Showing posts with label ParisianShoeGals. Show all posts
Showing posts with label ParisianShoeGals. Show all posts

Wednesday, February 03, 2016

[Cinéma] Chronique "Experimenter" de Michael Almereyda

 

Stanley Milgram, professeur en relations humaines à l’Université de Yale organise, en 1961, en plein procès Eichmann, des expériences sur la volonté de cobayes à accepter des ordres malgré leur propre morale. Ces tests, autant décriés que cités en référence par ses pairs, vont faire de Milgram un expert mondial reconnu et renommé. Son expérience consiste à demander à des inconnus d’infliger des décharges électriques, presque mortelles, à une autre personne qui n’était autre, en réalité, qu’un acteur, complice du scientifique, et ne recevait aucune « punition ».


Entre 1960 et 1963, en plein procès Eichmann, Stanley Milgram avait le désir de comprendre comment tant d’hommes et de femmes ont pu consentir à obéir aveuglément à la doctrine nazie et à son lot d’horreurs en découlant.

Le film est donc basé sur les débuts des études psychologiques relatives à la part de culpabilité des bourreaux initiées par Milgram et son incontournable ouvrage « La soumission à l’autorité[1] », issu de sa célèbre « expérience ». Ces expériences ont été décriées en son temps par les pairs de Milgram et ont créé de multiples polémiques, encore en cours à l’heure actuelle dès qu’un crime en masse est commis.

Michael Almereyda offre ici un film qui est à la fois un biopic et un documentaire sur la vie de Stanley Milgram, interprété ici par Peter Sarsgaard, à la hauteur du rôle. Oscillant entre les deux formats, le film attenue pourtant les autres enjeux de la vie de Milgram qui ont pu le conduire à ses travaux et nous prive donc d’une certaine compréhension des tenants et aboutissants des expériences ; Par exemple, il élude quasiment tous les aspects du personnage et réduit bien souvent sa femme, jouée par Winona Ryder –enfin de retour - à  une collaboratrice lambda.

Un anti-biopic serait plus vraisemblablement le terme qui pourrait venir à l’esprit. Ne pas trop exposer la vie d’un être pour se centrer sur le sujet principal, d’où le titre « Experimenter », affadir au mieux les décors (on se croirait sur la scène d’un théâtre par moment et on note clairement le fond vert un peu à la façon des films des années 50), voici le parti prit par Almereyda. 

Les interventions face caméra de Milgram (scènes basées sur les propres images d’archives du scientifique) s’adressant aux spectateurs, provoquent un sentiment d’effroi, d’oppression et de torpeur et font penser, en moins percutantes, à celles de Frank Underwood dans « House of Cards ». 

De plus le sentiment d’être accompagné comme un enfant peut être dérangeant, mais ne l’a pas été dans mon cas. Certains spectateurs  de ma connaissance en ont été gênés ; Sans compter sur l’apparition d’un éléphant dans un couloir ou Sarsgaard chantant dans la rue…



En outre, le début du film pose tout de suite l’expérience et, à mon avis, ne laisse pas vraiment s’installer la relation public/personnages. Il existe alors un manque d’empathie, pour certains rôles laissés sur le bas-côté, préjudiciable pour la compréhension globale de Milgram et ses relations annexes.

Toutefois, l’intérêt de cette expérience, des théories prouvées désormais, et de cette oppression ressentie posent le problème des conclusions de Milgram qui s’avèrent à la fois effroyables et passionnantes sur le genre humain. 

Le jeu et la diction de Sarsgaard est là pour maintenir l’attrait et la tension qu’il se dégage de ce film singulier, au rythme lent et somme toute un brin arty, contrebalancé, avec bonheur, par la légèreté affichée du couple Sarsgaard/Ryder. 

En effet, les scènes du couple (de la rencontre à la fin de leur vie commune) sont une petite bulle de bonheur afin de reprendre son souffle devant les conclusions effarantes et le son « délicat » des décharges électriques !



Un film à découvrir comme une expérimentation de l’âme humaine. 

Car la question sur laquelle vous êtes amené(e) à réfléchir est limpide : 

Que feriez-vous à la place du « professeur » ?

