D.R
Dans le Missouri du début du 19e
siècle, en plein conflit avec les tribus indiennes, une expédition composée,
notamment, de trappeurs est attaquée violemment. Rescapé de la charge, Hugh
Glass, un trappeur, se retrouve laissé pour mort, et quasi enterré vivant, par
deux de ses compagnons de voyages, après son combat avec une femelle grizzly
qui l’a sauvagement meurtri. Ayant survécu à ses blessures, il part en quête de
vengeance et de rédemption lors d’un voyage de plus de trois cent kilomètres
entre obstacles hostiles et conditions extrêmes.
Tiré du roman de Michael Punke « The
Revenant : A novel of Revenge », inspiré d’une histoire vraie, et dans la
lignée de premier film qui avait évoqué cette histoire, « Le Convoi
Sauvage » de Richard Sarafian, datant de 1971, « The Revenant »
est le sixième film d’Alejandro Gonzáles
Iñárritu.
Il nous entraîne, cette fois, dans une épopée sauvage, enneigée et
impitoyable, suivant les traces d’un homme lâché non pas aux chiens mais à une
ourse. Hugh Glass a survécu à un assaut de grizzly qui l’a laissée atrocement
meurtri, quasi-mort, à la charge d’hommes ne misant pas un dollar sur sa
survie. Abandonné lâchement par deux de ses compagnons d’infortune, ayant pris
soin d’assassiner son fils sous ses yeux hagards, il va trouver la force et la
haine pour survivre, se traîner, et traquer les deux hommes.
D.R
On va évacuer tout de suite le
fait majeur de l’histoire : la performance de Leonardo Di Caprio (barbu, hirsute,
baveux, inaudible, grognon, sanguinolent, mangeant du foie de bison, vomissant,
dormant dans les entrailles de son cheval mort, etc.) méritait une récompense. N’importe
laquelle, pourvu que quelqu’un lui file une statuette, non pas pour ce rôle-ci
en particulier, même si, oui l’Oscar c’était évident au vu de la concurrence
cette année (désolée Michael –Fassbender – je t’aime quand même) mais pour l’ensemble
de sa carrière (sauf certains rôles « romantiques » mais bon…).
2h36 avec un tel rôle, c’est en
soi un signe de talent. Côté talent, il est bien escorté le grand Leo… En
premier lieu, le (presque) toujours charismatique Tom Hardy qui est réellement
époustouflant et qui aurait mérité sa statuette, lui aussi. Son regard empli de
folie est terrifiant ; Personnellement, je préfèrerais croiser maman ours
plutôt que ce fou furieux !
Autres mentions spéciales :
Will Poulter qui interprète Jim Bridger, l’infortuné compagnon de route du
personnage de Tom Hardy, rôle dans lequel il est impressionnant et le
(toujours) divin Domhnall Gleeson que l’on a connu plus à son avantage.
C’était la minute : le jeu
des acteurs.
D.R
Toutefois, avec une telle
histoire, de tels décors et un réalisateur qui n’a pas les mains dans les
poches quand il s’agit de violence (rappelez-vous de « 21 grammes » !),
c’était difficile de ne pas être à la hauteur…
« The Revenant », de ce
point-là, est un grand film d’acteurs et de réalisateur.
Il est aussi, et surtout, le
travail d’un directeur photo (ou chef op, comme vous voulez !) qui touche
au divin. Emmanuel Lubezki, déjà largement célébré pour son travail sur « Gravity »
et « Birdman » (du même Alejandro), nous offre des moments sidérants
de beauté.
Le film a été tourné en décors
naturels (Canada, Argentine), dans des endroits sauvages, glacials, hostiles mais avec une lumière naturelle incroyablement
photogénique !
Lubezki fait preuve de maestria
dans les effets de contraste, de lumières, de plans-séquences et autres plans
contemplatifs. La scène d’ouverture est à proprement parler filmée comme une œuvre
d’art et les paysages sont son écrin.
Pourtant, il n’a pas dû s’amuser
tous les jours, croyez-moi ! Entre le tournage à rallonge (neuf mois au
lieu de trois mois), une météo changeante (la neige fondant en raison du retard
pris), l’éloignement de lieux (Colombie-Britannique, Argentine), le froid
(jusqu’à -40°) et le tournage par ordre chronologique, il y a de quoi se jeter
dans (sous ?) la glace.
Nonobstant, son travail est à la
hauteur des éléments naturels : incroyablement beau.
D.R
La scène de l’attaque du grizzly
est aussi un morceau de bravoure ; la brutalité vous saute à la gorge
(enfin à celle, aussi, de Glass) et les effets spéciaux n’affectent nullement
le côté douloureux, violent et lourd de ce moment. La pluie plombe le tout,
comme si elle écrasait les lignes de fuite.
