Tuesday, November 22, 2016

[Cinéma] Chronique ciné : Snowden - Oliver Stone




Edward Snowden, jeune homme idéaliste, enthousiaste et fier de son pays, réalise son rêve en rejoignant la CIA, puis la NSA. Il découvre, alors, au sein même de ces deux services de renseignements, l’ampleur inattendue de la surveillance informatique qui est mis en place. Malgré les lois en vigueur et la Constitution des USA, la NSA collecte toutes les données possibles pour filtrer et surveiller toute la planète. Avec le soutien des grandes entreprises, y compris contre ses « alliés ».

Choqué par ses découvertes et la violation de la vie privée, Snowden décide de rassembler toutes les preuves et de les exploser à la vue de tous. Il devient un lanceur d’alerte et sacrifie ainsi sa liberté et sa vie privée. En juin 2013, deux journalistes décident de le rencontrer à Hong Kong, dans une chambre d’hôtel, afin d’analyser les preuves présentées par le jeune homme avant la publication. Ces révélations seront l’un des plus grands scandales d’espionnage de l’Histoire américaine.


Ceci n’est pas un documentaire. Ce n’est donc pas une variation du passionnant « Citizenfour » de Laura Poitras paru en 2014. Ceci est un film, un biopic pour être exact sur un homme ordinaire. 

Oliver Stone a hésité, assez longtemps, avant de plonger dans la réalisation de ce film. Il a rencontré Edward Snowden de nombreuses fois à Moscou, où ce dernier est « hébergé », afin d’en savoir plus. Il connaissait le documentaire de 2014 et l’histoire alimentée par les médias et les gouvernements, notamment, le sien, les Etats-Unis d’Amérique.

Ses discussions avec Snowden lui ont fait voir une autre facette du garçon assez transparent et effacé que l’on peut voir dans les interviews données. Il semblerait qu’il y ait eu suffisamment de feu sous la glace pour que Stone soit intrigué.

Après tout, Oliver Stone aime creuser dans l’Histoire américaine ; Il aime mettre le doigt où ça fait mal et où il peut dénoncer, expliquer, avec sa propre vision, montrer, commenter ou tout simplement relater les faits, les attitudes et les travers de son grand pays. 

C’est un passionné, qui aime son pays, mais qui a suffisamment de recul (et de culture) pour ne pas croire en tout ce qu’il voit ou entend. 

Ce film est donc sa version de la vie d’Edward Snowden qui, en marge de sa dénonciation mondialement connue, est aussi un homme, un ami, un fiancé, un type capable d’humour et d’amour ; S’inspirant notamment du livre « The Snowden Files » de Luke Harding, journaliste du quotidien The Guardian et de l’ouvrage « The Time of the Octopus » de son avocat, Anatoli Koutcherena. 

 
Stone dénonce dans ce film une certaine hypocrisie des responsables politiques mise en lumière par les lanceurs d’alertes qui ont dévoilé ce « monde souterrain hors cadre légal ». Sa mise en scène est compréhensible et captivante et permet la réflexion au spectateur sur son rapport à la liberté et à la vie privée.

Snowden se retrouve être un révélateur du fait que les Etats-Unis ont mis en place un système global, intelligent et technologique, afin de récolter des informations auprès des gouvernements, des entreprises, des particuliers et ainsi contrôler les données. Dans une certaine mesure, il fait penser, aux personnages Stonien précédent comme le vétéran Ron Kovic (Né un 4 juillet) ou le Procureur Jim Garrison (JFK). 

Snowden est campé par l’acteur Joseph Gordon-Levitt qui met bien en exergue le dilemme de ce jeune homme sur son patriotisme : faire confiance à l’État ou mettre en doute les décisions prises au nom de son droit de liberté. Il choisit alors de dénoncer le système faisant exploser sa vie et le poussant à fuir son pays accusé de haute trahison.


En tout état de cause « Snowden » n’est pas le meilleur film d’Oliver Stone, ni son plus mauvais ; Il est indispensable tant par la mise en scène (c’est un bon thriller) que par le contenu et le sujet. Parce qu’à la vision de ce film, on entend mieux les alertes formulées par certains qui disent que les États-Unis veulent à la sécurité et sont d’accord pour abandonner leur(s) liberté(s), la liberté. 
  
Les acteurs sont bons (mention spéciale à Rhys Ifans, Joseph Gordon-Levitt et le revenant Nicolas Cage) et le casting est relevé ; incluant, le vrai Edward Snowden, dans son propre rôle, évidemment !
A la lumière de ces révélations, on peut dire qu’Oliver Stone reste le réalisateur qui fourbit toujours ses films à charge contre son pays, un pays qu’il aime malgré le fait qu’il n’est pas aveugle (ou aveuglé). 


Toutefois, il faut souligner aussi que le réalisateur semble être obsédé par Edward Snowden et romance beaucoup sa vie, sans trop de nuance, et qu’il évite l’interrogation, légitime, sur l’acte propre du lanceur d’alerte. La lutte entre le bien et le mal est blanc ou noir, il n’y a pas de gris, pas de contrebalance. Le « gentil » héros contre le méchant Big Brother.

 Si vous connaissez tout de l’histoire d’Edward Snowden, ce côté romancé, très centrée sur la vie personnelle, sa relation avec sa petite amie (aussi extravagante qu’il est raide) et sa naïveté face à la surveillance, peut vous paraître fade, sans intérêt. 

 
Dans le cas contraire, cela peut être une bonne introduction au documentaire « Citizenfour » qui pose l’affaire et les conditions et est largement plus paranoïaque et documenté. 

En conclusion, à l’instar d’un Ken Loach, sur le plan social, Oliver Stone est le poil à gratter sur le dos de l’Amérique. Quoi qu’il fasse, Stone ne laisse jamais indifférent. 

C’est donc à vous de juger et d’en tirer les conclusions et votre camp : liberté ou sécurité contrôlée. 

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Pour information supplémentaire : Edward Snowden, âgé de 33 ans, est toujours recherché par les autorités américaines, accusé d’espionnage, de vol de secrets d’Etat et de transmission de documents classifiés (principalement aux journalistes Glenn Greenwald et Ewen MacAskill). 
Il vit actuellement en Russie, après avoir vécu quelques semaines dans un bidonville de Hong Kong. 

Réalisateur : Oliver Stone
Acteurs : Joseph Gordon-Levitt, Shailene Woodley, Nicolas Cage, Rhys Ifans, Melissa Leo, Zachary Quinto, Tom Wilkinson, Ben Schnetzer, Scott Eastwood & Joely Richardson
Durée : 2h14
Sortie : 2 novembre 2016

 









crédits photos : warner/oliver stone  


En association avec :

http://www.parisladouce.com/

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