Si ce sujet vous intéresse, les expériences de Milgram ont été notamment évoqué dans un –excellent- livre sorti en 2013 (« Aurais-je été résistant ou bourreau ? » – Pierre Bayard – Editions de Minuit) qui positionnait l’auteur face à des actions de la Seconde Guerre Mondiale afin de débattre sur sa réaction, au moment M.

Experimenter
Réalisateur : Michael Almereyda 
Avec : Peter Sarsgaard, Winona Ryder, Jim Gaffigan, Kellan Lutz, Dennis Haysbert, etc.

 1h30
 Sortie : 27 janvier 2016





[1] Calmann-Lévy - 1994 


En association avec :
http://www.parisladouce.com/


Wednesday, December 23, 2015

Chronique cinéma : Star Wars Episode VII - Le réveil de la Force



Trente ans après « Le Retour du Jedi », Luke Skywalker, grand maître Jedi, est en danger.  Après avoir enseigné et éduqué une nouvelle génération de Padawan, il s’est retiré tel Obi Wan Kenobi, son maître, après l’échec avec l’un de ses élèves qui s’est tourné du côté obscur. S’organise alors, sous le règne sombre du Premier Ordre, héritier de l’Empire, emmené par un tueur redoutable en la personne de Kylo Ren, une recherche intergalactique pour le retrouver.  Une jeune pilleuse d’épaves, Rey, un ancien Stormtrooper démissionnaire, Finn, et une petite « boule » de robot, BB-8, s’unissent, par la force des choses, avec le leader des pilotes de la flotte, Dameron, pour retrouver Luke. Au hasard de leurs aventures, ils seront aidés par Han Solo, qui a repris ses activités de contrebandier avec son fidèle Chewbacca, la Princesse Leïa, Général en Chef de la Résistance, et les inénarrables robots R2D2 et C3PO. La lutte entre le côté obscur et la Force va pousser chacun à aller toujours plus loin dans la connaissance de son passé et de son futur.

Ecrire cette chronique va se révéler aussi difficile que de résister au côté obscur de la Force ; Comment évoquer une telle saga, et en l’occurrence l’épisode VII, tant attendu, sans dévoiler ne serait-ce qu’un petit bout des révélations ?

Car, honnêtement, divulguer le film serait préjudiciable aux futurs spectateurs !

Tout d’abord, revenons à la base, le film. Techniquement  et visuellement irréprochable il est !

Les effets spéciaux ne sont pas (trop) apparents – je l’ai vu en 3D, bluffant –, les paysages « naturels » (le désert pour la planète Jukka, la forêt, etc. ) sont magnifiques, les temps forts alternent avec l’humour légendaire usé avec parcimonie, les scènes de batailles sont épiques, notamment celle sous la neige. Un grand moment !

Bref, J.J. Abrams se montre à la hauteur des épisodes IV, V et VI. Je ne m’étendrai pas sur les I, II, et, dans une moindre mesure le III, avec lesquels j’ai eu du mal (dans tous les sens du terme) à me remettre, en bon fan de Star Wars.

Les personnages reprennent, avec modernité, les bases et thèmes historiques : l’amour, l’amitié, la trahison, la vengeance, la résistance et le mythe du père.



Cette fois, le jeune naïf décidé à en découdre –Luke dans Un Nouvel Espoir- est interprété par une fille, Rey dont on ne sait rien du passé, hormis qu’elle est un pilleur d’épaves, drôlement dégourdie et qu’elle développe certaines habilités après avoir croisé le nouveau méchant de la Saga, Kylo Ren ; ce qui augure des révélations dans l’épisode VIII.

Elle est aidée par un Stormtrooper, déserteur, qui a troqué son habit immaculé de terreur pour une tenue vestimentaire plus décontractée (vive le blouson d’aviateur). Il est aussi peu volontaire à la cause que l’était Han Solo lors de sa rencontre avec Luke mais qui, par la force des choses, et par béguin pour la demoiselle, pas en détresse pourtant,  –Leïa/ Rey – va se ranger dans la bataille.