Alejandro Gonzáles Iñárritu offre ainsi une fresque sur une période importante de l’Histoire
de la civilisation américaine. Ce film se situe exactement entre deux époques :
celles où les premiers colons ont envahi les terres en quête d’aventure (et en
massacrant les primo-habitants) et la ruée vers l’or où ils ont voulu « civiliser »
les peuplades.
Il évoque aussi la fragilité de l’être humain face à la Nature, l’instinct
primitif de survie, la violence entre humains, la cruauté ordinaires de la
nature, la loi naturelle du plus fort, le désir de vengeance comme moteur de
survie et un guide de survie en milieu hostile.
La force des images (vraiment d’une violence douloureuse quelque fois) est
contrebalancée par la poésie des grands espaces.
Vous l’aurez compris, ce film est grandiose, dans le sens premier du
terme.
Mais (oui, il y a un mais), à trop jouer la grandiloquence, les petites
failles apparaissent tranquillement…
On pourrait reprocher au film quelques longueurs (oui, à filmer un plan-séquence
de paysage toutes les cinq minutes chrono, tu t’étonnes qu’on arrive à 2h36 !),
la toute-relative faiblesse dans certaines parties du scénario, le petit
arrangement avec le livre (nulle trace de son fils métis dans le livre de Punke,
ni visiblement dans la réalité), les accents (en V.O) à couper au couteau (bien
affûté, merci), les rôles un brin biaisés des groupes ethniques (merci pour le
côté manichéen), deux ou trois contre-plongées étranges ou buée sur l’écran
(ah, c’est voulu ?), le côté mystique pour les nuls (la symbolique de la peau d’ours qui amène à
la renaissance de Glass), et la voix off
à la fin (merdus, pas de spoiler, promis !)…
Voilà de quoi contrebalancer un peu le côté « attention monument du
cinéma » que l’on entend clairement depuis sa sortie (ce n’est pas « Apocalypse
Now » non plus)…
D.R.
Cependant, c’est foncièrement un film d’une (grande) violence et d’une
(immense) beauté, toutes les deux viscérales.
Rien que pour cela, il est à voir tellement la noirceur peut être
lumineuse bien amenée.
Crédits photos : D.R.
The Revenant
Réalisateur : Alejandro Gonzáles Iñárritu
Avec Leonardo Di
Caprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson, Will Poulter
Sortie : 24 février 2016
2h36
Bon bon bon, visiblement, je suis passée à côté du film-monument que le monde entier m'a survendu pendant un an, à coups de teasers qui m'annonçait des heures d'action et de tension non-stops. J'y croyais dur comme fer, et puis rien n'est venu. Pire qu'un saut à l'élastique sans élastique.
ReplyDeleteC'est lourd, c'est lent, c'est long, c'est ronchon, c'est muet, c'est juste complètement surréaliste (se réchauffer auprès d'un feu de 20 cm de haut après avoir passé 20 minutes dans un torrent de flotte à 1°, j'ai envie de hurler "PIGEON") et puis c'est d'un prétention... Bref, en grande partie indigeste pour ma part. Avoir résisté neuf mois au froid polaire pour faire geler sa moustache devant une caméra, c'est pas forcément une performance dingue (ça prouve une certaine détermination, cela dit).
Et j'ai du mal à comprendre le foin qu'on fait autour de Fitzgerald, censé être l'incarnation du Mââââl dans son essence la plus pure face à un Dicaprio auréolé de pureté. A mes yeux, Fitzgerald représente 99,9% de la population terrestre placée dans la même situation. Glass ne lui est qu'un étranger, je comprends donc son désir de ne pas sacrifier sa vie pour transbahuter un cadavre sur 300 km alors qu'on est coursé par des Arikaras sévèrement remontés contre l'envahisseur blanc. Chose que le groupe entier pense d'ailleurs mais que Fitz est le seul à oser dire à voix haute. Endossant donc le rôle du connard insensible et sans honneur. Ouais, mais non, il énonce juste un fait et admet par là même qu'il est lui-même lâche et qu'à choisir, ben il préfère achever un mec à deux doigts de la mort plutôt que de lui-même se faire écraser la tronche à coups de masse en granit.
(Ce commentaire devient excessivement long, je m'emporte, ahah.)
Bref. Pour conclure, The Revenant = Grosse déception = Alejandro, arrête de te regarder filmer parce que, même si c'est visuellement magnifique, ça ne masque pas le fait que ton film, c'est juste une bien belle coquille vide (et vendue comme un film d'action, ce qui est parfaitement scandaleux).
Pas un fan d'Alejandro alors ???
DeletePour le reste, il faudra revoir le film dans cinq ans pour voir s'il passe le "chef d’œuvre" de la décennie ....
merci pour ce "long" commentaire grandement apprécié !
Effectivement, pas une fan d'Alejandro :-)
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