Monday, February 13, 2017

[Cinéma] Chronique Cinéma : Silence de Martin Scorsese... dur mais (très) beau.




Au 17e siècle, la persécution contre le christianisme fait rage au Japon. Un seul prêtre demeure sur l'île. Forcé d’apostasier, il travaille désormais pour le régime en place. Deux Pères Jésuites, ayant eu ledit prêtre comme maître des novices, ne peuvent pas croireS qu’un tel homme, ancré dans ses convictions, ait pu adjurer sa foi. Ils se rendent donc au Japon afin de découvrir la vérité. Le destin va mettre leur foi à l’épreuve avec des conséquences inattendues.

Trois ans après « Le Loup de Wall Street » et avoir produit la série « Vinyl », Martin Scorsese adapte le roman de l’auteur japonais Shūsaku Endō, « Silence », qui fut porté à l’écran par Masahiro Shinado au début des années 70. Il faut dire que cela fait fort longtemps que Scorsese souhaitait réaliser ce projet dont il porte, à l’écran, son envie, sa volonté, son regard et sa conviction.

Voilà, c’est fait.

Il explore les tourments de l’âme, les fondements de la croyance et le chemin intérieur de deux prêtres jésuites partis en mission au Japon afin de retrouver l’un des leurs, et maître. Ils sont alors confrontés à la persécution et la réalité brutale de ce Japon du 17e siècle dont les autorités japonaises avaient pris le parti d’éradiquer toute présence de foi chrétienne sur leur sol.

Dès le début, le film immerge le spectateur dans cette atmosphère tendue, ses pressions, ses actes de torture et autres sévices corporels, mais aussi dans cette épreuve spirituelle, dans la douleur physique et morale, qui, bien que sans complaisance, le met, de temps en temps, mal à l’aise. 


Visuellement et esthétiquement magnifique, ce film est loin des dernières productions vitaminées de Scorsese ; Ici, tout est lent, pesant, déroutant, incertain avec une sobriété et une nonchalance surprenantes. Cette atmosphère quasi monacale aura, malgré tout, de quoi endormir certains spectateurs. 

On doit alors remercier le Chef Op (oui, pardon, le directeur de la photographie) de Scorsese, Rodrigo Prieto, pour la beauté de certains plans, cette brume incroyable et la lumière sur les visages pour maintenir les non-initiés en alerte. Et quels visages ! Quels plans ! 

Bon, oui, je n’ai plus à avouer (c’est déjà fait depuis fort longtemps) que depuis ses apparitions dans Doctor Who en 2007, mais surtout Boy A (la même année), je ne tarie pas d’éloges sur Andrew Garfield. Cet acteur peut, en un seul regard, vous bouleverser. Son interprétation de ce Jésuite digne et ses échanges visuels avec les personnes rencontrées sont d’une puissance poignante. 


Il a, également, la chance d’avoir à ses côtés, si on peut dire, Liam Neeson et l’insaisissable (et tant mieux) Adam Driver qui est, également, capable de jouer toutes les nuances, du clair à l’obscur…

« Silence » n’est pas un film aisé à visionner. Son sujet est dur, son austérité non accommodante, son rythme interminable et cela est renforcé par une quasi-absence de musique (ce qui n’est pas plus mal). L’ensemble fait que le spectateur possède tout le loisir de se questionner et peut, ainsi, percevoir cette lutte intérieure envers leur foi.  Scorsese traite aussi de cette instrumentalisation de la loi et de l’auscultation de l’avènement des cultes et de la ferveur afférente. 

Le message auquel le film incite alors (tolérance et sagesse) n’en devient que plus fort à la sortie de ses 2h39 de silence et calvaire. 

Il est à signaler que ce film n’est pas sans rappeler le parcours métaphysique du Colonel Kurtz dans « Apocalypse Now » de Francis Ford Coppola et son voyage initiatique au fond même de l’homme à travers les embûches et la découverte d’autres croyances et civilisations ; Ou, même, le polémique, « La Passion du Christ » de Mel Gibson. 

En cela, Andrew Garfield en sort encore grandi et renforcé dans cette propension certaine (et grandement appréciable) à choisir des rôles forts avec une portée et une réflexion sur tous les aspects de la société. 

Nul besoin d’être croyant pour voir ce film, même si ce dilemme envers la foi et l’apostasie peuvent être difficile à cerner. Il est à voir le visage de l’ancien maître des jésuites pour se persuader de la valeur de cette « simple formalité » (piétiner un crucifix, par exemple) sur une croyance et un homme.

Néanmoins, je suppose que le fait de se placer à hauteur d’Homme et non de Dieu pourra, peut-être, sûrement, heurter les plus croyants des spectateurs et que ceux qui s’y entendent peu, l’interprètent mal.

Quoiqu’il en soit, « Silence » est un beau film autant visuellement que par ses interprétations, son sujet et ses propos dont la portée fait écho avec nos réalités. 

Un film intense, fort mais long… (très long… trop ?).



Réalisateur : Martin Scorsese

Acteurs : Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson, Tadanobu Asano, Yoshi Oida, etc.

Durée : 2h39

Sortie : 8 février 2017





http://www.parisladouce.com/

4 comments:

  1. Je suis refroidie par les films longs. Mais j'ai prévu de le voir ce week end quand même !

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    1. Merci d'avoir lu cet article. Il y a de très beaux longs films... mais un Scorcese vaut toujours le déplacement...

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  2. J'ai très envie de le voir et en même j'ai un peu peur, les film de Scorcese ne sont pas toujours facile et celui là à l'air assez dure mais l'histoire m'a tout de suite plus, les histoires de rencontres entre deux cultures me fascinent !

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    1. Il a un rapport avec la religion assez personnel depuis longtemps dans ses films... le choc des cultures est dur ici mais vraiment sublimement filmé...
      Et les acteurs sont formidables
      ...

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