Il y a aussi un pilote émérite, Dameron, guidant la flotte, charismatique –merveilleux Isaac Oscar – mais pas franchement le plus marrant, quelques créatures étranges et effrayantes, des femmes de pouvoir et des leaders sinistres – je ne croiserai pas le Général Hux au coin d’une rue ! –.

Évidemment, les méchants sont là ! En tête de gondole, Kylo Ren, disciple du Premier Ordre qui vaut son pesant de sabre laser. Non seulement, sa similitude avec les codes Dark Vadorien (blasphème !) est frappante mais son côté obscur est largement pas engageant. Sa cruauté est assez glaçante lors d’une certaine scène. Pourtant, son secret va en révolutionner plus d’un (j’en suis encore émue) et son futur promet de belles perspectives sombres. Chic !



Et, bien sûr, les historiques sont de retour, enfin ceux qui sont encore vivants – pour l’instant - : la Princesse Leïa, sans macaron mais avec son âme de (général en) chef, Han Solo, son humour, sa vie, son œuvre, Chewbacca, qui n’a pas pris un poil blanc –lui-, R2D2 et C3P0, toujours si lumineux, les –in- dignes précurseur d’une nouvelle « boule » qui va devenir culte (la choupinette BB-8) et, (mince, tant pis) Luke Skywalker, himself. 
 
Je ne vous cacherai pas qu’un pincement au cœur survient quand ces icônes apparaissent sur l’écran.
Ce premier volet de la nouvelle trilogie est donc basé sur la recherche de Luke, dernier des Jedis et, par là-même, détenteur de toute la Force. 

Chaque personnage se retrouve, comme dans Le Nouvel Espoir, face à ses valeurs, ses envies et son destin auquel il ne peut, clairement, pas échapper.

Cependant, comme il faut bien pinailler un peu, je me dois de dire que, malgré que le temps passe agréablement, sans accro, sans temps mort, certains moments m’ont semblé « superflus » (blasphème, bis) et la ressemblance physique et vocale (en V.O. c’est flagrant) entre Daisy Ridley et Keira Knightley m’a, également, de temps en temps, dérangé. 

De plus, j’ai ressenti comme un manque à la sortie. Je ne saurai l’expliquer. Quelque chose manquait… Ce qui ouvre la voie royale à l’épisode VIII !



Alors, oui, bien sûr, les médisants pourront énoncer que ce nouvel opus pompe joyeusement sur Le Nouvel Espoir ; Les similitudes dans certaines scènes sont évidentes, les symboles au fascisme aussi – une scène particulière renvoie au congrès de Nuremberg en 1935 -  mais je les ai acceptées comme des clins d’œil à la trilogie historique ; comme une filiation, un lien indéfectible entre le passé et le présent – thème cher à Georges Lucas.

Et puis, après tout, l’Histoire n’est-elle pas un éternel recommencement ?

 

Si l’on s’en tient à ce film, avec le passé des six autres épisodes, on peut légitimement dire que J.J Abrams a réveillé la Force,  va ravir les fans et susciter l’attente, l’appréhension et l’excitation pour les deux autres films, épisodes VII et XIX, prévus respectivement pour 2017 et 2019. 

La scène finale ouvre grande la porte à toutes les possibilités et à l’imagination.

C’est pour cette raison que, malgré quelques bémols relevés çà et là – là, encore, impossible d’en dire plus, car cela serait trahir tout le film –, Star Wars  épisode VII « Le Réveil de la Force » est un bel héritage pour la légion de fans historique (oui, je fais partie du lot de 1977), de ceux arrivés en cours de route, et des petits nouveaux qui découvriront l’ensemble avec des yeux d’enfants.

Car, pour aimer Star Wars, il faut non seulement aimer la Science-Fiction mais surtout garder son âme d’enfant, son innocence et son désir de découvrir d’autres choses, d’autres cultures, d’autres civilisations. 

Une touche d’universel et d’humanité dans une très lointaine galaxie…

L’universalité de Star Wars est sa force, et donc, forcément, la nôtre.

Que la Force soit avec nous, tous.



