à la messe». Il y rencontre un certain Ed Fitzpatrick, qui lui assure être un ancien camarade de classe. Il ne se souvient pas de lui mais a une sensation désagréable en sa présence, sans réussir à s’expliquer pourquoi. Ils se croisent régulièrement au pub : Ed recherche une complicité, il revient sans cesse sur leur passé d’écoliers chez les frères chrétiens.

Victor se bat avec sa mémoire et refuse de toute évidence des pans entiers de son passé. Ed Fitzpatrick, suspect, voire sinistre, agit sur lui comme un révélateur et l’oblige à affronter la réalité



Le contexte de lecture :

Comment résister à Roddy Doyle ?

Depuis que j’ai lu « Paddy Clarke, ha ha ha », j’aime l’univers singulier de cet écrivain irlandais… Eh, oui, j’ai un souci majeur avec la littérature irlandaise, puisque je ne désespère plus de revoir un nouveau roman de Rober McLiam Wilson (d’accord, nord-irlandais, mais je ne chipote pas sur le sujet !).

Donc, quand j’ai vu la sortie, la veille de mon anniversaire, de ce livre, intitulé « Smile » (comme l’album magnifique de The Beach Boys), je n’ai pas résisté longtemps à demander de le lire avant sa sortie.

Comme à l’accoutumée, les Éditions Joëlle LOSFELD m’ont fait l’honneur d’accéder à ma demande et me voici avec le livre à la main, le sourire aux lèvres (oui, je sais, c’est facile !).

Onzième roman de Doyle, « Smile » n’est pas à proprement parler un livre joyeux comme on peut l’être les précédents, notamment, donc, « Paddy Clarke, ha ha ha » ou  un brin cruel comme « La femme qui se cognait dans les portes ».

Pourtant, à lire la quatrième de couverture, je sentais bien que derrière le sourire, j’allais avoir besoin d’un remontant (un whiskey, merci !).

DUBLIN

Le corps du roman :

« Smile » est raconté du point de vue de Victor Forde ; Il est dans sa cinquantaine, fraîchement séparé de sa célèbre femme et écrit. Il a eu une vie avant la fréquentation de ce pub où il décide de séjourner, souvent, comme s’il était dans un cocon. Il était journaliste, sans la gloire qu’il pensait récolter.
Pendant qu’il descend une pinte, Victor voit s’incruster à sa table un soi-disant ex-camarade, Ed Fitzpatrick. Ce dernier, que Victor ne reconnaît absolument pas, tout en vulgarité et allusion à une période scolaire, lui détaille des détails de son parcours à l’école des Frères Chrétiens. Entre funérailles d’un vieux Frère, violence entre garçons et la vie de l’école, Fitzpatrick revient sur l’attirance d’un des Frères pour Victor ; Bien qu’affable, Ed, et les souvenirs nostalgiques et troublants, pousse Forde à ruer dans les brancards, doucement mais sûrement. Son instinct le pousse à le détester d’emblée, à vouloir « le tuer ».

La raison du titre du roman est révélée dès les premières pages. Le Frère Murphy « ne résistait jamais » au sourire de Victor ; Phrase qui allait définir le jeune garçon pour des années. Le lecteur comprend tout de suite le sens de cette phrase et les répercussions que cela peut avoir sur un jeune adolescent et une bande de garçons empreints de violence et d’hormones.

Les souvenirs de Victor sont remis en question par ce Fitzpatrick qui agit comme une conscience prête à sauter sur le cerveau de Victor afin de le forcer à affronter son passé : entre angélus et démon.

Roddy Doyle ne fait pas dans la simplicité. Son livre oscille entre leurres subtils émis par une mémoire filtrée, une certaine violence et la capacité qu’a le passé à se réveiller au mauvais moment, ou, a minima, quand la personne pense en avoir fini.

Les souvenirs attaquent, sortent du placard et foncent dans la vie de Victor comme un bulldozer.


Et, donc, Lisa ?

Ce roman est surprenant. Premièrement car Roddy Doyle produit ici un de ces romans les plus sombres depuis plus de vingt ans et vraisemblablement depuis, d’après moi, « La Femme qui se cognait aux portes ».

On peut dire qu’il résume l’œuvre de Doyle. En quelque sorte, il associe les thèmes chers à l’auteur irlandais : les souvenirs d’enfance, les regrets de l’adulte et les conversations dans les pubs et que tout ceci s’emboîte parfaitement.

Ce roman est vraiment, profondément, émouvant car il touche la part d’enfance du lecteur. Cette enfance brisée, chez Victor, ce trouble, ce traumatisme que ce jeune garçon a enfoui pendant des décennies et qui lui explosent au visage.

Victor conte des pans de sa vie, heureuse ou pas, des moments forts, des moments sensuels ou sexuels, des moments difficiles à assumer, ou même des moments de solitude. Il alterne ici, là, seul, à deux, en famille, sans, etc.

Il possède cette honnêteté et cette lucidité envers ses actes et décide d’explorer sa jeunesse jusqu’à la dernière page.

C’est également l’ironie de ce roman… car entre humour et les faits, les souvenirs se transforment en prise de conscience…

On pourra toujours dire que la fin du roman est aussi courageuse que complexe et étonnera certains lecteurs et même que certains d’entre eux ne seront pas séduits, ou déroutés... ou même passeront à côté... Mais elle est telle que j’aurais pu l’écrire.

Ce « Smile » est troublant, dans tous les sens du terme…

En outre, cette phrase prononcée par Roddy Doyle, lors d’une interview, fait écho en moi : « Le travail que j'ai fait ? Si je n'étais pas moi, je serais impressionné. ».

Autant dire, que cette histoire ne peut que faire une sacré impression.


***

Titre SMILE
Éditions Joëlle LOSFELD
Parution : 23 août 2018
ISBN : 2072758521
Nombres de pages : 247
Prix (à la sortie) : 19,50 euros




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