Star Wars Episode VII – Le Réveil de la Force
Réalisateur : J.J. Abrams
Avec Harrison Ford, Carrie Fisher, Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver, Domhnall Glemson, etc. (Ah, oui Mark Hamill, pardon).  
2h21
Sortie : 16 décembre 2015





Crédits photos : Lucasfilm Ltd. & TM. All Right Reserved.




En association avec :


Monday, November 02, 2015

Chronique cinéma : Seul sur Mars - Ridley Scott

Dans un futur proche, en mission sur Mars, l’équipage d’une expédition de la NASA doit décoller d’urgence laissant pour mort un des leurs, happé par une antenne satellite et emporté au loin. L’astronaute et botaniste Mark Watney, abandonné mais bien vivant, s’organise avec les moyens du bord et les équipements laissés sur place bien décidé à survivre dans cet environnement martien et essaie de contacter la Terre. Après avoir été repéré par les images satellitaires, les secours, engagés par la NASA, et les scientifiques mondiaux travaillent sans relâche pour trouver la meilleure solution possible pour un sauvetage, aidé en cela par l’équipage rescapé en route pour la Terre.



La gageure de Ridley Scott, après les boudés Prometheus, pourtant intéressant- et Exodus – Gods and Kings, passable, était de faire mieux, ou aussi bien, que les deux derniers films de Science-Fiction qu’ont été les très bons Gravity de CuarÓn et Interstellar de Nolan. Il fallait aussi arriver à adapter l’excellent roman d’Andy Weir. 

Scott n’est jamais meilleur que lorsqu’il réside dans l’espace ou dans un passé lointain. Le film, véritable déclaration d’amour à la science, se focalise en grande partie, sur l’astronaute Watney, son indestructible foi en la botanique, l’ingéniosité, l’optimisme quasi sans faille, l’humanité et son humour hilarant, sans oublier la bande-son disco laissée par son commandant de bord.

Les scènes sur Mars sont à la fois incroyablement poétiques, empreintes de réalisme scientifique et d’une drôlerie sonore. C’est visuellement bluffant. Les moments de grâce et d’humour sont accompagnés par cette bande-son disco qui allie tous les classiques (Abba, Donna Summer, Thelma Houston, Gloria Gaynor), le sublime Starman de Bowie et la musique plus classique pour ce genre d’odyssée composée par Harry Gregson-Williams. La scène d’un Matt Damon démontant une capsule pièce par pièce pour l’alléger sur Waterlood’Abba est exceptionnelle (-ment drôle).



Les aller-retours entre Mars et la Terre, notamment les trop nombreuses scènes à la Nasa, ralentissent le film et les ellipses sur le personnage joué par Jessica Chastain, le commandant ayant pris la décision d’abandonner un de ses membres, affadissent son rôle censé lutter contre la bureaucratie, les intérêts contradictoires et sa culpabilité. Pourtant, le film est à la fois divertissant, spectaculaire et intimiste. On suit avec plaisir l’épopée, proche de celle d’Ulysse, de Mark Watney dont l’interprétation de Matt Damon apporte une palette alliant suspense et émotion. Il porte littéralement le film sur ses épaules de plus en plus frêles et les seconds rôles mettent du sel dans l’histoire martienne.


Attention, malgré le titre français, l’original étant « The Martian », il ne s'agit pas de la version intergalactique du Seul au Monde avec Tom Hanks. C’est bien un film de science-fiction teinté d’humour et d’ironie. Alors, oui, on pourra évoquer çà et là quelques manques de mystère et d'émotion pour le hisser au niveau supérieur mais « Seul sur Mars » vante à lui tout seul le pragmatisme de la science et les valeurs humaines prônées par le roman de Weir, la foi en une survie à tout prix. 

Mais cela n’est rien par rapport au sourire que l’on arbore à la fin. Restez bien jusqu’au bout du générique.

Il est à noter que les images de l’explosion d’une sonde de recours ne sont pas, d’ailleurs, sans rappeler la destruction après son décollage de la navette Challenger en 1986. Et dire qu’on a trouvé des traces d’eau sur Mars grâce à un type de sel qui absorbe la vapeur d’eau de l’atmosphère pour former une sorte de saumure ! En route pour Mars (mais pas tout seul !).









Seul sur Mars 


Réalisateur : Ridley Scott 


Avec Matt Damon, Jessica Chastain, Chiwetel Ejiofor, Sean Bean, Jeff Daniels, Kate Mara, Kirsten Wiig, 


2h21 

Sortie : 20 octobre 2015




En association avec :



Monday, October 05, 2015

Chronique ciné : Mémoires de Jeunesse - James Kent


Au printemps 1914, l’impétueuse Vera Brittain ne rêve que d’université, d’écriture et d’admission à Oxford, où son frère, son meilleur soutien, va faire son entrée prochainement, malgré l’hostilité de ses parents qui, eux, songent plus à un bon mariage. Son frère, justement, et ses amis dont l’étonnant Richard Leighton, la soutiennent dans ce projet fou, pour l’époque, du fait de sa condition de jeune femme issue de la bourgeoisie anglaise. Vera s’éprend de Richard rapidement et réciproquement. Leur idylle est épique en raison de tout ce qui peut les séparer. Il la comprend, la soutient et ce, malgré, son insolente détermination. Alors qu’elle rejette les conventions maritales pour poursuivre son rêve d’être écrivaine, la Première Guerre Mondiale éclate et entraîne Richard, son frère et leurs amis dans la tourmente des tranchées. Restée à l’arrière, et après la mort d’un d’entre eux, Vera décide alors de devenir infirmière au sein de l’armée et en retrouve certains lors de rares permissions. Pourtant, en se frottant aux réalités de la guerre sur le terrain, elle comprend la folie de cette guerre et perd alors ses repères, ses ancrages et ceux qu’elle aime. 


Ce film relate une histoire vraie, celle de Vera Brittain, véritable pionnière du féminisme anglais dont le livre « Testament of Youth » (mémoires de jeunesse, donc) est étudié à l’école comme une œuvre majeure –qu’elle est. 



James Kent, d’ordinaire plus tourné vers les documentaires ou les séries TV (Inside Men), filme cette jeune femme tout au long de son parcours qui la fait penser, réagir et aimer différemment selon les circonstances en ce début de 20e siècle. 



« Mémoires de Jeunesse » a clairement deux parties quasiment distinctes. 



La première largement dévolue à l’histoire d’amour entre Vera, indépendante, intransigeante et limite insensible aux souffrances des autres, tant elle est focalisée sur sa propre destinée, et Richard Leighton réaliste, solaire, poète et détonnant dans son milieu. 



Leurs premiers regards, échanges, moments à deux ou à plusieurs (le frère de Vera et d’autres amis faisant partie des soutiens de Vera sont toujours à proximité) sont légers comme une plume et naïfs, baignés dans une lumière douce et un peu floue. Une version Belle Epoque de la danse séduisante entre John Keats et sa Fanny filmée si magnifiquement par Jane Campion (Bright Star). L’image est léchée, les paysages somptueux, les répliques et gestes attentionnés mais déterminés. 



Puis, arrive la déclaration de guerre, le départ la fleur au fusil des jeunes gens, les adieux déchirants, le côté insouciant de cette jeunesse bientôt sacrifiée. 



La deuxième partie est plus sombre, plus réaliste, plus percutante. Vera affronte, tout d’abord à l’arrière, le retour pour permission de Richard qui, ayant assisté à plusieurs batailles et souffert des affres de la guerre, n’est plus le même garçon dont elle est tombée amoureuse et ne comprend pas, immédiatement, la noirceur. 



Puis, dues aux circonstances (la mort de Richard, notamment), elle prend la décision de partir au front, en tant qu’infirmière et fait face aux blessures effrayantes autant physiques que morales des soldats des deux camps. Son travail dans un hôpital de campagne lui faisant soigner autant les alliées que les ennemis. 



Vera, à la fois fragile (grâce à l’allure gracile et sensuelle d’Alicia Vikander, véritable astre du film), gracieuse et déterminée, n’hésite pas, avance sur le chemin, voit ses rêves de bonheur et d’amour s’effilocher et fait face à ce jeu de massacre. 



Elle reste droite comme un roc malgré les coups de la vie, ce qui est clairement énoncé dans son journal intime –Chronicle of Youth The War Diary 1913/1917- malheureusement non publié en français –tout comme Testament of Youth d’ailleurs -, puisqu’elle ira finalement à l’Université et deviendra écrivaine et journaliste féministe célèbre. 





James Kent présente donc le destin d’une femme en avance sur son temps, prête à tout pour avoir les mêmes droits que les hommes en matière d’éducation notamment. Vera Brittain est une figure anglaise, connue et reconnue, dont la fille est toujours une des paires du Royaume. 



Pourtant, la volonté du réalisateur de retranscrire la douleur des familles, le rôle des infirmières au front (parfois envoyées soigner des soldats allemands), la perte des êtres chers, la peur, la souffrance des soldats, l’injustice, et les conventions sociales des femmes, perd, quelque fois, à cause de quelques ellipses, la force émotionnelle qui est décrit par Vera Brittain dans ses ouvrages. 



Il est à signaler que tous les acteurs sont justes même si certains, sont malheureusement pas assez utilisés et semblent être de passage (délicats Taron Egerton et Colin Morgan). Alicia Vikander est, donc, lumineuse dans ce rôle et porte ce film sur ses frêles épaules et son regard déterminé. Le solaire Kit Harington donne à Richard Leighton ce côté séduisant et sacrifié que le vrai arborait. 



Pour la petite histoire, Richard Leighton est enterré au cimetière militaire de Louvencourt dans la Somme et on note la présence de violettes sur sa tombe en référence au poème qu’il avait écrit à Vera (Violets from Plug Street Wood). Vera a été incinérée et ses cendres répandues sur le plateau de Asiago en Italie où son frère, Edward a trouvé la mort. 



Ce film dépeint bien, dans sa deuxième partie, la boucherie européenne qu’a été la Première Guerre Mondiale, sacrifiant une génération brillante, pleine de rêves et d’espoir au tournant du 20e siècle. 




Mémoires de Jeunesse 

Réalisateur : James Kent 

Avec Alicia Vikander, Taron Egerton, Colin Morgan, Kit Harington, Emily Watson, Hayley Atwell, Dominic West. 

Sortie : 23 septembre 2015 

2 heures 10





En association avec ParisianShoe Gals






Monday, July 20, 2015

Chronique Ciné : La Femme au tableau de Simon Curtis


A la fin des années 90, suite au décès de sa sœur, Louisa, Marie Altman, septuagénaire élégante et étonnante, issue d’une famille juive de la haute bourgeoise viennoise exilée aux Etats-Unis après l’arrivée des Nazis en Autriche en 1938, réalise qu’elle peut récupérer cinq tableaux de Klimt ayant appartenus à son oncle, Ferdinand Bloch-Bauer, dont la célèbre « Joconde d’Autriche », le « portrait doré », représentant sa très jolie tante Adèle. Elle s’adjoint les services d’un jeune avocat peu charismatique mais besogneux, ami de sa famille, lui-même petit-fils d’exilés juifs-autrichiens, Randol Schoenberg. 

D’abord septique et intéressé par l’argent, Schoenberg est convaincu par Maria qui lui raconte l’histoire de sa famille, et la période troublée qui l’a conduite à l’exil et à la chute de son illustre lignée. 

Lancés dans une bataille juridique pour la restitution des œuvres spoliées face au gouvernement autrichien qui se refuse, par le biais d’une commission de restitution, et avec mauvaise foi, à un quelconque dialogue, Schoenberg porte l’affaire devant la Cour Suprême grâce à un testament retrouvé en Autriche par un journaliste autrichien, Hubertus Czernin. Une lutte oratoire s’ouvre alors sur le bienfondé de la demande de Maria Altman pour la récupération des biens volés basée sur le devoir de mémoire envers sa famille et non pour une simple question d’argent. 

***
Simon Curtis, après le très délicat My Week With Marilyn, nous offre un film basé sur une histoire réelle et qui a fait l’objet de nombreux articles et documents, celle de Maria Altman. 

De facture très classique, Le Femme au tableau est aussi intéressant qu’il peut être fade. Le jeu des acteurs principaux, Helen Mirren et Ryan Reynolds fait que le film arrive à émouvoir et à faire réfléchir. 

Cependant, les personnages sont un peu trop caricaturaux – Daniel Brühl en viennois expiant les fautes de son père en est l’archétype, comme la femme de Reynolds, Katie Holmes, qui ne possède qu’une moue datant de sa période Dawson – et l’ennui peut saisir parfois, çà et là. Les révélations psychologiques et la carte du mélodrame sont aussi trop appuyées par endroit. 

Pourtant, il serait dommage de passer à côté des scènes de reconstitution du Vienne des années 10/20/30. Les costumes, les décors et l’imperceptible montée du nazisme sont ici excellemment restitués. Ce film vaut justement pour ces flash-backs qui expriment beaucoup plus que les livres d’Histoire ou autres articles sur la période. Comment l’une des communautés les plus importantes dans l’essor de l’Empire d’Autriche-Hongrie, la communauté juive, a été abandonnée et forcée soit à l’exil, en cédant ses biens, soit envoyée dans des camps ? 

La Femme au tableau est la preuve visible de cette partie de l’Histoire peu évoquée encore – même le récent film, cocasse, The Monument Men en avait effleuré une page - : la spoliation des œuvres d’Art pendant la seconde Guerre Mondiale. Des millions d’œuvres ont été pillés dans chaque pays d’Europe conquis par le IIIe Reich puis donnés aux dignitaires (comme le collier de la fameuse tante Adèle porté sur le tableau) ou aux musées amis. 

Le film pose donc, de façon trop académique malheureusement, de nombreuses questions sur le vol en temps de guerre, la « réparation faite aux familles meurtries », le devoir de mémoire et la définition d’une œuvre d’art. 

En effet, tout le monde évoque, dans ce film, la valeur marchande du tableau –qui sera acheté par la Neue Gallery de New York appartenant à Ronald S. Lauder, fils d’Estée, magnat de la cosmétique- pour 135 millions de dollars, mais tout le monde, ou presque, oublie l’idée essentielle : ce tableau est avant tout une œuvre d’art d’un peintre reconnu et, par là même, inestimable. 

L’art ne peut se définir que par l’argent. Une œuvre peut être banale mais précieuse pour quelqu’un et complétement anodine pour une autre. Dans le cas présent, il représente la tante adorée d’une petite fille qui vivait heureuse dans son pays, sa ville et au sein de sa famille et qui a tout perdu, ou presque, en un claquement de doigt. Maria Altman ne voit dans ce tableau que le souvenir qui lui procure. 

Helen Mirren, impeccable en vieille dame un peu excentrique et intraitable, et Ryan Reynolds, sobre, fade, malgré qu’il soit trop new yorkais dans son allure pour un pur californien, sont le duo parfait de ce film. Les seconds rôles sont parfaits (notamment la magnétique Antje Traue qui interprète Adèle Boch-Bauer, Max Irons en Fritz Altman, le mari de Maria et Tom Schilling en « petit » lieutenant nazi aveuglé –toujours irréprochable) et les décors lumineusement beaux. 

Reste que ce film est un peu trop lisse par moments et n’est pas à la hauteur de l’histoire réelle de Maria Altman qui nous dit à travers sa vie qu’il ne faut jamais rien lâcher même quand tout va mal. 

Il se laisse néanmoins –et heureusement - regarder par la qualité de son interprétation et par la force de l’Histoire. 

Pour la petite histoire, cette fois, le portrait d’Adèle Bloch-Bauer, peut être admiré à la galerie Neue à New York ; Le deuxième fait par Klimt peint en 1923 est visible au MOMA. Et si cette histoire vous passionne, regardez le magnifique documentaire allemand que j’avais vu il y a quelques années, réalisé en 2006 par Jane Chablani et Martin Smith intitulé « L’affaire Klimt ». 


La Femme au tableau 
Réalisateur : Simon Curtis 
Avec Helen Mirren, Ryan Reynolds, Daniel Brühl, Katie Holmes, Max Irons, Charles Dance 
Sortie : 15 juillet 2015




En association avec :




Article repris et publié dans le MAG BLOG :



Le blog d'une ItemLiz Girl

Newsletters !

Les Archives